Accueil | Editoriaux | Editorial – Game over

Editorial – Game over

Nous sommes en 2012. Les jeux vidéo se dématérialisent. Plus besoin de disquette, CD, DVD : des plateformes de téléchargement comme Steam favorisent l’explosion des jeux en ligne, et surtout, d’une juteuse économie parallèle. Car dans ces univers virtuels, les joueurs peuvent troquer, acheter, vendre des objets. Un chapeau de magicien dessiné avec quelques pixels peut ainsi s’arracher plusieurs centaines d’euros!

Pour huiler cette machine à fric, les distributeurs ne peuvent se contenter des habituels geeks : il faut de vrais économistes. C’est ainsi que la société Valve, qui gère Steam, embauche en 2012 un certain Yanis Varoufakis. Sa mission : comprendre ces minimarchés, et au passage trouver la combine pour soutirer de l’argent aux joueurs sans les frustrer.

Ce Grec, ignare en jeux vidéo, mais économiste réputé, va alors découvrir que ces marchés parallèles, où tous les échanges laissent une trace, sont «le rêve de tout économiste». Car en changeant les paramètres des jeux, il a l’opportunité d’observer la réaction des joueurs, voir comment les prix évoluent, etc. Et ce qu’il découvre est surprenant : ces minimarchés ne respectent pas obligatoirement les modèles économiques actuels. Par exemple, dans le jeu Team Fortress 2, à mesure que les transactions se multiplient et se complexifient, le troc ne cède pas la place à la monnaie, contredisant ainsi la théorie libérale d’Adam Smith. De même, ces économies restent viables, alors même qu’elles ne convergent pas forcément vers le sacro-saint équilibre entre l’offre et la demande.

C’est ainsi que Yanis Varoufakis acquit la conviction que le logiciel économique de nos gouvernements a des bugs, car incomplet et fondé sur des présupposés. Une conviction qui prend une tout autre dimension, maintenant que ce membre du parti de gauche Syriza est devenu le ministre grec des Finances !

Un ministre qui dénonce l’austérité et refuse les règles dictées par ses créanciers. Sauf qu’on ne s’amuse plus : dans le monde réel, le peuple grec n’a qu’une vie, une dette de 300 milliards, et le big boss, la troïka, n’hésite pas à tricher. Bref, il va falloir jouer serré pour éviter le « game over »…

De notre journaliste Romain Van Dyck


> Ecrire à notre journaliste : rvandyck@lequotidien.lu

édito-romainvandick

 

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.