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L’espace d’un instant

Ça y est, les milliardaires en mal de sensations fortes ont trouvé un nouveau terrain de jeu. Ils s’aventurent désormais aux confins de ce monde sur lequel ils règnent en maîtres. Jeff Bezos a dépassé mardi la ligne de Karman (100 kilomètres) qui marque la «frontière» entre l’atmosphère terrestre et l’espace. Richard Branson l’avait devancé le 11 juillet, mais son Virgin Galactic n’a pas fait mieux que 86 kilomètres d’altitude. La compétition est en tout cas ouverte et la guerre déclarée entre ciel et Terre.

L’espace d’un instant, tous deux se sont offert le luxe de flotter dans l’immensité. Quelques minutes, dans leurs vaisseaux futuristes, qui suffisent à une prise de conscience éclairée par la voûte étoilée. Chapeau de cow-boy sur le crâne, Jeff Bezos s’est dit «abasourdi par la beauté et la fragilité» du plancher des vaches. On peut le croire sincère, lui dont l’empire Amazon est un modèle de respect de l’environnement avec «des supers prix où vous voulez, quand vous voulez». L’homme le plus riche de la planète ambitionne simplement de «construire une route vers l’espace», promettant de «démocratiser» le tourisme au-dessus de nos têtes. À condition d’en avoir les moyens : environ 200 000 dollars le ticket pour l’espace. À ce tarif-là, vous partagerez peut-être l’expérience avec Leonardo DiCaprio, qui a réservé son vol. Le chantre de l’écologie hollywoodienne, prêchant la bonne parole au volant de sa Fiat 500 électrique, compte en effet parmi les premiers clients de Blue Origin.

Un autre roi du pétrole, Elon Musk, se joindra à la conquête de l’infini et l’au-delà en septembre avec une expédition orbitale composée uniquement de civils à bord de sa fusée Crew Dragon. La routine pour celui qui s’amuse déjà à y envoyer ses satellites et autre Tesla en balade.

Il ne s’agit pas là seulement de se payer des milliardaires. La question est de savoir à quel moment les États vont fixer les règles de cette course effrénée au profit. À l’heure actuelle, seul le Luxembourg travaille à l’élaboration d’un cadre juridique régissant l’exploitation de l’espace et ses ressources. Espérons, toutefois, qu’il se montre moins conciliant là-haut qu’il ne l’est ici…

Alexandra Parachini

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