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[Tennis de table] Jeanny Dom : «À Pyongyang, c’était drôle»


(Photo : Charles Michel)

Élue sept fois sportive de l’année dans les seventies, Jeanny Dom livre ses impressions sur ce championnat d’Europe par équipes. Mais pas seulement…

«C’est l’une des principales chevilles ouvrières de l’organisation et elle aura beaucoup de travail», confiait André Hartmannà la veille du début de cet Euro. Dimanche matin, Jeanny Dom (63 ans) pouvait enfin commencer à souffler.

SON RÔLE
«Chaque jour, j’arrivais à 8 h»
«J’étais en charge de la gestion des résultats. C’est-à-dire qu’il fallait valider et imprimer les résultats de chaque rencontre. Chaque jour, j’arrivais à 8 h et je repartais une fois le dernier match de la journée joué. Et j’avoue que je suis un peu fatiguée. Mais bon, c’est peut-être aussi à cause de mon âge (NDLR : 63 ans) (elle rit).»

SON PARCOURS À L’EURO
«En 1977, j’ai fait une gaffe…»
«En 1974, à Novi Sad en Yougloslavie. Cette année-là, le Luxembourg accède à la 1re division européenne appelée aujourd’hui Championships Division qui, à l’époque, ne comptait que douze équipes (NDLR : contre 16 actuellement). Dans cette équipe, il y avait aussi Christiane Putz et Berthy Krier. Nous sommes restées trois éditions durant parmi l’élite européenne. Au total, j’aurais disputé cinq championnats d’Europe (1970, 1972, 1974, 1976, 1978) et six championnats du monde (1969, 1971, 1973, 1975, 1977, 1979). En 1977, on rate la montée en Super-Division mondiale parce que j’ai fait une gaffe. Contre les États-Unis, alors qu’on mène 2-1 et que ce match, je ne peux pas le perdre, je perds après avoir remporté le premier set et que je menais dans le deuxième 19-8! Mais voilà, je n’ai pas réussi à finir…»

SON AVENTURE EN CORÉE DU NORD
«La Corée nous a envoyé ses propres avions»
«En 1979, la Corée du Nord organise les championnats du monde.
À l’époque, les avions de la compagnie nationale chinoise sont les seuls à avoir le droit d’atterrir en Corée du Nord. Les Européens n’ayant pas envie de passer par la Chine, la Corée nous alors a envoyé ses propres avions à Genève. Il y avait un jet de 300 places et un autre, plus petit à hélices d’une centaine de places. Nous sommes d’abord passés par Moscou avant de faire une escale à Irkoutsk puis à Novossibirsk. À chaque fois, pendant que l’avion faisait le plein d’essence, on devait descendre de l’avion et on entrait dans un hangar. Une fois que tout le monde était à l’intérieur, on nous enfermait à clé. Et on en ressortait uniquement lorsque le plein était fait. À Pyongyang, c’était drôle. Vraiment. Dès qu’on mettait un pied hors de l’hôtel, on avait quelqu’un qui nous escortait. Tout ça pour qu’on ne puisse pas entrer en contact avec la population.»

SON PARCOURS À L’ETTU
«J’ai beaucoup voyagé et rencontré de monde»
«Avant d’intégrer l’ETTU, j’étais secrétaire à la fédération luxembourgeoise pendant cinq ans. Je suis entrée en 1993. À l’époque, lors d’un congrès, l’ETTU a fait savoir qu’elle était à la recherche d’un « bureau » et a donc demandé si l’une ou l’autre fédération pouvait l’aider. La FLLT a donc demandé à l’État qui a donné son accord. Hans Wilhelm Gäb, le président de l’ETTU à cette époque, m’a contactée pour savoir si ça m’intéressait de filer un coup de main. La proposition était bonne et je suis donc entrée comme secrétaire. Deux ans plus tard, j’ai hérité du poste de secrétaire générale. Durant ces 20 années passées, j’ai beaucoup voyagé, j’ai rencontré beaucoup de monde. J’avais aussi beaucoup de travail. J’ai aidé à préparer les premiers Jeux européens et, pour cela, je suis allée maintes fois à Bakou. De toutes ces années, je me souviendrai de Nils Bergström, l’ancien président de l’ETTU. C’était quelqu’un de très aimable que j’appréciais beaucoup. Il est ensuite parti à l’ITTF où il est devenu vice-président.»

