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Ligne de défense

Le jour de l’agression russe en Ukraine, nos confrères allemands de la ZDF ont posé la question suivante à un ancien général : «Est-ce que la Bundeswehr est capable de défendre l’Allemagne en cas d’invasion?». La réponse a été claire et nette : «Non!». Stupeur.

Quelques jours plus tard, le chancelier Olaf Scholz a annoncé un tournant majeur dans la politique de défense de notre voisin d’outre-Moselle. Un budget spécial de 100 milliards d’euros sera débloqué pour permettre la modernisation et le renforcement de l’armée allemande. Cette somme astronomique permettra à l’État fédéral de consacrer plus de 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à l’effort de défense de l’OTAN.

Les appels pour enfin respecter ce seuil d’investissement minimal se sont accentués depuis l’agression de l’Ukraine. Les États membres de l’Alliance sont appelés à mettre cartes sur table lors du sommet de l’OTAN en juillet. Ils sont toujours deux tiers à ne pas remplir cette recommandation budgétaire, dont le Luxembourg qui ferme la marche avec ses 0,65 % du PIB consacré à la défense. D’ici 2024, il est prévu de faire augmenter l’effort de défense de 0,6 à 0,72 % du PIB. Il sera très compliqué, voire impossible d’en faire beaucoup plus. En raison de son PIB élevé, le Grand-Duché devrait augmenter son enveloppe de 0,56 à 1,7 milliard d’euros pour respecter les 2 %. Ce calcul a été présenté, hier, par le ministre de la Défense, François Bausch.

Quelle est donc la réelle marge de manœuvre de la défense luxembourgeoise? Le pragmatisme doit dominer. On voit en effet mal le Luxembourg se doter d’une force aérienne avec des dizaines d’avions de chasse. L’acquisition de l’A400M a déjà été qualifiée de démesurée. Il est opportun de continuer à miser sur le principe de la «mutualisation et du partage», prôné par le ministre Bausch. La boussole stratégique, que l’UE vient d’adopter, reconnaît d’ailleurs aussi l’intérêt de cette stratégie.

Mais est-ce que cet argumentaire sera suffisant pour convaincre les alliés de l’OTAN? En tout état de cause, le Grand-Duché n’a pas le choix. Le bouclier transatlantique est vital. Car si l’armée allemande n’est pas capable de défendre son pays, ce ne sera pas le millier de soldats luxembourgeois qui pourra faire front…

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Certes, investir 1,7 milliards par an dans des armes ou des avions militaires ne servirait pas à grand chose, mais le 20e et la situation actuelle montre que la « défense » va bien au-delà du nombre de missiles: notre gourmandise en énergie en est un exemple frappant… Et nos capacités technologiques en matière de satélites, de protection des données, de recherche en Graphène et autres matériaux du futur en sont un autre!

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