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[Musique] Other Lives, l’appel des grands espaces


En écoutant « For Their Love » d’Other Lives, « le réconfort est saisissant, dès les premières secondes entre la voix profonde de Jesse, la chaleur du son et les arrangements symphoniques ». (photo DR)

Un des plus beaux albums lâchés en confinement : les Américains d’Other Lives signent une incroyable évasion pop avec For Their Love, qui bénéficie lundi d’une sortie physique, après une première vie numérique fin avril.

Cette bouffée d’air en cinémascope est pourtant née… confinée, dans la maison en forme de A qui orne la pochette du nouvel opus (édité par le label Play It Again Sam/Pias). « Quand nous avons trouvé cette maison dans la campagne en Oregon, j’ai su instinctivement que cet endroit serait celui du prochain album, avec le son que je voulais. Cette maison entourée d’arbres, dans les bois, c’est là où nous vivons avec ma femme, là où nous avons aménagé un studio, joué avec le groupe. C’est comme si nous avions vécu à l’intérieur du disque », raconte le leader Jesse Tabish, qui ne s’était jamais fait à la vie urbaine à Portland.

Nul étouffement pourtant. L’auditeur est extirpé de son quotidien, embarqué pour une chevauchée dans un paysage mélodique grandiose. « C’est un album qui donne l’impression de s’évader, confirme pour Yann Bertrand, spécialiste musique sur franceinfo. Le réconfort est saisissant, dès les premières secondes entre la voix profonde de Jesse, la chaleur du son et les arrangements symphoniques ».

Les horizons ouverts évoquent parfois les compositions d’Ennio Morricone (B.O. des films de Sergio Leone, entre autres), « un maître » pour Jesse. Le cinéma tient une place à part dans le champ des influences de la tête pensante d’Other Lives. Le nom du groupe vient d’ailleurs du film allemand La Vie des autres. Parmi ses longs métrages favoris, Jesse cite aussi 2001, l’Odyssée de l’espace et Kill Bill, films « où la musique est une actrice à part entière ».

La réussite de l’album tient également à des paramètres intimes. Jesse a rencontré sa femme il y a quatre ans, Kim, devenue essentielle dans la première écoute, l’affinement des textes, arrangements et chœurs. À cette période, en 2016, Jesse, « écœuré par ce qui se passe aux États-Unis » – sous-entendu l’élection de Donald Trump, dont il ne prononce pas le nom – s’échappe en Sicile et retrouve le goût de composer avec une guitare. Soit sans tous les « artifices électroniques » qui charpentaient le précédent album, Rituals, moins flamboyant que For Their Love. « C’est en Italie que le corps de cet album est né », poursuit-il, de même que l’envie d’enregistrer à nouveau « en groupe, en se regardant dans les yeux ».

Si l’album est aérien – malgré les désillusions et trahisons de l’existence qui parsèment les textes – c’est que Jesse s’est aussi délesté d’un poids avec le titre We Wait. Pour la première fois, il évoque le meurtre – fomenté par un proche – d’un ami dans l’adolescence. « Sa mort avait détruit tellement de choses. J’avais tenté d’enfouir ce traumatisme dans un coin de ma tête. Mais cela revenait me hanter. Cette chanson m’a permis d’exorciser et de m’autoriser enfin à me souvenir de mon ami. Je me sens libéré », confie le trentenaire.

Faudra-t-il attendre encore cinq ans avant le prochain album ? « Non, plus jamais ça ! (il rit) C’est un des bienfaits de cette quarantaine, j’ai commencé à travailler sur le suivant. »

AFP/LQ

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