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Microcrédit : de l’argent au service des autres


Maud Majerus est aidée par sa petite équipe, mais bénéficie également du soutien inconditionnel de son mari. (photo Emily Pinna Photogaphy)

Maud Majerus a tout pour être heureuse. Elle aurait pu se contenter de cela, mais elle a voulu aller plus loin en créant une association de récolte de fonds consacrée aux microcrédits pour les femmes, Sparkles.lu.

Que faire quand on a déjà tout? C’est la question que s’est posée Maud Majerus. La jeune femme a cherché à s’accomplir à travers un projet tourné vers les autres. La récolte de fonds pour des microcrédits accordés aux entrepreneuses sera sa voie. C’est ainsi qu’est né Sparkles.lu.

Le monde des ONG se professionnalise, il se démarque aussi peu à peu de la pure charité en envoyant des biens ou simplement de l’argent aux populations du tiers-monde sans rien demander en retour. Dans un processus d’autonomisation des populations, le microcrédit permet à la personne aidée de développer sa petite affaire et d’atteindre l’autonomie financière.

Les populations sont indépendantes, autonomes et se développent à leur rythme, loin de la pauvreté. La charité pure n’ayant pas produit tous les fruits escomptés, et c’est un euphémisme, le monde humanitaire lié au développement a depuis quelques années misé sur des projets finançables par le microcrédit. Des petites sommes pour des petits commerces, des petites affaires dans des endroits loin des banques traditionnelles.

C’est là que Maud Majerus intervient. La jeune femme travaille à la Banque européenne d’investissement (BEI). Mariée, jeune mère, Maud se dit elle-même comblée par la vie. Si elle avait pu se contenter de tout ce confort matériel et affectif, Maud Majerus avait besoin d’autre chose pour se réaliser. « Je sentais vraiment que quelque chose manquait à ma vie. J’ai tout ce dont je rêve pour être heureuse et plus encore, mais j’avais envie de plus que mon travail et ma famille pour m’accomplir », explique-t-elle.

C’est en se rendant à une conférence d’une auteure turque, Elif Shafak, dont le sujet portait sur la stimulation de la créativité des femmes, qu’elle se rend à l’évidence  : « C’est une fois dans la voiture que les idées se sont mises à fuser, j’avais l’envie concrète d’aider les gens, pour rendre un peu de ce que cette vie idéale à Luxembourg m’apporte .»

Réduire les coûts au maximum

C’est ainsi que Sparkles.lu est né en mai 2014. Avec seulement trois personnes dans le comité, ainsi que six autres volontaires, pour réduire les coûts au maximum et rester une petite structure, Sparkles.lu a pour but de récolter des fonds visant à financer des projets pour des femmes entrepreneurs.

La première action concrète a été de récolter 500  euros lors du dernier ING Marathon, un petit succès qui booste la jeune femme  : « Nous ne sommes pas beaucoup à œuvrer dans le microcrédit. J’ai d’abord cherché à m’associer à des associations existantes, mais je n’ai pas trouvé. Nous n’avons pas de frais de fonctionnement, car nous sommes tous volontaires, et notre argent est prêté, donc rien n’est perdu. Une fois l’argent remboursé, nous le reprêtons, c’est une boucle. »

Les initiatives se multiplient pour récolter de l’argent qui va servir aux microcrédits octroyés à des femmes dans le monde entier  : « Nous avons commencé avec des projets parmi les pêcheurs aux Philippines, car c’est un pays où le microcrédit est bien ancré. Nos critères pour soutenir un projet sont les suivants  : il faut que ce soit une femme et un projet à valeur durable dans l’esprit entrepreneurial qui a des bénéfices pour la communauté. Nous avons par exemple soutenu une femme pour qu’elle achète des filtres à eau qu’elle vend ensuite à sa communauté. Du point de vue géographique, nous essayons d’intervenir un peu partout et de rester équilibrés. »

Les donateurs peuvent également influer le choix des projets  : « On leur demande s’ils ont une région ou un secteur privilégié. Nous essayons de trouver dans la mesure du possible des projets qui leur correspondent .» Sparkles.lu n’a pas pour ambition d’aller chercher les bénéficiaires des microcrédits et de couvrir la chaîne de bout en bout. Pour dénicher les projets, Maud Majerus fait appel à l’organisation américaine Kiva, spécialiste dans le financement participatif de microcrédits (voir ci-dessous) .

