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Creos : un réseau plus moderne et moins visible


(Photo d'illustration : Isabella Finzi).

Creos a présenté son «projet 380» qui consiste à fournir au Luxembourg une ligne à très haute tension afin de répondre à la demande croissante en électricité. Une modernisation du réseau est aussi prévue.

Moins de pylônes et moins de pollution visuelle : telle est la promesse de la future ligne à très haute tension de 380 kilovolts (kV) qui devrait voir le jour d’ici à 2026. Coût de l’opération : 209 millions d’euros.
«Cette nouvelle infrastructure doit remplacer un réseau qui date des années 1960. Elle va garantir à moyen et long terme la sécurité d’approvisionnement nationale et améliorera la qualité de vie de l’ensemble de la population. Elle permettra de faire face à la demande sans cesse croissante en énergie électrique et jouera un rôle déterminant dans la digitalisation et la transition énergétique du pays», a expliqué Marc Reiffers, le directeur général de Creos Luxembourg, lors de la présentation du «projet 380».
Cette nouvelle ligne à très haute tension doit s’étendre sur 50 kilomètres, de la frontière allemande (entre Moersdorf et Wasserbillig) à Bertrange en passant par Bofferdange, où un nouveau poste de transformation devrait être construit.
L’ensemble du projet aura donc la tâche de répondre à la croissance de la demande en électricité, sachant qu’elle a été pratiquement multipliée par six en l’espace de 50 ans. Les raisons de cette croissance sont multiples, de l’augmentation démographique à la croissance économique du pays, en passant par l’utilisation toujours plus importante d’appareils électriques, l’essor des énergies renouvelables et l’avènement annoncé des véhicules électriques. «Selon trois projections différentes, nous devons être prêts à répondre à une demande en forte hausse à partir de 2030», prévient Alex Michels, Head of Asset Management à Creos Luxembourg.

Un paysage moins électrique

Au-delà des aspects techniques de cette future ligne à très haute tension, la filiale d’Encevo semble vouloir mettre l’accent sur, outre l’environnement, la qualité de vie et le paysage. «Les nouvelles infrastructures devront s’intégrer harmonieusement dans le paysage et les nouvelles lignes à très haute tension reprendront, dans la mesure du possible, les tracés existants», insiste Marc Reiffers.
Dans les grandes lignes, Creos prévoit de profiter de ce projet pour moderniser son réseau. Ainsi, le gestionnaire a prévu de remplacer des pylônes électriques par des installations souterraines. «Le projet de modernisation permettra de démanteler 225 pylônes électriques et près de 75 kilomètres de lignes aériennes situés en partie près des zones d’habitation», souligne Alex Michels. Cependant, le «projet 380» comptera 50 kilomètres de lignes aériennes et 170 pylônes. Autrement dit, le projet fera disparaître en fin de compte 55 pylônes du paysage. Certaines lignes existantes vont aussi être enfouies sous terre, comme une ligne de 65 kV entre Junglinster et Potaschberg.

Creos mise sur le dialogue et la transparence

Le gestionnaire des réseaux d’électricité a en outre commandé une étude sur l’impact environnemental et une autre sur la faune et la flore concernées. Leurs résultats doivent être connus l’an prochain. Entre-temps, Creos va entrer en dialogue avec les ministères, les administrations, les bourgmestres et les habitants des communes concernées par le tracé du projet. «Nous voulons être le plus transparents possible», assure la direction de Creos, qui souhaite pouvoir mettre sur la table toutes les solutions possibles en cas de problème.

Le projet a déjà été présenté devant les députés et Creos doit prochainement rencontrer les ministères, dont celui de l’Environnement.
Il faut dire que le gestionnaire semble faire preuve d’une réelle volonté de construire ce projet tout en respectant l’environnement et en limitant la pollution visuelle. «Nous avons identifié un tracé à même de limiter au maximum les impacts majeurs, notamment près des zones d’habitation, explique Marc Reiffers. Aujourd’hui, des réflexions sont en cours au niveau surtout des communes de Steinsel et de Lorentzweiler. Pour cette dernière, il s’agit de trouver un site pour un nouveau transformateur à hauteur de Bofferdange. Pour Steinsel, il s’agit d’opérer une boucle pour éviter la vallée de l’Alzette et remonter sur le plateau de Bridel. C’est à propos de cette zone qu’une forte discussion est engagée pour savoir si d’autres solutions sont possibles. L’étude d’impact doit également nous donner des réponses.»
À noter que le projet permettra de démanteler deux postes de transformation : à Heisdorf, où il sera remplacé par un poste intérieur compact et moderne, et à Dommeldange.
Enfin, interrogé sur un lien entre cette modernisation et l’éventuelle installation d’un centre de données de Google, Creos a souligné que la future infrastructure supportera la demande d’une telle installation, tout comme elle répondra à la demande en énergie de la population et des autres secteurs économiques. Pour autant, l’éventuelle installation de la société américaine n’est pas à l’origine de ce projet, puisque les premières analyses portant sur le développement du réseau remontent à 2015.

Jérémy Zabatta

Une volonté de transparence

Pensée depuis 2015, la future ligne à très haute tension sera mise en service en 2026. Les travaux de construction et de démantèlement des installations vieillissantes prendront fin en 2028.
À partir de maintenant, le projet devrait donc durer de 6 à 8 années, qui comprendront quatre années de planification et trois années de construction. «Aujourd’hui, il n’y a rien de définitif au niveau tant du tracé que des emplacements des diverses infrastructures», souligne Alex Michels.
Les travaux commenceront certes en 2023, mais, d’ici là, Creos doit encore faire le travail nécessaire pour l’obtention des différents permis (environnemental, d’exploitation et d’interconnexion).
Creos devra également, si le cas se présente, trouver des accords de servitude avec les propriétaires des terrains (souvent des agriculteurs) pour y installer un pylône.
Enfin, toujours dans un souci de transparence et d’information, Creos a mis en ligne un site internet (380.creos.net) afin de répondre à toutes les questions de la population. Ce site plutôt bien fait comporte des vidéos où des experts présentent clairement le projet.

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