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Alliance irraisonnable 

Alliance de la raison». Le terme est un camouflet pour l’Union européenne, construite sur le principe de la solidarité. Ce pilier majeur ne cesse plus d’être démantelé depuis 2015 et les premiers échecs pour résoudre la crise migratoire. Deux camps s’affrontent désormais : une «coalition des bonnes volontés», réunissant une petite dizaine de pays, disposés à accueillir des migrants, et donc une «alliance de la raison», composée de 16 États membres privilégiant les fils barbelés à l’accueil de réfugiés.

Le Larousse définit la «raison» comme l’«ensemble des principes, des manières de penser permettant de bien agir et de bien juger». Réclamer des moyens pour financer des clôtures et des murs pour faire barrage aux flux migratoires ne correspond toutefois ni à une «bonne action» ni à un «bon jugement». Le renforcement de la protection des frontières extérieures de l’UE, avancé comme justification, ne doit pas se faire au prix d’un repli sur soi loin de tout principe de solidarité.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qualifie l’attitude affichée par cette «alliance de la raison» comme un «fétichisme des frontières». «Le problème majeur est que l’on cherche depuis trop longtemps des déviations pour éviter la répartition de migrants», fustige, à juste titre, le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Après le Portugal et l’Allemagne, c’est désormais la France qui tente de relancer le pacte européen sur la migration et l’asile. L’Hexagone mise sur une «solidarité obligatoire» : soit les États membres acceptent d’accueillir des réfugiés, soit ils doivent débloquer «un important soutien financier» pour les pays en première ligne ou ceux qui acceptent de jouer le jeu.

La proposition française fait courir le risque que les pays les plus récalcitrants continuent à tirer profit de la «coalition des volontaires». Il n’est plus concevable que la France, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal, la Finlande et l’Irlande portent à eux seuls la charge migratoire. Sans solution plus équitable et surtout plus humaine, l’argent – le dernier dénominateur commun des 27 – ne suffira plus à éviter que l’UE ne coule comme les bateaux de migrants en Méditerranée…

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