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De sombres perspectives

Jeudi, un juif ultraorthodoxe attaque au couteau les participants à la Gay Pride de Jérusalem, blessant six personnes.

Vendredi, des extrémistes israéliens jettent des cocktails Molotov dans une maison d’une famille palestinienne en Cisjordanie occupée, tuant un bébé de 18 mois et laissant entre la vie et la mort ses parents et son frère.

Le 18 juin, l’église de la Multiplication des pains, au bord du lac de Tibériade, est victime d’un incendie criminel. Dans cette affaire, trois juifs sont suspectés d’avoir agi par «haine du christianisme».

Si ces faits divers prouvent que l’extrémisme et la haine ne sont pas l’apanage d’une seule religion – ce que l’on savait déjà – ils mettent en lumière certains maux de la société israélienne et viennent assombrir encore un peu plus un hypothétique règlement du conflit israélo-palestinien.

Pendant longtemps, au Proche-Orient, Israël a été vu comme un îlot de démocratie progressiste dans un océan de dictatures arabes. Mais le poids politique – et démographique – de plus en plus important des religieux et des colons remet en cause cette assertion. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu issu des élections législatives de mars dernier ne vient que confirmer cette tendance : il fait la part belle au parti ultraorthodoxe Shass et au parti nationaliste religieux Foyer juif. Au-delà des tensions à l’intérieur de la société israélienne que cette évolution engendre, ce mouvement de fond change la nature même du conflit israélo-palestinien.

De nature territoriale et coloniale, celui-ci se transforme de plus en plus en conflit religieux. Côté palestinien, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza est débordé actuellement par des groupes beaucoup plus extrémistes.

Il est à craindre que la lutte entre Palestiniens et Israéliens ne deviennent la lutte entre musulmans et juifs. Les passions et les symboles prennent le pas sur la raison. Parler de souveraineté, d’échanges de territoires sera de plus en plus difficile s’il s’agit de défendre la terre sainte islamique ou le Grand Israël promis par Dieu au peuple juif.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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