Accueil | Culture | [Théâtre] Des « Justes » très justes, du début à la fin

[Théâtre] Des « Justes » très justes, du début à la fin


«Les thèmes abordés par Camus sont éternels», dit Marja-Leena Junker. (photo Bohumil Kostohryz)

Vingt ans après une première mise en scène, Marja-Leena Junker propose une nouvelle version des « Justes » d’Albert Camus.

Une pièce qui met le spectateur au centre d’une cellule terroriste. Écrite à la fin des années 40, racontant l’assassinat en 1905 à Moscou du grand-duc Serge, oncle du tsar, par Ivan Kaliaïev, la pièce nous arrive emplie d’une incroyable modernité.

Il y a le sujet, bien sûr, avec les différentes vagues d’attentats qu’a connues l’Europe ces dernières années, mais aussi les choix de mise en scène, avec ces costumes, cette musique funk et ces bruits de sirènes et d’hélicoptères qui font plus penser à un New York des années 60/70. Une manière de nous dire que le terrorisme a toujours existé et existera probablement toujours et partout dans le monde, quel que soit le régime en place.

Car, et c’est là le sens profond de cette tragédie, la vérité de l’un n’est pas nécessairement celle de l’autre. Et cela est vrai à l’intérieur même de la petite cellule terroriste, entre Kaliaïev et Stepan, l’un qui se voit comme un «justicier» mais certainement pas comme un «assassin», l’autre étant persuadé que la fin – la mort du despote – justifie tous les moyens. Ceci est encore plus vrai par la suite quand les idéaux révolutionnaires sont confrontés à la réalité plus terre à terre de la police ou de la grand-duchesse veuve : «J’ai lancé la bombe sur votre tyrannie», dit Kaliaïev, «Sans doute. Mais c’est l’homme qui l’a reçue», se voit-il rétorquer !

Bref, les idéaux des uns se confrontent à la réalité pragmatique de leurs actes. Et en cela la mise en scène de Marja-Leena Junker tape bien et juste, grâce, entre autres, à une distribution – portée par le binôme Luc Schiltz-Hervé Sogne – qui donne beaucoup de vie aux personnages et de profondeur aussi à leurs idéaux. En d’autres termes, des Justes très justes, du début à la fin !

Pablo Chimienti

Théâtre du Centaure – Luxembourg. Samedi à 20h et dimanche à 18h30. COMPLET.

Puis au Kinneksbond de Mamer les 28 et 29 avril; à l’Opderschmelz de Dudelange le 10 mai et au Cube 521 de Marnach le 20 mai.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.