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«Affaire d’État» bis

«Je ne savais pas comment négocier une affaire d’État. Ce fut le seul cas auquel j’ai été confronté.» C’est avec ces mots que Frank Schneider, ex-chef des opérations du SREL, a clôturé sa défense, jeudi, face aux juges devant statuer sur une écoute illégale menée fin janvier 2007 par le Service de renseignement. Dès l’entame des débats, le même Frank Schneider avait annoncé vouloir, le moment venu, tout déballer. Il a finalement fait marche arrière à la barre : «Je ne peux pas utiliser mes pleins moyens de défense. Beaucoup de choses sont soumises au secret. Je n’en parlerai jamais.»

On retouche ici à la chape de plomb qui repose sur l’affaire Bommeleeër. Lors des 177 audiences de ce procès – qui s’est ouvert en février 2013 et hiberne depuis juillet 2014 – bon nombre de témoins ont signalé qu’ils en savaient plus, mais ont fini par botter en touche. Plusieurs d’entre eux pourraient finir par se trouver sur le même banc des prévenus qu’ont occupé ces dix derniers jours trois ex-agents du SREL. Cette affaire, qui se «limite» à une écoute illégale, possède des liens avec l’«affaire d’État» qu’est l’affaire Bommeleeër. La série d’attentats à la bombe des années 80 n’est toujours pas résolue.

D’aucuns ont espéré que le procès du SREL allait ouvrir de nouvelles pistes. Au bout de sept audiences et de nouvelles révélations par la radio 100,7, il est devenu clair que ces pistes existent depuis longtemps, mais qu’elles n’ont pas forcément été prises au sérieux. Une querelle interne entre justice, police, Service de renseignement et politique aurait empêché de creuser davantage certains éléments, même s’ils semblent aussi farfelus que le CD crypté qui aurait été remis par deux collaborateurs de la Cour au nébuleux technophile Loris Mariotto.

Il y a eu le casier bis. Désormais, on est confronté à une «affaire d’ État» bis. Les masques ne sont pas près de tomber. Mais l’affaire du SREL aura au moins permis d’obtenir un aperçu de la face cachée de l’État avec des lacunes pour le moins interpellantes.

David Marques

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