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Pascal Karier : «C’est quand même classe, non ?»


Pascal Karier (à d.) et ses deux camarades de Say Yes Dogs (Aaron Ahrends et Paul Rundel) brise le confinement pour ARTE. (Photo : DR)

Il a été le dernier à jouer un «live» au Luxembourg avant le confinement généralisé et en est même sorti pour satisfaire une invitation de la chaîne ARTE. Pascal Karier, DJ à ses heures perdues et batteur de Say Yes Dog, raconte cette surprenante expérience.

Sur Radio Nova, à la suite de la sortie de l’album Voyage (2019), on parle d’eux avec l’expression d’«Erasmus pop». Say Yes Dog, fondé en effet sur les bancs d’école aux Pays-Bas, est aujourd’hui enraciné à Berlin, ville depuis laquelle son sympathique trio distille une pop gentiment sautillante et séductrice à la Metronomy. L’Allemagne, en tout cas, en est tombée sous le charme. «C’est le pays le plus réceptif à notre son», explique le Luxembourgeois Pascal Karier, le batteur de la bande, comme en témoigne la longue liste de concerts prévus dès ce mois-ci sur place.

Si, malheureusement, le Covid-19 repousse les réjouissances à février 2021, selon les informations publiées sur leur site mercredi, les fans pourront se rattraper en visionnant un concert d’une trentaine de minutes mis en ligne par ARTE depuis le 2 avril et disponible un mois sur la chaîne franco-allemande. Son site propose en effet un petit bol d’air avec ses concerts «live» enregistrés au SchwuZ, boîte de nuit berlinoise, qui convoque de nombreux artistes (Kadavar, Alice Phoebe Lou…). «J’aime déjà regarder ARTE en règle générale, alors là, c’est cool…», soutient le musicien, qui revient sur cette étonnante convocation.

Comment se passe la vie de musicien en Allemagne durant le confinement ?
Pascal Karier : Je suis tous les jours au studio, mais seul. Je fais de petits trucs, de mon côté, à la fois à la batterie et à la production. Bref, je bidouille, aussi bien pour mon projet électronique personnel que pour Say Yes Dog. Avec le groupe, on cherche d’ailleurs de nouvelles chansons.

La situation n’est-elle pas trop compliquée ?
Financièrement, si. Bon, j’ai reçu une petite aide du gouvernement, débloquée pour tous les indépendants du secteur. Ce n’est pas génial, mais pour les deux prochains mois, ça me permet de garder la tête hors de l’eau. Après, on verra…

Parlons de ce « live » sur ARTE. Comment s’est-il concrétisé ?
Nous, on n’a rien fait, mais c’est ARTE qui est venue vers nous. Apparemment, dans la lettre envoyée par la chaîne auprès de notre booker, il était écrit qu’un de ses responsables nous avait vus jouer et était tombé sous le charme. On était devenu son groupe préféré! D’où ce « live ». Je ne sais toujours pas qui c’est, mais je l’en remercie vivement!

Vous vous êtes donc retrouvés au SchwuZ, à Berlin, pour cette session. Vous connaissiez déjà l’endroit ?
C’est une boîte de nuit assez classique, qui se situe à deux pas de chez moi. Quand je dis classique, c’est par rapport aux autres clubs de la ville, souvent originaux… Bon moi, ce genre d’endroit, ce n’est pas trop mon truc. Surtout que les concerts y sont rares.

Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
C’était le 27 mars, en plein confinement. On a répété le set une seule fois avec le groupe, au studio, et, sur place, en deux heures c’était réglé. Je me souviens des mesures de précaution à prendre, genre désinfecter les micros vu que d’autres groupes venaient le même jour. Cela dit, le timing des enchaînements nous empêchait de nous croiser. Mais c’était quand même bizarre.

C’est toujours étrange de jouer sans public,
sans ambiance, et devant l’œil des caméras

C’est-à-dire ?
C’est toujours étrange de jouer sans public, sans ambiance, et devant l’œil des caméras. Sur scène, le feeling n’est franchement pas le même que durant un vrai concert. On n’arrive pas vraiment à sentir le moment. Mais bon, on s’adapte. Au départ, c’est délicat, mais après la première chanson, on oublie les premières appréhensions. On se dit alors que c’est une simple répétition, une de plus…

Avez-vous regardé le résultat sur ARTE ?
Oui, bien sûr, mais attention, chacun de notre côté (il rit). On en est tous les trois contents. Et surpris d’être programmés en compagnie de groupes comme Kadavar et d’autres.

Vous sentez-vous privilégiés de pouvoir jouer un concert, même court, alors que de nombreux autres groupes en sont privés depuis un mois ?
Clairement ! Tandis que beaucoup se lancent dans des « live-streams » en direct de leur salon, nous on est invités par ARTE pour jouer. C’est quand même classe, non?

Un petit mot sur le Luxembourg. Est-il vrai que vous avez joué le dernier soir avant la fermeture des bars et restaurants ?
Oui, c’est vrai ! Je suis sûrement le dernier musicien à avoir joué au Grand-Duché avant que tout ne ferme. C’était à l’occasion d’un DJ set, sous le nom de Good Boy, au Gudde Wëllen. Normalement, deux amis de Berlin devaient m’y rejoindre, mais avec le virus, l’annulation des vols et la peur ambiante, ils ont préféré rester chez eux. Moi, j’étais chez mes parents durant une semaine. J’y suis donc allé.

Et c’était comment ?
Franchement, c’était très particulier. Peu d’ambiance, peu de public et un climat anxiogène. On sentait déjà, en arrière-plan, une certaine angoisse. Étrange, tout cela…

Entretien avec Grégory Cimatti

www.arte.tv

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