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Baby blues

Des bébés plutôt que des immigrés : le modèle hongrois de natalité séduit les gouvernements ultra-conservateurs en Europe. Comme en Italie, pays frappé par le déclin démographique, où la Première ministre a dit vouloir s’en inspirer. Giorgia Meloni y voit même un «exemple parfait» pour résoudre son problème par les investissements. Car les incitations financières sont massives du côté de Budapest : allocations revalorisées, exonérations d’impôts, aide au logement ou à l’achat d’un véhicule, et même des «prêts bébé»… Tous les moyens sont bons pour pousser les familles à s’agrandir. «Une grande bataille nécessaire», argue Meloni, à la défense des valeurs traditionnelles, «Dieu et toutes les choses qui ont construit notre civilisation».

Oui, mais voilà, la volonté politique hongroise a ses limites et se heurte à de nombreuses critiques. Tous les citoyens ne peuvent pas bénéficier des dispositifs promis. Les classes moyennes et supérieures en profitent allègrement, tandis que les plus pauvres en sont tout bonnement exclues. Et tant qu’à faire, autant discriminer le plus largement possible. Les fonds sont réservés aux couples hétérosexuels mariés, avec de lourdes sanctions en cas de divorce. Les conjoints de même sexe et les parents célibataires n’ont donc droit à strictement rien.

Autre grand grief formulé, le fait que cette mesure cible les femmes assignées à un rôle de procréation. C’est bien évidemment sur elles que repose la divine mission de repeupler toute une planète. Dans le même temps, ce sont elles qui sont obligées de retourner sans tarder au boulot sitôt le travail d’accouchement accompli. Ce sont elles que les patrons pointeront du doigt le jour où la crèche refoulera l’enfant malade et que la nounou ne sera pas disponible. Et ce sont elles, toujours, qui devront répondre dès l’entretien d’embauche à la question gênante de savoir si elles comptent «tomber» enceintes. Jamais un homme n’aura à se justifier. Au Luxembourg, l’on glorifie ces papas investis dans l’éducation de leur progéniture. Les collègues applaudissent ceux qui prennent un congé parental. Baby blues pour les mamans débordées, qui n’ont que leurs yeux pour pleurer au moment de demander un temps partiel.

Alexandra Parachini

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