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Le jeu de la désunion

L’Europe est une nouvelle fois engagée dans un bras de fer avec un pays limitrophe concernant l’accueil de demandeurs d’asile sur son sol. Cette fois-ci, c’est la frontière entre la Pologne et le Bélarus qui est concernée par cette crise. Des milliers de personnes agglutinées le long de barbelés, des policiers casqués et équipés de boucliers, des grillages construits à la va-vite pour limiter les entrées illégales… cela fait des années que ces images tournent en boucle sur nos écrans. Pourtant, il est toujours aussi difficile de s’y habituer ou de s’en accommoder. Aujourd’hui, c’est le Bélarus qui semble vouloir jouer avec les nerfs des Européens en utilisant les demandeurs d’asile pour nous déstabiliser. Les autorités de Minsk n’ont aucune humanité, nous nous en doutions, maintenant nous en avons la preuve. Pourquoi cette attitude? Il s’agit de simples représailles liées aux sanctions européennes décidées après la dernière élection présidentielle au résultat discutable et la répression contre l’opposition. Pour se venger, l’autocrate Loukachenko n’avait qu’une seule arme : utiliser la pression migratoire en prenant en otage des réfugiés qui, après des milliers de kilomètres de périple, se retrouvent bloqués dans des forêts glaciales, à la merci des polices biélorusse et polonaise. Et le dictateur savait ce qu’il faisait : le sujet des migrants fait vaciller à chaque fois l’Union européenne.

Cet usage de la misère humaine peut-il nous déstabiliser, nous, Européens? Non. Mais il y a une condition : que les pays de l’Union montrent une unité franche et sans faille. Ces dernières années, les disputes autour des flux migratoires ont bien souvent déchiré les capitales du Vieux Continent, solidarité et entraide étant bien vite oubliées. Les adversaires de l’Union européenne, ceux qui aimeraient voir le continent à nouveau divisé, le savent bien et utilisent cette faiblesse sans vergogne. Sans position claire ni consensus, sans débat apaisé ni solution adéquate, l’Europe prête le flanc à de nouvelles attaques de pays hostiles à son existence ou à sa puissance géopolitique. Et au milieu de cette lutte de pouvoirs, des migrants pris au piège.

Laurent Duraisin

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