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Virus et paris ratés : SoftBank Group prévoit des pertes astronomiques


En 2017, Masayoshi Son, fondateur et directeur de SoftBank Group, était considéré comme l’homme le plus riche du Japon. (photo archives AFP)

Touché de plein fouet par la chute brutale des marchés financiers mondiaux en raison de la pandémie de coronavirus, SoftBank Group a annoncé lundi anticiper des pertes vertigineuses pour son exercice annuel 2019/20, clôt au 31 mars.

Le géant japonais des investissements dans les nouvelles technologies prévoit notamment une perte nette de 750 milliards de yens (6,36 milliards d’euros), contre un bénéfice net de 1 411,2 milliards de yens en 2018/19, selon un communiqué diffusé par surprise. Sa perte opérationnelle annuelle s’annonce encore plus effroyable : 1 350 milliards de yens (11,4 milliards d’euros), en raison de dépréciations massives d’actifs de son fonds d’investissement Vision Fund, liées à la brutale « détérioration de l’environnement de marché », a expliqué le groupe. Le Vision Fund devrait notamment subir une perte d’environ 1 800 milliards de yens sur l’ensemble de l’exercice écoulé. Le groupe va par ailleurs essuyer des pertes non opérationnelles pour 800 milliards de yens, liées à des actifs détenus en dehors du Vision Fund, comme ses investissements dans des groupes aujourd’hui en grande difficulté tels que le géant américain des bureaux partagés WeWork et le groupe de satellites de télécommunications OneWeb, qui a récemment fait faillite.

SoftBank Group avait beaucoup misé ces dernières années sur des start-up dans le domaine de l’économie du partage, dont beaucoup se retrouvent grandement fragilisées actuellement par la crise sanitaire et les mesures de confinement des populations. « Le coronavirus a porté le coup de grâce, mais des investissements ratés et de mauvaises estimations ont été le point de départ », a taclé Koji Hirai, un responsable des fusions-acquisitions de la société de conseil Kachitas Corp à Tokyo cité lundi par l’agence Bloomberg.

Le groupe pourrait vendre jusqu’à 14 milliards de dollars d’actions Alibaba

Sur les neuf premiers mois de son exercice écoulé, avant la crise mondiale du Covid-19, son bénéfice net avait déjà été divisé par trois sur un an et son résultat opérationnel était tombé dans le rouge. Fidèle à son habitude, le groupe n’avait pas livré d’objectifs annuels. SoftBank Group s’attend par ailleurs à une chute de 36% sur un an, à 6 150 milliards de yens, de ses ventes annuelles, qui prennent notamment en compte les recettes générées par ses activités dans les télécoms et les services en ligne. Cependant le déclin de ce chiffre d’affaires s’explique essentiellement par la sortie de son bilan d’exploitation de sa filiale américaine de téléphonie mobile Sprint, qui vient de fusionner avec T-Mobile. En ne tenant pas compte de Sprint, son chiffre d’affaires devrait progresser de 0,9% sur un an.

Le groupe n’a pas précisé lundi quand ses résultats annuels définitifs seront publiés. Soumis à une intense pression en raison de ses nombreux investissements ayant tourné au vinaigre (WeWork, Uber, le géant indien de l’hôtellerie Oyo…), SoftBank Group s’est récemment engagé dans une gigantesque cure d’amaigrissement. Le groupe a annoncé en mars son intention de céder jusqu’à 4 500 milliards de yens (soit 38 milliards d’euros) d’actifs dans les 12 mois, afin de réduire son énorme dette et financer d’immenses rachats de ses propres actions en vue de les annuler, pour augmenter la valeur de son titre en Bourse.

Cela a aussitôt ravivé les spéculations sur une éventuelle nouvelle cession d’une partie de ses titres du mastodonte chinois du commerce en ligne Alibaba, sa poule aux œufs d’or. Selon Bloomberg, SoftBank Group pourrait vendre jusqu’à 14 milliards de dollars d’actions Alibaba, dont il est de loin le premier actionnaire avec encore près de 26% du capital l’an dernier. Soucieux de paraître plus prudent aux yeux de ses actionnaires et des agences de notation financière, SoftBank Group a aussi récemment renoncé à racheter pour 3 milliards de dollars d’actions WeWork, une transaction qui faisait partie du vaste plan de sauvetage du groupe américain annoncé à l’automne dernier. SoftBank Group a jugé que les conditions n’étaient pas réunies pour réaliser cet investissement supplémentaire, arguant notamment les « nombreuses enquêtes » au civil et au pénal dont WeWork fait l’objet autour de sa débâcle financière et des affaires de son ancien patron Adam Neumann. WeWork a annoncé la semaine dernière avoir porté plainte contre SoftBank Group dans l’espoir de le forcer à revenir sur sa décision ou à lui verser des dédommagements.

AFP/LQ

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