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La face cachée du bâtiment


Au Luxembourg, le secteur du bâtiment ne sait plus où donner de la truelle : les grues poussent comme des champignons, le secteur embauche à tour de bras, la productivité augmente grâce à la formation de plus en plus pointue des salariés…

On en arrive au point où le rêve de toute entreprise – un carnet de commandes bien rempli – devient un problème : certaines soumissions ne trouvent plus preneur, car les entreprises ont déjà des chantiers prévus sur plusieurs mois à l’avance!

Bien sûr, le secteur ne fait plus les marges d’antan et génère toujours un nombre important de faillites (sélection naturelle, diront certains). Mais sans nul doute, les syndicats du bâtiment ont raison d’affirmer que le secteur a très bien échappé à la crise. Alors, oui, les travailleurs du bâtiment, dont la dernière convention collective remonte à 2013, ont bien le droit de réclamer «leur part du gâteau». Car ce n’est pas un rare index, qui, rappelons-le, sert à compenser l’augmentation du coût de la vie, qui revalorisera le fruit de leur travail.

Hélas, on entend trop l’argument d’«ouvriers déjà bien payés pour ce qu’ils font». En plus d’être méprisant pour des salariés qui font un travail qui use et brise bien plus que les autres, c’est oublier le coût élevé de la vie au Luxembourg, que compensent peu leurs salaires. C’est oublier, aussi, que les plus chouchoutés ne sont pas les salariés mais les entreprises, qui bénéficient de faibles charges patronales. Le coût salarial dans le bâtiment luxembourgeois est envié dans toute la Grande Région!

Le Grand-Duché a une autre particularité, plus discutable : il est l’un des pays qui font le plus appel à la main-d’œuvre étrangère, notamment des travailleurs détachés payés au rabais. Quand ce ne sont pas des travailleurs au noir subissant de l’esclavage moderne! Un dumping social qui reste encore peu combattu, en témoigne le nombre étonnamment faible d’inspecteurs du travail dans le secteur…

Garantir des conditions de travail décentes pour tous les employés du secteur n’est donc pas un mince enjeu. La bataille qui s’amorce entre syndicat et patronat permet de donner un coup de projecteur sur cette face bien cachée du bâtiment.

Romain Van Dyck

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