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Le carburant n’est pas un levier

Il semble qu’en France, la hausse des prix du carburant fasse grincer des dents et de nombreux mécontents ont promis de marcher sur l’Élysée, samedi, pour protester sous les fenêtres du président français, Emmanuel Macron. Sans entrer dans la complexité de ce problème propre à nos voisins, le gouvernement français a, entre autres, justifié la hausse du carburant comme un mal nécessaire pour forcer les gens à se tourner vers d’autres alternatives, dont la voiture électrique. Le raisonnement peut, en surface, se tenir. Mais arrêtons de regarder ce qui se passe dans l’Hexagone et voyons s’il est possible de faire la même chose au Grand-Duché. Pour rappel, il y a à peine deux ans, lors de l’inauguration de la première concession Tesla au Luxembourg, la responsable Benelux avait déclaré que «le pays est idéal pour les véhicules verts». Deux ans après, les voitures électriques n’ont pas envahi les routes luxembourgeoises, et pour cause. S’il est indéniable que les derniers chiffres montrent une augmentation de 166 % des ventes de voitures 100 % électriques en 2017, la réalité est tout autre. En 2017, 386 voitures électriques ont été immatriculées, soit effectivement 166 % de plus que les 145 voitures électriques de 2016. Mais 386 voitures dans un marché qui immatricule entre 45 000 et 50 000 nouvelles voitures par an, ce chiffre est dérisoire. Pire encore, le Luxembourg a le carburant le plus abordable d’Europe puisque l’on peut faire environ 50 pleins de 50 litres avec un salaire médian luxembourgeois. Soit deux fois plus qu’en Belgique, en France et en Allemagne. On l’aura compris, au Luxembourg, le carburant est loin d’être un poids trop lourd pour les épaules des automobilistes. Enfin, pas assez pour les inciter à réfléchir à d’autres alternatives dites «écologiques». Certains diront qu’il faut donc faire comme en France et augmenter le prix des carburants pour le bien de l’environnement. Une erreur, puisqu’en 2017, le carburant a rapporté 1 milliard d’euros à l’État sous forme de taxes et accises, dont une partie est utilisée pour financer des projets durables et réduire l’empreinte carbone du pays. Conclusion, si la question de l’écologie est primordiale, les prix du carburant ne peuvent pas être un levier de réponse.

Jeremy Zabatta

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