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Le Brésil est entré en récession


La popularité de Dilma Rousseff a dégringolé à 8%, faisant d'elle la dirigeante du Brésil la plus impopulaire en 30 ans, moins de huit mois après sa réélection pour un second mandat de quatre ans. (photo AFP)

L’économie brésilienne, la septième du monde, est entrée en récession au deuxième trimestre de cette année, marquant le début d’une période de recul du PIB qui devrait durer au moins deux ans, selon les analystes.

C’est la première fois en six ans, depuis le premier trimestre 2009, que le Brésil entre en « récession technique », qui se caractérise par deux trimestres consécutifs de recul du PIB, a indiqué vendredi l’Institut brésilien de géographie et statistiques (IBGE, public). Le produit intérieur brut (PIB) du Brésil, première économie d’Amérique latine, a chuté de 1,9% au deuxième trimestre 2015 par rapport au premier.

Au premier trimestre, le PIB avait reculé de 0,7%, un chiffre révisé à la baisse vendredi (-0,2% annoncé auparavant), selon l’IBGE.  Les secteurs de l’économie ayant le plus souffert au deuxième trimestre ont été ceux de l’industrie (-4,3%), du commerce (-3,3%), de l’agriculture et élevage (-2,7%) et des services (-0,7%). Les dépenses pour la consommation des ménages ont reculé pour le deuxième trimestre consécutif de 2,1%. Par rapport au deuxième trimestre 2014, le PIB brésilien a reculé de 2,6%.

« Le PIB montre que le Brésil vit ces derniers temps une forte récession, dans une conjoncture politique assez trouble, avec une inflation en hausse, des taux d’intérêt en hausse et la nécessité d’un ajustement budgétaire qui n’arrive pas. Cela affecte la confiance des investisseurs, des entrepreneurs et des consommateurs », a déclaré à l’AFP Alex Agostini, économiste chef de l’agence de notation brésilienne Austin Rating.

Conjoncture difficile

La présidente de gauche Dilma Rousseff, 67 ans, pâtit notamment des retombées du scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière publique Petrobras qui éclabousse la coalition de centre gauche au pouvoir. Elle lutte aussi pour faire passer au Parlement un dur ajustement budgétaire qui lui coûte cher du point de vue politique, même auprès de ses partisans.

Sa popularité a dégringolé à 8%, faisant d’elle la dirigeante du Brésil la plus impopulaire en 30 ans, moins de huit mois après sa réélection pour un second mandat de quatre ans. Certains secteurs réclament sa destitution, d’autres, très minoritaires, le retour de la dictature.

Et la conjoncture économique s’annonce de plus en plus difficile : l’inflation frôle à présent les deux chiffres, 9,56% en juillet sur les douze derniers mois – soit le double de l’objectif officiel fixé à 4,5%, ce qui a conduit la banque centrale à relever une nouvelle fois fin juillet son taux d’intérêt directeur pour le porter à 14,25%, son plus haut niveau depuis neuf ans.

Le chômage grimpe également (le taux de chômage est de 7,5% actuellement) et le réal s’est déprécié de 25% depuis le début de l’année par rapport au dollar.

« Au moins, nous allons mal pour une bonne cause », se console André Perfeito, du consultant Gradual Investimentos à Sao Paulo, avant d’expliquer : « Le Brésil fait un ajustement très fort pour freiner l’inflation, un ajustement à caractère récessif, qui freine la demande ».

Pire résultat en 85 ans?

Une relance à court terme est déjà écartée. Le marché prévoit une récession tout le long de cette année, avec une chute du PIB de 2,06% en 2015 qui se prolongerait, toutefois moins violemment en 2016, à -0,26%.

« Si la prévision de chute du PIB pour deux années consécutives se confirme, ce sera le pire résultat de l’économie brésilienne au cours des 85 dernières années puisque la dernière fois que cela est arrivé c’était en 1930-31 », souligne l’expert Agostini.

Après un boom de 7,5% en 2010, l’économie du géant sud-américain avait rapidement commencé à ralentir, enregistrant une croissance de 2,7% en 2011, 1% en 2012, 2,5% en 2013 et seulement 0,1% en 2014.

 

AFP / S.A.

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