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Ce que l’on sait de Threads, nouveau concurrent de Twitter lancé par Meta


Netflix, Spotify, Amazon ou Coca-Cola ont déjà ouvert un compte officiel. (photo AFP)

Lancé mercredi seulement, le nouveau réseau social de Meta, l’application de messages écrits Threads inspirée de Twitter a déjà bousculé le secteur, porté par la puissance de feu du groupe de Mark Zuckerberg.

Déjà trente millions d’abonnés

Threads a atteint ce seuil en moins de 24 heures, selon le PDG de Meta Mark Zuckerberg. Sans surprise, l’application arrive en tête des téléchargements sur la boutique d’Apple. Il s’agit, de très loin, d’un record absolu en matière de téléchargements. Le record officieux était jusqu’ici détenu par le jeu « Mario Kart Run », avec 20 millions sur une journée en 2019.

Accessible dans 100 pays, mais pas l’UE

Le nouveau site de microblogage, consistant à écrire de courts messages, est disponible dans quasiment tous les plus grands pays du globe, à l’exception de ceux de l’Union européenne. Meta a choisi d’y reporter le lancement de Threads le temps de clarifier les implications du nouveau règlement européen sur les marchés numériques (DMA), entré en vigueur en mai (lire encadré)

Pas de publicité… pour l’instant

La plateforme ne comprend pas de publicité dans sa version actuelle. « Si c’est un succès, si nous créons quelque chose que beaucoup de gens aiment et utilisent dans le temps, nous le monétiserons, j’en suis sûr », a expliqué au site spécialisé The Verge le patron d’Instagram Adam Mosseri, « et je suis assez confiant dans le fait que le modèle économique sera la publicité. » Tous les réseaux similaires à Threads ou à Twitter tirent la grande majorité de leurs revenus de la publicité.

Un clone de Twitter, en plus rudimentaire

La présentation de Threads ressemble trait pour trait à celle de son rival à l’oiseau bleu, jusqu’à la marque bleue pour les comptes vérifiés. À la différence de Twitter, où le seul critère pour l’attribution d’une marque est désormais de souscrire à un abonnement payant, Threads vérifie que le compte est bien celui de la personne dont le nom s’affiche.

Chaque message est limité à 500 caractères au maximum et peut inclure des photos ou une vidéo d’une durée allant jusqu’à cinq minutes.

Pour l’instant, le logiciel ne propose qu’une colonne unique et ne permet pas de créer de nouveaux fils pour restreindre les messages affichés à certains sujets ou à certains comptes. Contrairement à Twitter, Threads est uniquement accessible sur support mobile et non sur un ordinateur portable ou fixe.

« Il manque des tas de fonctionnalités de base : la recherche [par mot], les mots clés, un fil (pour suivre les comptes auxquels on est abonné) », a reconnu, sur son compte Adam Mosseri. « Nous y travaillons (…) mais cela prend du temps. »

En revanche, il a indiqué à The Verge qu’en l’état, Meta ne souhaitait pas créer de messagerie directe (DM) entre utilisateurs, fonction très prisée sur Twitter.

La modération des contenus est la même que sur Instagram, a précisé le patron d’Instagram.

Célébrités et marques l’ont déjà adopté

Les chanteuses Shakira et Jennifer Lopez, le basketteur Stephen Curry, le chanteur, producteur et créateur Pharrell Williams ou Oprah Winfrey ont déjà rejoint Threads et publié plusieurs messages, parmi d’autres personnalités du show-business. Quant aux marques, Netflix, Spotify, Amazon ou Coca-Cola ont tous également ouvert un compte officiel.

La facilité à créer un compte pour les utilisateurs d’Instagram relativise la déferlante dont a bénéficié Threads.

« Ce serait formidable si cela devenait vraiment gros, mais je suis davantage intéressé de le voir devenir pertinent culturellement plutôt que d’attirer des centaines de millions d’utilisateurs », a assuré Adam Mosseri à The Verge.

 

Son arrivée est juste « une question de temps », estime Alexandre de Streel, directeur académique du Center on Regulation in Europe (CERRE).

Pour conquérir plus de 30 millions d’inscriptions en 24 heures dans une centaine de pays, le groupe américain s’est appuyé sur les données des deux milliards d’utilisateurs actifs de son service Instagram. Cette pratique semble prohibée par le règlement des marchés numériques (DMA), une nouvelle législation européenne qui s’appliquera aux géants du numérique à partir de mars 2024, a expliqué cet expert en droit du numérique.

La nouvelle législation européenne (DMA) empêche-t-elle Threads de se lancer en Europe ?

Il y a des dispositions dans le DMA qui empêchent d’utiliser votre force sur un marché, ici sur Instagram, pour aller sur un autre marché. Or, c’est l’utilisation de la base de clientèle d’Instagram qui a permis à Threads une montée en puissance aussi rapide. Le patron d’Instagram, Adam Mosseri, a lui-même expliqué que l’intention était bien de lancer Threads en Europe à l’avenir.

Je pense que c’est une question de temps pour comprendre la portée de la législation et avoir un dialogue avec la Commission. Le texte est nouveau et donc il y a encore pas mal de questions d’interprétations.

Est-ce que le DMA est là pour créer de la concurrence d’où qu’elle vienne, y compris de la part des acteurs importants des réseaux sociaux, ou bien est-ce qu’il s’agit de créer seulement de la concurrence avec de nouveaux entrants, idéalement des Européens ? Mon sentiment est que le DMA est plutôt là pour créer de la concurrence d’où qu’elle vienne. Ce serait dommage que le règlement ait pour résultat de freiner la concurrence entre les grands groupes. Plus vous avez de concurrence, plus vous avez une situation favorable aux consommateurs.

Threads ne pourrait-il pas se passer du marché européen ?

Le modèle économique de Threads n’est pas différent de celui de Twitter. Il s’agit de monétiser le trafic sur son réseau par de la publicité. Or, c’est sur les marchés nord-américains et européens qu’ils font les marges les plus élevées sur la publicité. Threads a intérêt à venir en Europe et c’est très clair qu’ils veulent le faire.

Ce qui se passe, c’est qu’on a en même temps le lancement d’un nouveau service et celui d’une nouvelle législation dont le contour n’est pas complètement précis. Si le lancement de Threads avait été programmé dans un an, avec une vision plus claire de la législation, peut être qu’il aurait eu lieu en même temps aux États-Unis et en Europe.

Si l’interprétation de la législation de l’UE n’est pas celle souhaitée par les dirigeants de Meta, quelles seront leurs options?

La solution la moins favorable pour eux serait de ne pas lancer Threads du tout en Europe, mais je pense qu’ils y arriveront d’une manière ou d’une autre.

Si l’interprétation du DMA c’est qu’il n’est pas possible d’utiliser la base de clients Instagram pour lancer Threads, ils pourraient le lancer sans utiliser Instagram. Une fois que le service sera diffusé aux États-Unis et dans une centaine de pays, ils peuvent espérer qu’il y aura un effet de réseau suffisant pour entraîner les consommateurs européens sans qu’il soit nécessaire de recourir à l’effet de levier d’Instagram.

Mais peut-être qu’ils trouveront une interprétation du DMA qui sera acceptée par la Commission et qui leur permettra de passer un peu par Instagram pour déployer leur nouveau service.

 

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