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La vérité d’un jour…

Avec une actualité de plus en plus galopante, la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. Dernier exemple en date : le rôle joué par l’Allemagne lors des crises à répétition qui touchent l’Union européenne.

Au mois de juin, notre pays voisin était encore fortement décrié après avoir mis le couteau sous la gorge d’Alexis Tsipras pour permettre à la Grèce de rester dans la zone euro.

Dans le viseur des commentateurs se trouvait surtout le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble. Entretemps, le douloureux plan de réforme, obtenu à l’arraché, a été validé et la Grèce s’apprête à voter dimanche pour un nouveau Parlement.

Le Premier ministre grec, lâché par l’aile radicale de son parti, a en effet décidé de remettre son sort au peuple grec après avoir été obligé de céder à Bruxelles.

Toute l’agitation du mois de juin autour du sauvetage de la Grèce et de la zone euro semble bien loin aujourd’hui. Les critiques envers l’Allemagne ont fait place à des réactions bien plus positives.

L’esprit d’ouverture affichée par nos voisins dans la crise des réfugiés qui secoue l’Europe depuis des semaines est en effet mis en avant pour mettre la pression sur les États membres faisant preuve de beaucoup moins de solidarité.

Si les importants efforts fournis par l’Allemagne sont effectivement à louer, il ne faut pas perdre des yeux que la chancelière Angela Merkel reste assise dans le même bateau que les autres dirigeants européens, qui, dès le départ, ont complètement sous-estimé la situation.

En avril, les naufrages en série en Méditerranée étaient encore très éloignés pour la plupart des pays européens. Ce n’est qu’avec le déclenchement de la vague de réfugiés vers l’Europe occidentale qu’une prise de conscience a eu lieu. Cette dernière intervient cependant trop tardivement et aujourd’hui, on ne peut que constater les dégâts.

Afin d’éviter que l’UE ne coule pour de bon, l’Allemagne devra à nouveau peser de tout son poids. Cette fois-ci, le volet humanitaire devra néanmoins prendre le dessus sur les volets financiers et politiques.

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)

3 plusieurs commentaires

  1. Erratum : contrairement à ce que j’ai avancé, certains médias couvrent le sujet, la preuve :

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/09/14/31003-20150914ARTFIG00097-angela-merkel-qui-veut-faire-l-ange-fait-la-bete.php

  2. Pour compléter vos propos :

    – en juin, l’Allemagne a effectivement été fortement décriée mais pas uniquement pour les raisons que vous avancez : si une minorité a critiqué Merkel & Co pour avoir, soi-disant, mis le couteau sous la gorge de Tzipras, la toute grande majorité l’a décriée pour avoir une fois de plus sorti la Grèce de l’ornière à coup de dizaines de milliards et sans grand espoir de retour. La principale opposition est venue des allemands eux-mêmes qui voyaient une nouvelle fois le fruit de leur travail et de leur austérité renflouer les caisses d’un état qui pèche depuis longtemps par son laxisme et sa nonchalance. En Allemagne, une large majorité de la population était contre le renflouement et pour la sortie de la Grèce de l’Euro. La solidarité européenne (ou le bon sens, l’avenir le dira) ont néanmoins eu raison de l’opinion publique. Ce qui est sûr c’est qu’Angela Merkel a – sur le plan personnel – mal vécu cet épisode où son intransigeance et son manque apparent de cœur lui ont valu les pires critiques (je passe sur les références au nazisme, les croix gammées etc.)
    – avec la crise des réfugiés et après multe tergiversations de l’Europe, Angela Merkel (je dis bien Merkel, pas l’Allemagne ou les allemands) décide de manière complètement unilatérale d’ouvrir la porte aux migrants, sans restriction, sans limite et sans contrôle au point de mettre dans l’embarras ses partenaires européens directement concernés à leurs frontières mais pas aussi enthousiastes à l’idée d’accueillir ces réfugiés ou même de les voir transiter sur leur territoire. Encensée par tous les bisounours de la planète, Angela se retrouve dans une situation qu’elle n’a jamais connue : subitement, on l’aime, elle a du cœur, les réfugiés débarquent avec des petits panneaux « we love Angela » ; elle apparaît sur des selfies avec des familles, des enfants etc. Et ce rôle lui plaît à un point tel qu’elle baisse encore plus le pont-levis en abolissant (toujours unilatéralement) la règle obligeant tout migrant à s’enregistrer dans le pays de l’Union où il débarque. Angela dit « oubliez ces formalités, on fera les paperasses en Allemagne et surtout ne perdez pas votre temps à contrôler ces gens, ils sont les bienvenus ». Et les voisins de s’exécuter puisque ça fait plutôt leurs affaires de refiler la patate chaude à d’autres. L’Allemand moyen lui, est médusé, pétrifié et ne peut que constater cette invasion incontrôlée. D’autant plus que l’attitude de SA chancelière (devenue entretemps « Angel » Merkel pour les réfugiés) a créé un appel d’air sans précédent : tous les réfugiés veulent aller et surtout rester en Allemagne (des délégations belge et française parties en Allemagne pour ramener des migrants sont revenues bredouilles : ils ont refusé de partir !). En plus, les Syriens, Irakiens, Afghans etc. qui n’étaient pas du tout décidé à quitter leur pays, se mettent en route vers ce pays de cocagne où la première chose qu’on fait à votre arrivée est de vous donner un smartphone et ouvrir un compte en banque pour y déposer l’argent de poche qui fait aussi partie du package. L’Allemand moyen est sidéré car au fond de lui-même, s’il n’est pas insensible à l’aspect humanitaire des choses, il ne croit ni en la valeur ajoutée, ni en l’intégration de ces populations. On a essayé avec d’autres mais le « vivre ensemble » reste globalement un échec, d’ailleurs la chancelière l’avait elle-même admis il n’y a pas si longtemps je vous renvoie à article ci-après :

    http://www.lefigaro.fr/international/2010/10/17/01003-20101017ARTFIG00129-angela-merkel-admet-l-echec-du-multiculturalisme-allemand.php)

    Mais comme vous le dites, la vérité d’un jour n’est pas nécessairement celle du lendemain.

    Le pire c’est que dans le dossier des réfugiés, les médias allemands ont été soigneusement muselés, censurés : pas question de donner la parole aux voix discordantes. Et ceux qui osent critiquer le discours officiel font l’objet d’un lynchage médiatique qui rappelle malheureusement une autre époque.
    Oh, on leur avait bien parlé en début d’année de quelques efforts à faire pour accueillir quelques migrants et les allemands avec leur discipline habituelle et leur confiance totale en Merkel s’étaient préparés à cela mais sans jamais envisager un tel raz-de-marée.

    Bref, en quelques mois, la majorité des allemands s’est sentie trahie deux fois par sa chancelière (adulée jusque là) : une fois dans le dossier grec et puis avec l’actuel sujet des réfugiés. Et entre les bisounours qui attendent les réfugiés à la gare de Munich avec des ours en peluche et les salafistes qui les attendant en gare d’Hambourg pour leur distribuer des corans gratuits avec sur la couverture les « bonnes adresses » dans le coin pour entretenir leur foi… il y a l’Allemagne, silencieuse, la vraie qui ne sait plus quoi penser et s’inquiète.
    Si je me permets de donner un autre éclairage à vos propos, c’est parce qu’aucun média ici n’aborde ces sujets sous cet angle (ou si peu). Mais entre la réalité dont on ne veut pas et celle qu’on souhaiterait…il y a la souvent la réalité tout court.

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