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[Théâtre] Le Poisson belge, «une traversée au cœur de l’humain»


Juliette Allain et Régis Laroche sur la scène du TOL pour Le Poisson belge. (Photo : Antoine Morin)

La comédienne Aude-Laurence Biver se lance dans la mise en scène avec Le Poisson belge. Une comédie poétique de Léonore Confino sur l’identité, l’enfance, les parents, le genre, le deuil, etc. À découvrir à partir de jeudi au Théâtre ouvert Luxembourg !

On ignore son nom, mais on sait qu’il a la cinquantaine et qu’il vit seul dans son appartement. Depuis que sa femme l’a quitté, il y a longtemps déjà, il semble se complaire dans cette solitude, qui lui pèse en même temps. Une vie d’ascète qui n’est pas étrangère à un genre, chez lui, pas tout à fait dans les normes culturelles. D’où son nom plein de dualité : «Grande monsieur».

Un jour, une «Petit fille» débarque dans son appartement, s’incruste. Si l’aîné laisse au départ l’enfant s’installer, la cohabitation est compliquée. «Grande monsieur» veut rapidement se débarrasser de cet empêcheuse de tourner en rond. Mais la cadette menace alors de raconter qu’il lui a fait des choses, «là en bas». Voilà les deux personnages bloqués ensemble. «Grande monsieur» obligé d’accepter la présence de cette étonnante «Petit fille» à la fois en mal de respiration et fascinée par les vers solitaires, les femmes-troncs et les monstres marins.

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Rapidement, ils vont se rendre compte qu’ils se ressemblent beaucoup, trop peut-être. Voire que la présence de l’un est bénéfique à l’autre.

Voilà ce qu’on peut dire de ce Poisson belge de Léonore Confino, «sans trop spoiler», lance la comédienne Aude-Laurence Biver, qui signe là sa première mise en scène après quelques assistanats et une participation au TalentLAB en 2017.

Une pièce sur l’identité, le genre, l’enfance…

«J’avais envie de faire une mise en scène au TOL», reprend celle qui a travaillé en France, sous la direction d’Anna Dewaele et de Sei Shiomi, et au Luxembourg, sous la direction de Fabienne Zimmer (Les Combustibles, Le Moche) ou encore de Véronique Fauconnet (Du ciel) et assisté Jean Boillot, sur la pièce Tiamat. «J’ai lu beaucoup de textes conseillés par un libraire parisien que je connais bien. Dans sa liste, il y avait plusieurs pièces de Léonore Confino, dont je ne connaissais pas vraiment le travail», précise-t-elle. Parmi les propositions : Le Poisson belge, «qui m’a vraiment touchée avec ses nombreux thèmes sous-jacents tels que l’enfance, l’enfant qu’on a été, l’enfant qu’on a cessé d’être en grandissant, le genre, le deuil, les parents…»

Les deux personnages de la pièce évoluent dans une scénographie signée Anouk Schiltz plutôt simple, reproduisant le salon et la salle de bain de l’appartement de «Grande monsieur», le tout dominé par des teintes bleues rappelant l’élément aquatique. Si Aude-Laurence Biver précise ne pas du tout vouloir abandonner sa carrière de comédienne – mais juste ajouter une corde à son arc –, elle a refusé de jouer dans sa mise en scène. «Ça me paraissait tout simplement impossible», semble-t-elle se justifier.

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Impossible aussi de trouver son «Grande monsieur» et sa «Petit fille» parmi les comédiens du Grand-Duché – «Le Poisson belge a été la dernière pièce de la saison du TOL à se monter», note-t-elle en ajoutant qu’elle a contacté un comédien et deux comédiennes de la place, mais que ceux-ci n’étaient pas disponibles. Du coup, la Parisienne de naissance s’est tournée vers son pays d’origine, la France.

Une relation faite d’attraction et de rejet

Elle raconte : «J’ai tout d’abord cherché « Grande monsieur » et je me suis souvenue avoir vu plusieurs fois Régis Laroche dans les spectacles de Jean Boillot. Du coup, ça m’a semblé évident. Il est grand, il a la cinquantaine et il joue remarquablement bien. C’est exactement comme ça que j’imaginais le personnage, avec une certaine part de féminité.» Pour «Petit fille», Aude-Laurence Biver a organisé des auditions à Paris et rencontré plein de comédiennes. C’est Juliette Allain, passée en 2017 par le Grand Théâtre en tant que figurante lors du Don Giovanni de Jean-François Sivadier, qui s’est imposée. Puis, la magie d’Avignon a opéré. «On était tous les trois au festival, l’été dernier, et on en a profité pour faire une lecture là-bas. Ça a super bien matché !», précise la metteuse en scène pour qui «il fallait qu’il y ait une alchimie entre eux».

Une alchimie rendue nécessaire, en effet, par cette relation mystérieuse, que le spectateur ne découvrira qu’au fur et à mesure de la pièce, faite autant d’attraction que de rejet qui lient les deux personnages. Une alchimie renforcée sur scène par un travail intense effectué sur le corps et le mouvement avec le danseur et chorégraphe grand-ducal Gianfranco Celestino.

Reste que, présenté comme ça, avec cette confrontation et ces questionnements profonds, le récit semble on ne peut plus sérieux. Il n’en est rien, assure Aude-Laurence Biver pour qui Le Poisson belge est à la fois «une traversée au cœur de l’humain» et «l’histoire d’une renaissance». Elle poursuit : «Le sujet n’est pas rigolo, c’est clair, mais la manière dont il est traité donne une comédie poétique, onirique, avec un humour très fin.» Et là, ça donne envie !

Pablo Chimienti

TOL – Luxembourg. Première : jeudi à 20 h. Puis jusqu’au 14 février. www.tol.lu

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