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Pendant le confinement, regardez luxembourgeois !


Coronavirus oblige, «VoD.lu propose exceptionnellement en ligne les films qui étaient et allaient être en salle». (Photo : Capture d'écran VoD.lu)

Non, il n’y a pas que Netflix ou Amazon pour tromper l’ennui en cette période de crise sanitaire. Ainsi, le site VoD.lu propose un catalogue original, notamment tourné vers les films luxembourgeois. Mieux, il s’agrémente de nouveautés qui auraient dû sortir en salle ces prochains jours.

Salles fermées, tournages suspendus et festivals annulés (ou reportés) : le cinéma se fait des sueurs froides, contraints aujourd’hui de s’adapter face à l’épidémie de coronavirus. Quoi de plus normal pour les maillons, désormais fragiles, de cette industrie, studios en tête, de se tourner vers la vidéo à la demande (VoD) – par abonnement, location ou achat – qui, elle, connaît un intérêt croissant dans les foyers, face à la vague mondiale de confinement.

C’est le cas de VoD.lu. Cette plateforme, qui a vu le jour en mai 2016, ouvre son site avec la section intitulée «cinema@home» et ce message : «Alors que les cinémas n’ont pas eu d’autre choix que de fermer leurs portes, VoD.lu propose exceptionnellement en ligne les films qui étaient et allaient être en salle», et ce, en s’associant avec divers distributeurs et producteurs.

Oui, les acteurs du milieu, s’attendant à subir des pertes colossales en raison des recettes en chute libre dans les cinémas, s’acoquinent maintenant plus facilement (surtout ces derniers jours) avec un «partenaire» longtemps pointé du doigt – souvenez-vous de la polémique d’Okja, production Netflix, retenu en compétition officielle au festival de Cannes 2017. À l’échelle locale, la collaboration est elle plus étroite – VoD.lu est née sous l’impulsion notamment du FilmFund – et forcément plus soutenue en ces temps incertains.

«Aujourd’hui, de nombreux festivals et institutions – comme la Filmakademie – nous interpellent pour essayer de répondre à l’absence d’exploitation dans les salles», confirme Maxime Lacour, à la tête des déclinaisons belge et luxembourgeoise d’UniversCiné, qui gère VoD.lu. C’est pour cette raison que, vendredi dernier, Jumbo, coproduction grand-ducale (Les Films Fauves), se faisait une place sur le site, non sans mal d’ailleurs…

«Notre serveur était surchargé, explique-t-il. Mais on n’est pas les seuls! Certaines plateformes, même celles qui gèrent entre 200 000 et 300 000 abonnées, sont à l’agonie, à deux doigts de fermer leur service. Google et Netflix se retrouvent eux aussi confrontés à un volume de visionnage historique.» Post TV, qui proposait à ses abonnés VoD.lu, en a ainsi fait les frais – temporairement», précise Maxime Lacour, car «nos services techniques travaillent nuit et jour pour être le plus optimal possible.» Résultat? «On peut aujourd’hui supporter quatre fois ce que l’on pouvait supporter il y a dix jours.»

La Fille au bracelet, A White White Day… et aussi des courts métrages du LuxFilmFest !

VoD.lu a donc mis en ligne de récentes productions comme La Fille au bracelet, sorti au Luxembourg début février, mais aussi A White White Day, et prochainement La Vérité et Un divan à Tunis. Mieux, elle s’associe également au LuxFilmFest, chagriné par son arrêt prématuré : ainsi, neuf courts métrages présentés en mars seront mis, «gratuitement», à la disposition des abonnés, comme «quatre ou cinq longs métrages», payants eux. Une solidarité qui s’observe aussi dans la «mise en lumière» de la collection du festival, à travers une célébration de l’œuvre d’Alejandro Jodorowsky, invité d’honneur de la dixième et dernière édition.

Toujours pour rester dans ce rapport de proximité, VoD.lu se targue aujourd’hui d’avoir à son catalogue près de «3 000 films et plus de 300 productions luxembourgeoises» qui, d’ailleurs, malgré le rapport de force déséquilibré, arrivent à figurer parmi les films les plus appréciés du public – comme Sixty8, Le Club des chômeurs ou encore Guttland. Séries et autres documentaires, principalement européens, complètent l’offre, qui ne fait donc que s’agrandir.

Malgré tout, Maxime Lacour tempère : «Ce n’est pas le moment rêvé, ni celui que l’on aurait voulu connaître, dit-il. Cette crise n’est bonne pour personne ! Des entreprises, des familles, des personnes, des secteurs entiers se retrouvent aujourd’hui paralysés.» Il concède toutefois le rôle important que doit jouer à l’avenir la VoD. «Oui, une petite révolution doit s’opérer. Je suis conscient de l’importance des salles pour un film et son exposition. Les cinémas seront d’ailleurs toujours là dans 5, 10 et 30 ans.»

Lui prône surtout un assouplissement des règles entre les deux parties – surtout celle dite de la chronologie des médias, encadrant la sortie des films (en France, où la réglementation est la «plus stricte», un délai de quatre mois est nécessaire entre le grand écran et la VoD) – pour arriver à une «vraie complémentarité» qui donnerait, dans l’absolue, «plus de potentiel» à un film, car «libéré de nombreuses contraintes».

Sooner, nouvelle plateforme

Et s’il veut construire et consolider les «alliances avec les festivals et les distributeurs» – afin d’offrir aux abonnés, par exemple, des billets pour des avant-premières et autres manifestations en ligne («on se dirige vers des formules extensives») – Maxime Lacour consacre son confinement à la mise en place d’une nouvelle plateforme «commune à six territoires en Europe», dont le Luxembourg. Sooner devrait voir le jour avant la fin du semestre.

Grégory Cimatti

Les productions luxembourgeoises déjà disponibles :

Abigail de Nicolas Debray

Absence de Florian Beros

Faleminderit de Nicolas

Neuhold Glow de Fred Neuen & Mik Muhlen

Halligalli de Govinda van Maele

If We Smarten Up de Larisa Faber

Lupus de Laurent Prim

Westwand de Philip Krieps

Dreamland de Bruce McDonald

Jumbo de Zoé Wittock

Norie de Yuki Kawamura

Raconte-moi le fleuve de Julie Schroell

Tune into the Future d’Eric Schockmel, documentaire consacré au Luxembourgeois Hugo Gernsback, « inventeur » de la science-fiction moderne.

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