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Se protéger de l’ « écran total »

Des gosses qui présentent les mêmes traumatismes psychologiques que les vétérans de la guerre du Vietnam…

Une adolescente qui monte sur une fenêtre et menace son père de sauter s’il éteint le wifi…

Des gameurs tellement camés au virtuel qu’ils font des crises de manque à l’idée même d’être séparés d’un écran plus de 24 heures…

La conférence sur le cyberharcèlement et la cyberaddiction qui a eu lieu mercredi à Luxembourg a bouleversé une bonne partie de l’assistance. Car l’homme au micro, un pédopsychiatre qui consacre ses journées à accueillir des «jeunes totalement délabrés dans leur psychisme», n’a pas pris de pincettes.

Ce qu’il a décrit, c’est la réalité brute et sous-estimée de ce bourbier numérique dans lequel la «jeunesse» patauge actuellement. Ce sont ces enfances déchiquetées en une photo volée ou en quelques mots assassins, car partagés avec des milliers de tortionnaires en herbe. Oubliez tout angélisme : les enfants aussi savent être ignobles, minables, cruels. Comme ces jeunes qui vont jusqu’à faire une pétition en ligne pour pousser une ado trop grosse à se suicider.

Et ce qui ressort des nombreux témoignages, SMS et captures d’écran que l’expert a compilés, c’est que ces jeunes sont en train d’expérimenter malgré eux, comme des cobayes, une révolution sociétale. Ceux qui ont grandi avant le XXIe siècle ont la chance d’avoir connu un monde où la vie sans écran était possible. Les «Millennials» n’ont pratiquement plus ce choix : à moins d’avoir la force de caractère ou l’éducation nécessaire, ils devront se plier aux règles du nouveau monde numérique.

C’est à leurs parents que revient la lourde tâche de limiter les dégâts. Mais beaucoup n’ont pas conscience des dangers des petits écrans. Peut-être sont-ils, aussi, «cyberdépassés». Ou, hélas, trop contents de donner ces tétines numériques à leurs gosses pour avoir la paix.

La digitalisation ne se résume certainement pas à ce tableau noir. Mais pour un nombre croissant de cybervictimes, qui ne trouvent même plus de refuge dans leur maison, elle n’est certainement pas synonyme de progrès.

Romain Van Dyck

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