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Neimënster : rions avec GiedRé !


L'artiste est accompagné d'un musicien, Cédric Perras, pour ce spectacle (photo : Jules Lahana)

Entre chansonnette  et one woman show, l’artiste GiedRé se met en scène dans la peau de personnages singuliers (femme de chambre, croque-mort, reine de la nuit…) pour mieux révéler leur humanité. Rendez-vous dimanche à Neimënster, dans le cadre du festival «Humour pour la paix».

«GiedRé Est Les Gens» brosse une galerie de personnages qui parlent à la première personne. Pourquoi cette approche de proximité?

GiedRé : C’était la meilleure façon d’éviter tout jugement personnel à leur égard. Je préférais qu’ils parlent d’eux-mêmes, plutôt que d’incarner un avis extérieur. Oui, leur donner la parole, c’est une façon de prendre de la distance, de disparaître…

Est-ce une manière, également, de témoigner votre tendresse pour ces «oubliés et peu fréquentables», comme vous le dites?

Plus ces figures sont terribles, plus il faut, en effet, trouver de quoi les attendrir. Sans empathie, ça ne marche pas, et l’on tombe dans le pointage de doigt. Sans tendresse, je n’aurais jamais pu écrire sur elles, c’est sûr…

Comment avez-vous choisi ces personnages?

Ils se sont imposés tout seul, et depuis le disque, de nouveaux personnages se sont incrustés au fur et à mesure dans le spectacle. À ce rythme, je vais finir avec un concert de 3 h 40 en mode Francis Lalanne (elle rit). C’est déclinable à l’infini, d’où le risque…

GiedRé est-elle toujours autant sans tabou?

(Elle hésite) C’est un peu bizarre, ça, comme question… Parler des choses qui existent, ça ne fait pas de moi quelqu’un d’extraordinaire, bien au contraire. C’est même plutôt banal, non? Évoquer les choses ouvertement, sans tabou, c’est plutôt la manière la plus simple d’exister, sans se considérer comme un porte-voix ou, pire, un porte-drapeau.

Pour «GiedRé Est Les Gens», vous vous appuyez – et c’est une première – sur un musicien qui prend part activement au spectacle. Faut-il y voir une envie cachée de duo?

Pas du tout. C’est vrai que je lui fais faire des trucs sur scène. C’est plus fort que moi! Et imaginer un musicien interchangeable, genre l’intermittent qui touche son cachet, franchement, ça me déprime! Du coup, oui, je le sollicite beaucoup, et il me semble bien que je l’ai révélé à sa vraie nature. Son lui d’avant portait des pantalons serrés et boutonnait ses chemises jusqu’au dernier bouton. Il va mieux maintenant… Bref, ce n’est pas un duo, mais à partir du moment où quelqu’un est à côté de moi, je ne vais pas faire comme s’il n’existait pas.

Parallèlement, y a-t-il chez vous, une envie d’enrichir votre palette musicale?

C’est sûr! Il m’a accompagnée dès le début du processus créatif. Quand j’écrivais mes textes, souvent, je réprimais mon envie de les traduire de suite en musique, pour l’attendre. On trouvait la mélodie ensemble, ne serait-ce seulement que pour ses qualités de musicien. Il a porté les morceaux à un niveau que j’aurais été incapable d’atteindre seule.

En live, vous vous tenez au seul dernier album, sans jouer vos anciens tubes, pourtant réclamés par le public. On est donc plus proche d’une forme théâtrale que d’un concert, non?

C’est pour cela que j’appelle ça un « constacle », un mélange de concert et de spectacle. Mais ça reste quand même des chansons, et de la musique! C’est vrai aussi que je me déguise un tout petit peu, pour appuyer l’imagination du public. Quelques artifices sont quand même nécessaires pour me voir en vieux monsieur de 95 ans qui se pisse dessus… Et forcément, incarner ces différents personnages amène de la théâtralité. Voilà, on est entre les deux!

Qu’est-ce que ça vous fait d’être l’invitée d’un festival qui dit faire «de l’humour pour la paix»?

Je suis un peu déçue car au départ, je croyais que c’était un festival «de l’humour pour les pets». J’y avais alors clairement ma place, et je pensais même écrire un courrier aux organisateurs pour me proposer en tant que marraine (elle rit). Pour parler de la paix, il aurait mieux fait de prendre Yannick Noah, je crois.

La paix, ça ne vous parle pas?

Si, et les gens ne comprendraient pas qu’on défende un humour pour la guerre… Non, sérieusement, pour éviter de tomber dans la démagogie la plus pure, l’humour reste le meilleur moyen pour parler de paix, de tolérance, de justice… Avec ou sans Yannick Noah d’ailleurs!

Entretien avec Grégory Cimatti

Neimënster (salle Krieps) – Luxembourg. Dimanche à 18 h.

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