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[Séries] Xavier Dolan passe à la série


La série oscille avec fluidité entre le présent et les années 1990 et joue des codes propres au genre. (Photo Canal +)

La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, première série qui plonge dans l’intimité d’une famille déchirée par le secret et le mensonge, marque aussi une pause dans la carrière du prodige québécois.

Adapté d’une pièce de théâtre de son compatriote Michel Marc Bouchard, dont l’œuvre a déjà inspiré son film Tom à la ferme (2013), Xavier Dolan propose La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, thriller psychologique de cinq épisodes d’une heure. La minisérie débarque aujourd’hui en France sur Canal+, quelques semaines après sa sortie sur une plateforme canadienne. On y suit Mireille (Julie Le Breton), thanatopractrice réputée, de retour dans sa ville natale pour embaumer sa mère Mado (Anne Dorval, actrice fétiche de Dolan), au risque de raviver un traumatisme survenu 30 ans plus tôt… la nuit où Laurier, l’ami et voisin de son frère Julien (Patrick Hivon), s’est réveillé.

Campant également le benjamin toxicomane de la fratrie, Xavier Dolan, 33 ans, recrée presque à l’identique la distribution de la pièce pour laquelle il a eu «un coup de foudre» en 2019. «J’ai tout de suite voulu l’adapter en série», a expliqué ce touche-à-tout qui a «grandi avec la télé», auprès d’une mère qui suit encore «énormément de feuilletons». «C’est un média qui m’a accompagné tout au long de mon existence, même si je n’avais fait que des films jusqu’à présent», ajoute le réalisateur de Mommy (2014). «C’était pour moi un nouveau défi qui m’a transporté tout au long de la pandémie, durant laquelle j’ai commencé à écrire la série» et pu «me remettre en question».

Boucler la boucle

Sensibilité, émotion, «on y retrouve tout ce qui nous plaît chez Xavier Dolan», a résumé le directeur de la création originale de Canal+, Olivier Bibas. La série oscille avec fluidité entre le présent et les années 1990 et joue des codes propres au genre comme des «cliffhangers (…) parfois peut-être volontairement grossiers», selon son créateur, qui a aussi pris le temps «de dévoiler les personnages dans leur vulnérabilité».

Agrémentée d’une bande-son signée Hans Zimmer et David Fleming, elle brasse les thèmes de prédilection du cinéaste : famille dysfonctionnelle, désirs refoulés, quête de soi, ostracisme, «la vie, la mort, le deuil»… Au point que le Québécois estime avoir «bouclé la boucle de (ses) obsessions». Et entend «prendre du temps» pour lui, après une série et huit longs métrages depuis 2009.

«Je sens que j’arrive à un moment de ma vie où je n’ai plus d’idées, de désir de raconter ces idées», a expliqué le réalisateur. «J’ai besoin de reconstruire mon désir envers ce milieu-là, envers cette profession, envers tout ce que cela comporte de sacrifices, surtout en fin de projet. Parce que la préparation, le tournage, c’est tout le temps exaltant pour moi», mais pas l’après, précise celui qui veut «voyager» et «développer d’autres passions». Xavier Dolan se questionne en outre sur la «pertinence» de son art, porté sur «l’intime» et «l’infiniment petit», dans «un monde pandémique, belligérant, en perdition totale (…) J’ai l’impression que les gens maintenant racontent des histoires qui sont beaucoup plus politiques, sociales et engagées, et je ne sais pas si je ferais bien ce cinéma-là.»

La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, de Xavier Dolan.

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