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Vos réactions à la pompe : «Les prix sont intenables»


F. G. revient de la frontière ukrainienne où il est allé chercher une famille de réfugiés. Il s’inquiète des conséquences de la hausse de prix sur la classe moyenne. (photo A.L.)

Peu de monde jeudi, à la pompe, mais les traits sont tirés, ça fait mal au portefeuille. La compassion pour les Ukrainiens met certaines personnes mal à l’aise au moment de se plaindre.

Daniel Tavares fait partie de ceux qui ont réussi à faire le plein mercredi soir. Hier, il est venu dans une station-service de la route d’Arlon à Strassen, mais juste pour acheter un sandwich.

«Habituellement je mets 30 minutes pour venir de chez moi à ici. Hier j’ai mis une heure, mais je ne suis pas venu là pour l’essence, j’ai une station juste à côté de chez moi. J’ai amené ma première voiture pour faire le plein, ensuite j’ai voulu prendre la deuxième du foyer, mais c’était trop tard, il n’y avait déjà plus de carburant dans les cuves.»

Il le sait, il va devoir économiser ses déplacements en voiture. «Ça c’est clair et net !», lance l’habitant de Sandweiler. «Je ne vais utiliser quasiment plus que les transports en commun», indique l’homme de 35 ans.

Josette T., 68 ans, elle, ne changera pas ses habitudes : «Je n’ai pas le choix. Une grande partie de ma famille habite à l’étranger. Pour les voir, je suis obligée de prendre la voiture. Mais une telle hausse, c’est dur à encaisser. C’est énorme tout de même, si nous avions été mis au courant un jour plus tôt je serais venue avant la hausse. On apprend toujours ça trop tard.» Josette habite à Luxembourg et est déjà une adepte du bus et si elle ne devait pas aller dans les pays voisins, elle s’en contenterait volontiers.

Elle ne tient pas longtemps le pistolet de la pompe à essence et le raccroche après seulement quelques secondes. «Je n’avais grand-chose à mettre, mais je préfère prendre le complément ici car je pars en Belgique et là-bas, c’est encore plus cher.»

Le plein, de retour d’Ukraine

Dans une autre station essence de la route d’Arlon, Caroline L., 31 ans, fait la grimace en voyant le prix s’afficher sur la pompe. C’est l’une des rares hier à faire un plein complet, la barrière psychologique des 2 euros semble difficile à passer pour beaucoup.

«J’étais totalement à sec, je suis obligée de le faire. Surtout que j’habite Metz, je suis frontalière et fais le plein presque toutes les semaines. J’avais peur que ça augmente encore.» Avec une facture de 86 euros pour 42 litres de diesel,  «pour une 208 (Peugeot), même si elle vieille, je n’aurais jamais cru payer un tel prix jour. Surtout en travaillant au Luxembourg. J’aurais dû regarder les prix avant de passer la frontière, j’ai entendu que c’était moins cher en France… pour l’instant. Je réfléchis vraiment à passer à une voiture électrique, mais ça me paraît compliqué entre le prix, l’installation d’une borne, il faut que je me renseigne».

Avant de partir, Caroline hésite et finit par relativiser un peu. «Cette hausse du carburant ça va vraiment faire un trou dans le budget, surtout que je rentre tard, je ne peux pas prendre le train. Mais quand on voit ce qui se passe en Ukraine, j’ai un peu honte de me plaindre. Ce soir je vais rentrer chez moi, retrouver mes affaires, ma maison, mon mari et mes enfants. Je pense que j’arriverai tout de même à partir en vacances cet été. Je ne veux pas donner raison à Poutine qui pense que les Européens ne sont plus capables de faire des efforts de guerre. Je me dis que si les Ukrainiens réfugiés lisent la presse étrangère et nous voient râler… Enfin… Qu’est-ce qu’ils vont penser de nous ?»

Le sujet carburant ne va décidément pas sans le sujet Ukraine qui occupe les pensées de beaucoup. D’ailleurs, quelques minutes après son départ, un homme arrête sa voiture pour décrocher le pistolet. Il vient de la frontière ukrainienne en Pologne où il est allé chercher une famille de réfugiés, une mère et ses deux enfants.

«Je ne fais pas trop attention au prix pour savoir quand aller prendre de l’essence, car c’est extrêmement compliqué de savoir quand ça va évoluer. Et je ne suis pas venu hier soir (mercredi soir) car je ne suis pas sûr que j’aurais beaucoup économisé en me déplaçant exprès et en attendant une heure.»

Pour lui, le choc du prix a déjà été absorbé quand il a dû faire le plein la veille le long de l’autoroute en Allemagne. Il ressort son reçu pour être bien sûr du chiffre tant celui-ci lui paraît fou : «2,40 euros le litre. Oui, c’est bien ça.» Selon lui, «les prix sont intenables».

«J’ai fait le calcul avec mon épouse. Entre les prix du gaz pour se chauffer et le mazout, on arrive à 850 euros par mois de charge et il reste encore tous les autres frais à payer.» Bien sûr, pour F. G., il n’y a aucune comparaison à faire avec ce que vivent les Ukrainiens.

«Sur les deux enfants que j’ai transporté, l’un d’eux avait 17 ans et il était heureux de ne pas avoir un an de plus, sinon il aurait été mobilisé comme son papa qui est resté au pays.» Cela n’empêche pas qu’il s’inquiète beaucoup pour la classe moyenne luxembourgeoise qui va fortement pâtir de cette hausse.

Audrey Libiez

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