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Exclure la Hongrie… et après ?

Plutôt que d’exprimer les habituelles indignations de rigueur, Jean Asselborn a torpillé la demi-mesure et lâché le mot : exclusion. Il faudrait exclure «temporairement, voire définitivement» les pays comme la Hongrie qui bafouent les valeurs européennes.

Ne jouons pas les vierges effarouchées, on comprend ce coup de sang, qui ne manque pas de panache. Nul doute que notre Vieux Continent, sénile, oublie parfois ses valeurs fondamentales. Et nul doute que Viktor Orban n’a pas volé cette baffe verbale, qui rappelle le «salut, dictateur» de l’impayable Juncker.

Mais la vérité ne permet pas tout. Mettre un pays à la porte de l’UE n’est rien d’autre, au niveau de l’arsenal communautaire, que la bombe atomique. C’est un terrible aveu d’échec, à défendre ses valeurs et à mener à bien le projet européen, vaille que vaille. Le Brexit, en comparaison, fait figure d’accident de parcours : si un peuple choisit de quitter l’Union, c’est la démocratie. Mais si elle décide d’exclure un pays membre, contre sa volonté, que signifie encore l’Union européenne ? D’autant que le message est rude pour les Hongrois qui ne cautionnent pas Orban et qui croient au projet européen.

Une exclusion ouvrirait d’ailleurs une vertigineuse boîte de Pandore. Car quel pays, aujourd’hui, peut se targuer d’être l’élève modèle du rêve européen ? La France de la jungle de Calais et de l’état d’urgence ? L’Allemagne, qui a mené la ravageuse campagne de l’austérité, avec une suffisance très déplacée pour un pays qui a connu plus de faillites que la Grèce ? Ou encore… le Luxembourg, qui tente de se racheter une virginité, mais dont l’image reste irrémédiablement entachée ? Car s’il existait encore des gens qui n’ont jamais entendu parler de paradis fiscal, une campagne de «nation bashing» est en train de battre son plein : «C’est plutôt le Luxembourg qui devrait être exclu pour paradis fiscal caché»; «(que) le Luxembourg et son dumping fiscal s’en aillent après nous avoir remboursés»… La presse est envahie de commentaires du même tonneau.

Plutôt que de bannir, l’Europe ne devrait-elle pas réunir, en cherchant avant tout à rappeler – et réparer – ses fondations ? Sinon, combien de pays faudra-t-il exclure pour «épurer» l’Union ?

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. L’amalgame entre les « faillites grecques », la jungle de Calais, les tolérances fiscales du Luxembourg et la situation en Hongrie est pathétique. Vous avez du jus de choux dans la boîte crânienne mon pauvre ami et une absence totale de sens politique. Quel rapport en le Brexit et l’exclusion de la Hongrie ? Ce n’est pas la même chose d’exclure quelqu’un et de se retirer soi-même. Quand quelqu’un ne respecte pas les règles acceptées par tous, il est normal de l’exclure de la communauté. Ce n’est pas aberrant. Mais on la connaît bien cette démarche du « tout est dans tout » qui pousse à l’acceptation des pires situations.

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