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État de la nation bis

Le député Sven Clement s’est étonné, mercredi, sur Twitter : «Je ne savais pas que l’État de la nation a lieu aujourd’hui». Il a certainement cherché à critiquer le choix du ministre des Finances sortant, Pierre Gramegna, de s’autocongratuler au moment de défendre son dernier budget de l’État. Il est toutefois à constater que les autres orateurs, l’élu pirate inclus, ont procédé à leur tour à une seconde déclaration sur l’état de la Nation, deux mois après les débats ayant suivi le grand oral du Premier ministre.

Le débat-marathon sur le projet de budget 2022 a ainsi été truffé de redites. Les chefs de fraction de la majorité ont mis en vitrine leurs sujets phares : le soutien accordé aux familles pour le DP, les aides sociales pour le LSAP et la lutte contre le changement climatique pour déi gréng. Dans l’opposition, les programmes électoraux ont été dévoilés en avant-première.

Il est vrai que le budget de l’État est le reflet chiffré des ambitions défendues par un gouvernement. Les débats à la Chambre ont toutefois manqué de réponses à une question essentielle : comment financer tous les projets alternatifs soumis par les partis de l’opposition? Le CSV et les pirates fustigent le déficit d’un milliard d’euros qui est prévu pour l’exercice budgétaire 2022. L’ADR et déi Lénk ont au moins dressé l’une ou l’autre piste pour redistribuer les deniers publics. Pour le reste, le top 5 des critiques a fusé : «manque d’ambition», «pas de projet pour l’avenir», «pas de vision», «gestion irresponsable» ou encore «négation des réalités du terrain».

Ce dernier reproche pèse certainement le plus lourdement. Le gouvernement donne en effet l’impression de sous-estimer les inégalités sociales et le risque de pauvreté croissant qui en découle. Le fait que l’État ait déboursé, depuis 2016, un milliard d’euros pour soutenir le pouvoir d’achat est louable, mais visiblement insuffisant. Les syndicats ont dressé le même constat lors de la tripartite. Afin d’éviter que la cohésion sociale ne prenne le coup de trop, la majorité doit être bien plus à l’écoute du terrain. Contrairement à ce que peut affirmer l’opposition, la marge financière est présente pour enfin s’attaquer aux problèmes sociaux que connaît le riche Luxembourg.

David Marques

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