Pour la jeune femme, il s’agit de s’en tenir au cœur de l’action de l’association  : la récolte de fonds. Et Sparkles.lu a déjà été récompensé par un prix décerné lors des derniers ING Solidarity Awards dans la catégorie ONG. Une reconnaissance qui a donné un coup de fouet à la jeune association qui continue doucement mais sûrement son ascension.

Audrey Somnard

www.sparkles.lu

Une bonne récolte

En seulement deux ans d’existence, Sparkles.lu n’a pas chômé. L’association a ainsi récolté plus de 23  000  euros de dons en 2016 et une partie reste à investir. Ce chiffre est provisoire, car des rentrées sont à percevoir dans les prochaines semaines.

En 2016, 68  nouveaux prêts ont été accordés. Au total, cela équivaut à 132  prêts depuis la création de l’association en mai 2014.

La banque, c’est vous

Le financement participatif concerne aussi le microcrédit. C’est simple comme un clic avec l’ONG Kiva!

Le site de l'ONG humanitaire Kiva permet de choisir les personnes et les projets auxquels on va prêter son argent.

Le site de l’ONG humanitaire Kiva permet de choisir les personnes
et les projets auxquels on va prêter son argent.

Le financement participatif a pris une ampleur phénoménale, et ceci dans tous les secteurs. Aujourd’hui, les plateformes de financement participatif permettent de se substituer aux banques si l’on a décidé de croire dans le projet d’artistes ou de petits génies qui veulent développer leur idée. Avec une petite somme, des personnes lambda peuvent financer des projets de plusieurs inconnus qui habitent aux quatre coins du monde.

Mais que faire quand on a la fibre un peu plus humanitaire et qu’on veut donner un coup de pouce à des petites paysannes ou des commerçantes dans des petits pays du tiers-monde? Kiva est devenue la plateforme spécialisée qui permet aux internautes de prêter de l’argent à des institutions de microcrédit dans des pays en voie de développement. Ces institutions prêtent à leur tour l’argent reçu à des habitants du pays dans lequel elles opèrent. Le principe est très simple. Les prêteurs (c’est-à-dire les internautes) peuvent chercher parmi les entrepreneurs (zone géographique, activité) et choisir celui auquel ils souhaitent prêter leur argent.

Récupérer l’argent ou le prêter à nouveau

Kiva réunit l’argent des prêteurs individuels et le transfère au partenaire correspondant afin qu’il débourse l’argent au profit de l’entrepreneur. Au fur et à mesure que les entrepreneurs remboursent leurs prêts, le partenaire transfère les fonds à Kiva qui rend l’argent aux internautes ayant prêté à cet entrepreneur. Les internautes peuvent alors récupérer leur argent ou le prêter à un nouvel entrepreneur.

Les fonds des prêteurs sont transférés à Kiva par l’intermédiaire de PayPal qui ne prend pas de frais dans ce cas. Les partenaires font parfois payer aux entrepreneurs un taux d’intérêt. Kiva affirme surveiller les taux d’intérêt de ses partenaires et ne souhaite pas collaborer avec des établissements appliquant des taux injustes. Les internautes ne reçoivent pas d’intérêts, car Kiva n’est pas enregistré auprès du gouvernement américain en tant que courtier.

Kiva affirme que ses emprunteurs ont un taux de défaut de paiement de 3,1  %. Le montant moyen d’un prêt est de 415,36  dollars. Chaque utilisateur prête à hauteur de 25  dollars chacun en général. Le taux de remboursement des prêts est de 98,69  %.

www.kiva.org

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