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Orpea : des perquisitions dans ses maisons de retraite


"Le moment venu", l'entreprise, parce qu'elle "a changé et est encore en train de changer", pourrait prendre un nouveau nom, peut-être au premier trimestre 2024, selon le directeur général. (photo AFP)

Plusieurs perquisitions ont été lancées mardi à travers la France dans des établissements du groupe privé Orpea de maisons de retraite, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « maltraitance institutionnelle », a indiqué le parquet, confirmant une information de Mediapart.

Ces perquisitions ont débuté mardi matin, jour où le groupe présentait son plan de transformation, tentant de convaincre qu’il pouvait redresser la barre et assainir ses pratiques et ses finances. Ces perquisitions, « menées dans toute la France », doivent s’étaler « sur plusieurs jours » et viser « plusieurs dizaines d’établissements » du groupe, a précisé une source proche du dossier.

Orpea a assuré être « mobilisé pour apporter son soutien aux enquêtes en cours ».

En juin déjà, le siège du groupe et des directions régionales avaient fait l’objet de perquisitions dans le cadre de ce volet d’enquête pour « maltraitance institutionnelle », mais aussi dans le cadre d’un autre volet, creusant des infractions financières présumées.

Orpea, présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements en France, est dans la tourmente depuis la parution en janvier d’un livre-enquête, Les Fossoyeurs, écrit par le journaliste Victor Castanet. Le journaliste y dénonce une maltraitance des résidents, un usage abusif des fonds publics et des manquements dans la gestion du personnel.

À l’issue de deux enquêtes administratives, le gouvernement français avait fait un signalement à la justice. Fin avril, une enquête à deux volets, l’un pour maltraitance institutionnelle et l’autre pour infractions financières, avait été ouverte par le parquet de Nanterre, en région parisienne.

Le volet de maltraitance institutionnelle repose notamment sur une cinquantaine de plaintes de familles de résidents pour « mise en danger de la vie d’autrui », « non-assistance à personne en danger », « homicide involontaire » et « violence par négligences ».

L’avocate Sarah Saldmann en représente une grande majorité. « Ces perquisitions sont une bonne chose, cela permettra peut-être de mettre en lumière certains agissements éventuels et non identifiés jusqu’ici », a-t-elle déclaré. Parallèlement, Orpea a porté plainte contre X et une enquête préliminaire a été ouverte mi-mai, notamment pour abus de biens sociaux.

L’aspect financier

Par ailleurs, Orpea a averti dans communiqué que « le groupe est exposé à un risque de manque de liquidité au cours du premier trimestre 2023 ».

Il démarrait ce mardi des négociations avec ses créanciers dans le cadre d’une procédure de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre afin de renégocier sa dette colossale de 9,5 milliards d’euros et de lever de l’argent frais. Il souhaite notamment convertir une partie de sa dette en capital. Orpea « s’attend à ce que, à l’issue de ces opérations, au moins 20% de son capital social soit détenu par des investisseurs institutionnels français à long terme », a-t-il indiqué sans donner de précision sur ces investisseurs.

Cette négociation doit permettre au groupe de retrouver la marge de manœuvre nécessaire à la mise en place de son plan de transformation. Celui-ci prévoit notamment la mise en place d’une nouvelle politique de ressources humaines visant à « fidéliser » les collaborateurs (72 000 salariés dans le monde dont 26 000 en France) et à améliorer la prise en charge des résidents.

Orpea compte également revoir sa stratégie en matière d’immobilier et se désengager de certains pays où il s’était récemment implanté. Il a identifié « un portefeuille d’actifs immobiliers estimé à plus d’un milliard d’euros, prêt à être cédé dès que les conditions de marché le permettront ». Le groupe prévoit à terme de détenir en propre 20 à 25 % du portefeuille, contre 47 % à fin 2021.

« Orpea s’est éloigné de son cœur de métier, en privilégiant un développement international et immobilier trop rapide, au prix d’un endettement excessif et d’une situation financière très fragilisée », a commenté son nouveau directeur général Laurent Guillot, cité dans le communiqué.

Ce plan de transformation doit permettre au groupe de réaliser 9 % de croissance annuelle de son chiffre d’affaires d’ici 2025 et une marge d’Ebitda supérieure à 20 % en 2025 contre 17 % aujourd’hui et 25 % en 2021.

Orpea présent aussi au Luxembourg

Rappels :

Le géant mondial des maisons de retraite Orpea a obtenu le jeudi 3 novembre l’agrément du ministère de la Famille, et ouvrira bientôt une première résidence, à Merl. La ministre de la Famille était dans l’impossibilité de refuser cet agrément puisque Orpea remplit toutes les conditions prévues par la loi.

Lire aussi : Plus d’obstacle à l’ouverture d’Orpea au Luxembourg

À Merl, les 110 chambres et 23 appartements de la résidence Récital – une maison de repos et de soins et une résidence services pour seniors – ne sont pas encore tous remplis. Les visites du site se poursuivent. Vingt et un équivalents temps plein ont déjà rejoint l’encadrement, permettant à l’établissement de fonctionner correctement dès son ouverture, mais Orpea compte bien renforcer les effectifs ces prochains mois.

Marijke Verboven, qui dirige la communication du groupe pour la Belgique et le Luxembourg, avait confié dans nos colonnes que les déboires financiers d’Orpea n’éclabousseront pas l’établissement luxembourgeois, qui jouira, selon elle, d’un statut indépendant au sein du réseau.

L’arrivée du groupe Orpea au Luxembourg a été fustigée la semaine dernière par l’OGBL.

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