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Le Royal-Hamilius, « un bon projet pour l’attractivité commerciale » de Luxembourg


Pour Anne Darin-Jaulin, l'arrivée du tram permettra d'apporter des changements majeurs aux espaces publics du quartier de la Gare. Elle pense notamment à l'embellissement des places. (Photo Julien Garroy)

Pour Anne Darin-Jaulin, la directrice de l’Union commerciale de la ville de Luxembourg (UCVL), les commerçants de la capitale se portent bien, même si de nombreux efforts en matière d’attractivité sont encore nécessaires.

Pouvez-vous faire un premier bilan des soldes ?

Anne Darin-Jaulin : D’après un sondage effectué auprès d’un échantillon représentatif de nos membres, 25% les ont jugés très bons, 22% bons, 49% moyens et 4% mauvais. Toujours selon le retour des commerçants, un peu plus de la moitié d’entre eux les ont trouvés meilleurs que l’an passé. Évidemment, il y a toujours des différences en fonction des secteurs, des marques et de l’importance des pourcentages accordés. D’autre part, les promotions, qui sont de plus en plus courantes tout au long de l’année, et l’essor de la vente en ligne diminuent l’attractivité des soldes. Mais, globalement, il semblerait donc que les soldes soient un peu meilleurs cette année qu’en 2016.

Cela contraste avec nos voisins français et belges…

Ce premier bilan dont je vous parle ne concerne que la capitale, il faudra voir quel est le bilan au niveau national. Au Grand-Duché de Luxembourg, les soldes ont été étendus à quatre semaines il y a quelques années, à la place de deux auparavant, afin de les rendre plus compétitifs par rapport à ceux de la Belgique et de la France. Dans ces pays, les soldes durent six semaines. Cela nous permet, avec en plus les ouvertures dominicales, de les rendre également attractifs pour les touristes de la capitale. Enfin, la météo a été favorable à des ventes correctes des collections d’été, dont ont profité les familles avant de partir en vacances.

La capitale est souvent décriée pour ses nombreux chantiers. Ont-ils impacté les commerçants de Luxembourg ?

Oui, évidemment, depuis 2015, la ville a entamé une période de grande transformation avec des chantiers de moyenne et longue durée, notamment le projet Hamilius en plein centre-ville accompagné d’une réorganisation importante du réseau des bus. Il faut comprendre que ces changements ont entraîné une modification des flux des personnes et de leurs habitudes, ce qui a forcément une influence sur le commerce de proximité. Certaines rues et zones sont impactées négativement au profit d’autres. Cela fait changer les équilibres commerciaux entre les rues, les quartiers et les zones périphériques.

Notre travail a donc été de remonter ces informations aux pouvoirs publics afin de mettre en œuvre des mesures concrètes pour améliorer l’accessibilité et le stationnement en centre-ville. Nous avons obtenu la gratuité des bus les samedis, la gratuité de grands parkings et des bus lors d’événements commerciaux, la mise en place d’un city shopping bus reliant le parking du Glacis au centre-ville avec un circuit élargi les samedis allant jusqu’au marché. Nous avons également des concertations régulières avec la Ville qui nous ont permis de changer le calendrier de certains chantiers de moyenne durée en zone piétonne afin de ne pas pénaliser les commerçants et restaurateurs.

Justement, cette phase de transformation fait-elle peur aux commerçants ?

Oui à certains, mais c’est aussi une source d’opportunités pour d’autres.

C’est-à-dire ?

L’accroissement de la population nécessite de nouvelles infrastructures et donc de nouveaux commerces de proximité et une offre Horesca adaptée. Dans les prochaines années, de nombreux projets commerciaux vont voir le jour dans la capitale, Royal-Hamilius au centre, Infinity au Kirchberg, Auchan Gasperich ainsi que beaucoup d’autres dans le pays. Ces projets ont normalement pour vocation de répondre aux besoins des habitants d’une zone ou d’un quartier en pleine croissance.

Par contre, des projets commerciaux surdimensionnés risquent de déséquilibrer l’écosystème commercial de la ville de Luxembourg. On peut se poser la question pour Auchan Gasperich par exemple. L’offre commerciale est en pleine croissance, elle se renouvelle également plus souvent car les attentes des clients changent très vite et ils sont de moins en moins fidèles.

Certains diront que c’est aux commerçants de s’adapter à ces changements…

Oui, tout à fait, les commerçants doivent donc être de plus en plus innovants, proposer des produits originaux, offrir une expérience unique. Les clients recherchent des lieux de convivialité et pas seulement d’achats. Les commerçants développent de nouvelles stratégies et sont de plus en plus présents en ligne, surtout via les médias sociaux. La récente étude sur le commerce en ville de Luxembourg nous montre que 30% des commerçants vendent en ligne, mais ce sont essentiellement de grandes enseignes.

Une de nos priorités est d’aider les commerçants indépendants à améliorer leur présence en ligne par des formations et de l’accompagnement adaptés. Nous travaillons au quotidien avec la Ville et les acteurs locaux à garantir un environnement propice au développement commercial par des aménagements urbains adaptés, des événements attractifs, des améliorations au niveau de la logistique urbaine, c’est primordial pour renforcer l’attractivité du centre-ville.

Concernant le projet Hamilius, est-ce que ce futur complexe commercial, plus proche du piétonnier du centre que le Kirchberg et Gasperich, ne va pas entraîner une forte concurrence pour les commerçants du centre-ville ?

Ce projet a été décidé par la Ville à la suite de la réalisation d’une étude sur le commerce en 2009. Il s’inscrit dans une réelle vision de développement commercial de la ville et répond donc à plusieurs objectifs importants : augmenter la surface commerciale du quartier Centre et apporter des locaux commerciaux de moyenne et grande taille, ce qui manque actuellement puisque ce quartier est composé en majorité par des locaux commerciaux de petite taille.

C’est également un projet mixte, alliant bureaux, logements, commerces avec un parking moderne d’une capacité plus grande d’environ un tiers. Le projet permettra d’augmenter la zone piétonne et de se doter d’une place supplémentaire devant la Poste favorisant l’animation. Enfin, le projet accueillera un department store (magasin multi-sectoriel, NLDR) pour répondre à la demande des clients. De notre point de vue, c’est un bon projet, qui va apporter plus d’espaces piétons et renforcer l’attractivité commerciale du centre-ville. Le piétonnier va permettre plus de possibilités en termes d’événements, c’est une bonne chose pour une ville et ses commerçants.

Entretien avec Jeremy Zabatta

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 4 septembre

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