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ArcelorMittal : les contrecoups de la guerre


Pour le reste de l'année, le groupe espère ne pas subir les déstockages sévères d'acier qui avaient eu lieu chez ses clients fin 2022. (Photo : archives lq)

Le sidérurgiste a vu fondre ses bénéfices au premier semestre par rapport au début de 2022 qui avait été porté par la flambée des cours mondiaux des métaux suivant l’invasion de l’Ukraine.

Le fabricant d’acier, dont le bénéfice net de 2,95 milliards de dollars au premier semestre 2023 publié hier se compare à 8,05 milliards l’an dernier à la même période, mise sur sa politique de décarbonation pour rebondir. Emblème de cette stratégie, le groupe pointe vers la torche des Jeux olympiques 2024 de Paris dévoilée cette semaine au grand public, qui sera réalisée en acier recyclé dans ses usines de Châteauneuf (Loire), Florange (Moselle) et Woippy (Moselle) en France.

Au deuxième trimestre, le sidérurgiste a amélioré sa performance financière par rapport aux trois premiers mois de l’année, avec 1,86 milliard de dollars de bénéfice net contre 1,09 milliard de janvier à mars, mais ce résultat reste très inférieur à celui du deuxième trimestre 2022 (3,9 milliards). Sur les six premiers mois de l’année, son chiffre d’affaires total s’est réduit à 37,1 milliards de dollars contre 43,9 l’an passé.

Pour le reste de l’année, le groupe espère ne pas subir les déstockages sévères d’acier qui avaient eu lieu chez ses clients fin 2022 après les achats et stockages précipités qui avaient fait s’envoler les prix lorsque la guerre a commencé. «Certains marchés fonctionnent bien, comme l’automobile», a souligné le directeur financier Genuino Christino jeudi lors d’une conférence téléphonique avec la presse.

Demande en baisse

Néanmoins, ses prévisions sur la demande d’acier mondial sont revues en nette baisse : le groupe anticipe une croissance (hors Chine) de 1 à 2 % cette année, alors qu’il tablait sur 2 à 3 % jusqu’à présent. Aux États-Unis, avec notamment le ralentissement de la construction neuve due aux hausses des taux d’intérêt, la consommation apparente d’acier pourrait reculer jusqu’à 2 % cette année, alors que le groupe tablait jusqu’à présent sur une hausse de 1,5 à 3,5 %.

Même glissade anticipée en Europe, où la consommation d’acier pourrait reculer de 0,5 à 1,5 % en 2023 (contre une prévision antérieure de croissance comprise entre 0,5 et 2,5 %). Dans la zone CIS, qui comprend Ukraine et Afrique du Sud, ArcelorMittal a en revanche revu à la hausse ses prévisions de consommation d’acier : une augmentation de 0 à 2 % est désormais attendue, contre une baisse de 0 à 2 % anticipée en début d’année.

La gigantesque usine sidérurgique ukrainienne de Kryvyi Rih, dont l’activité a été brièvement suspendue après la destruction du barrage de Kakhovka le 6 juin dans le sud du pays, a repris le travail, a indiqué Genuino Christin, avec une production à un très faible niveau. «Avec l’aide des autorités locales, nous avons relié l’usine à une autre rivière proche et le site est désormais alimenté en eau», a-t-il expliqué.

En Inde également, le sidérurgiste attend une hausse de 6 à 8 % de la consommation apparente d’acier, inchangée par rapport au début d’année. En Chine, elle devrait se stabiliser (de -1 % à +1 %), selon le groupe qui maintient sa prévision inchangée.

Progrès dans la décarbonation

Le directeur général Aditya Mittal a salué les progrès du groupe dans son agenda de décarbonation, après le feu vert reçu le 20 juillet de la Commission européenne, autorisant des aides publiques pour produire de l’acier décarboné grâce à l’hydrogène au lieu du charbon, sur plusieurs sites européens, notamment en France.

Au total, le groupe a confirmé avoir reçu 450 millions d’euros de subventions du gouvernement espagnol, 850 millions d’euros de la France, et 280 millions de la Belgique. «C’est une date importante, nous sommes maintenant engagés dans des discussions avec les gouvernements sur le coût et la disponibilité de l’énergie propre dont nous avons besoin pour rendre ces projets viables», a-t-il néanmoins prévenu. «Si l’hydrogène vert n’est pas disponible à prix compétitif, nous avons la possibilité d’utiliser du gaz naturel dans un premier temps», a rappelé le directeur financier, avec en plus, des opérations de captage du carbone excédentaire émis.

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