L’ÉVOLUTION DU JEU
«Aujourd’hui, je n’aurais jamais eu ce palmarès»
«Aujourd’hui, tout va plus vite : le joueur, mais aussi le jeu. C’est incomparable au jeu développé à mon époque. Je ne parle pas des balles. Aujourd’hui, elles sont en plastique, mais au début des années 70, il y avait déjà eu des essais avec des balles en plastique mais celui-ci était de mauvaise qualité et, surtout, les balles n’étaient pas rondes. C’était des œufs! Aujourd’hui, le jeu est plus technique. C’est simple, si j’avais dû jouer aujourd’hui, je n’aurais jamais eu ce palmarès! Pourquoi? Parce que je n’aimais pas m’entraîner. D’ailleurs, je ne me suis jamais beaucoup entraînée, mais j’avais un petit don avec la raquette. »

L’ORGANISATION
«Bien d’éditions étaient loin de ce standing»
«Le Luxembourg a vraiment fait du bon travail. Durant mes 20 ans passés à l’ETTU, je peux vous dire que bien d’éditions étaient loin, mais alors très loin du standing d’ici. Et là, je ne parle pas que de la salle, mais de tout. De l’ensemble.»

L’AFFLUENCE
«Sans y avoir joué, c’est difficile d’apprécier»
La seule chose que je regrette, c’est l’affluence. Mais bon, il y a trop d’offres autour. Après, le tennis de table est devenu très technique, les échanges sont très courts et beaucoup ne comprennent tout simplement pas ce qui se passe sur la table. Et ce n’est pas une critique. À un moment donné, il y avait deux jeunes assis à côté de moi. Au moment où le joueur sert, je dis « le retour va finir dans le filet ». Et c’est ce qui se passe. Les deux me disent « mais comment vous le saviez? » Ce n’est pas une critique. Sans y avoir joué, c’est difficile d’apprécier, c’est difficile de voir ces choses-là.»

L’ÉQUIPE DAMES
«Konsbruck a montré de réels progrès»
«Je suis très fière d’elles car elles ont été brillantes. Konsbruck, De Nutte et Ni ont joué mais les autres (NDLR : Tessy Gonderinger et Egle Tamasauskaite) aussi ont un mérite dans cette performance. Elles ont toutes un rôle. Elles étaient là lors de la préparation, des entraînements. Après, si l’on parle des joueuses individuellement, je dirai que Ni a tenu son niveau, que De Nutte confirme sa progression et que Konsbruck a montré de réels progrès. Mais elle ne m’a pas surprise. Dès le premier match, quand j’ai vu qu’elle n’était pas crispée, qu’elle faisait les mouvements comme il le fallait, j’étais confiante. Au final, elles finissent onzième et c’est très bien.»

L’ÉQUIPE MESSIEURS
«C’est une aventure qu’ils ont entreprise»
«Même s’ils n’ont pas gagné un match, ils ont très bien joué. Il ne faut quand même pas oublier qu’il y a deux ans, ils avaient fini à la 30e place. Là, ils étaient face aux meilleurs joueurs du top 20 européen. Luka et Eric ont montré qu’ils avaient fait des progrès, mais il faut leur donner du temps et ne pas espérer d’eux qu’ils battent ici les plus grands. C’est une aventure qu’ils ont entreprise et j’espère qu’ils tireront les leçons correctes de cette expérience. Et puis, Eric (Glod) et Luka (Mladenovic) sont encore jeunes.»

Charles Michel

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