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[Théâtre] Programme du TOL : cultivons nos différences !


Le Théâtre ouvert Luxembourg, pour sa nouvelle saison, questionne la notion du vivre ensemble à travers cinq créations qui insistent sur nos différences, pour mieux les lier. (illustration DR)

De l’homosexualité à la fracture sociale, du populisme aux diktats esthétiques, le Théâtre ouvert Luxembourg (TOL) cherche, comme chaque saison, à mieux saisir notre monde chaotique et à donner quelques pistes de réflexion.

Des politiques « indignes »

Lors du lancement de chaque saison au Théâtre Ouvert Luxembourg, il y a un fait inéluctable : le coup de gueule de son directeur, Nicolas Steil. Et comme régulièrement en septembre, sa diatribe se tourne vers ses «amis» politiques, coupables à ses yeux de faire de la culture le «parent pauvre» du Luxembourg, et ce, alors que l’on agite dès qu’on le peut le concept de «nation branding» et le slogan «Let’s make it happen».

On ne peut lui reprocher de prêcher pour sa paroisse, le petit TOL, dont les représentants gagnent moins, selon lui, qu’une «technicienne de surface», et ce, malgré des heures et des heures consacrées à leur art – situation d’autant plus complexe que le bénévolat reste fragile.

«Au vu des finances actuelles au pays, c’est indigne !», lâche-t-il sans ambages, bien décidé à utiliser tous les moyens pour adresser cette problématique aux responsables, il est vrai plus «réceptifs en cette période d’élections». Il reste toutefois sceptique sur les résultats, préférant faire un parallèle entre le thème de la saison et leur situation précaire : «Le choc des différences, c’est aussi le fossé qu’il y a entre la difficulté de notre métier et la compréhension des politiques.» Pan, dans les dents !

Le choc des différences

Comment affronter nos différences ? Nous séparent-elles ou sont-elles là pour nous unir ? Un vaste questionnement que vont aborder les cinq créations de la saison, sur neuf spectacles au total. Première d’entre elles, qui lancera le bal fin octobre, Skylight, de David Hare, aborde une «histoire de non-amour» sur fond de fracture sociale, précise Jérôme Varanfrain à la mise en scène, avec une question centrale : «Comment est l’être quand il est acculé dans ses limites ?» Prometteur.

Suivra Le Moche, de Marius Von Mayenburg, jeune auteur allemand de 45 ans, pièce «cruelle et drôle», dixit la comédienne Aude-Laurence Biver, sur un homme d’une extrême laideur qui veut entrer coûte que coûte dans la «normalité». Être ou paraître ? Telle est la question… Dans un autre registre, Vincent River, «thriller» sur planches, évoque la notion – toujours sensible – de l’homosexualité. C’est «haletant, difficile», mais ô combien instructif !

Dans une veine musicale, on retrouve Jean Hilger et Colette Kieffer, déjà partenaires de jeu sur les élans d’Erik Satie, cette fois-ci réunis autour de Jacques Offenbach et l’écriture de Florent Toniello (La Petite Fabrique des notes). Ici, le choc est plutôt d’ordre temporel, quoique… «Entre notre époque et celle du Second Empire, il y a plus de points communs qu’on ne l’imagine», soutient l’écrivain. Ainsi, à travers le prisme de l’opérette vont défiler, pêle-mêle, la révolution wagnérienne, l’histoire du féminisme ou… le très actuel «nation branding». Dans cette fable où les bourgeois s’attaquent aux bourgeois, le TOL garde tout son premier rang pour les politiques et le palais…

Wow, enfin, de la polyglotte Eugénie Anselin, parlera – en allemand (aux Casemates) et en français – du monde qui obéit vite, trop vite, aux modes éphémères et aux interactions de surface, pour ne pas dire hypocrites. Une manie d’un «toujours plus» numérique célébrant l’égocentrisme et la spontanéité, et non la réflexion. Mais à force d’être partout, n’est-on pas, au final, nulle part ?

Coopérations et jeune public

On ne peut pas prôner l’ouverture sans l’observer dans les faits. Le TOL, lui, respecte cet idéal, d’abord à travers ses coproductions. Avec les Casemates, ils parleront du populisme – «on est dedans, sans arrêt, tous les jours», lâche Nicolas Steil (Fake) –, tandis que le collectif dentheater.lu prouvera qu’une pièce s’accommode de différentes langues, comme ce Love Letters, qui sera repris en luxembourgeois. Notons aussi que Le mec de la tombe d’à côté s’affichera à Differdange (Aalt Stadthaus).

Enfin, que cela soit à travers la désormais régulière Malle de Molière ou le travail avec les élèves du lycée Michel-Rodange (De la Belle Époque aux Années folles), le TOL démontre que l’éducation par le théâtre n’est pas une mince affaire, mais que ça vaut le coup. «Ça les ouvre au monde!», lâche Véronique Fauconnet pour qui cette notion éducative et de partage n’est pas vaine.

Grégory Cimatti

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