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Lettre de Cannes, épisode 10 : Jour J pour les frères Dardenne


Luc Dardenne, Adèle Haenel et Jean-Pierre Dardenne ont présenté leur film mercredi. (Photo AFP)

Cela fait quelques jours que l’on parle sur la Croisette de l’entrée en compétition du nouveau film des Frères Dardenne La fille inconnue, avec Adèle Haenel.

Shohei Immamura  avec La Balade de Narayama (1983) et L’Anguille (1997) ), Emir Kusturica avec Papa est parti en voyage d’affaire (1985) et Underground (1995), Francis Ford Coppola avec Conversations secrètes (1974) et Apocalypse Now (1979), Michael Haneke avec Le Ruban Blanc (2009) et Amour (2012), Bill August avec Pelle le Conquérant (1988) et Les Meilleures intentions (1992) et les Frères Dardenne avec Rosetta (1999) et L’Enfant (2005) forment le cercle très fermé des réalisateurs détenteurs de deux Palmes d’Or.

Imaginez une seconde que les frères Dardenne décrochent une troisième Palme d’or, cela ferait d’eux les plus grands réalisateurs au monde, marquant par la même occasion l’histoire du Festival de Cannes. Mais nous n’en sommes pas là. La pauvreté des applaudissements, à l’issue de la projection de presse de ce matin, nous permet de douter sur la présence des Frères Dardenne au Palmarès.

Il faut bien admettre que les commentaires d’après projection n’étaient pas très élogieux. Si Adèle Haenel, César de la meilleure comédienne pour Les Combattants de Thomas Cailley, réussit haut la main son passage dans le monde des Dardenne à travers son rôle d’un médecin généraliste humain à l’interprétation posée et sobre, les frères nous présentent une histoire un peu légère où les bonnes idées semblent être restées bloquées dans leur stylo à plume.

Adèle Haenel remarquable

Le reproche qui revient le plus souvent est le manque d’émotion. Il faut bien avouer que l’on a du mal à avoir de l’empathie pour Jenny, jeune médecin rongé par les remords pour ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet après l’heure de fermeture à une jeune inconnue qui, quelques minutes plus tard, trouvera la mort.

On a beau faire des efforts, mais l’œuvre semble tellement hermétique que l’on ne rentre jamais vraiment dedans, on a l’impression que les Frères Dardenne s’essoufflent, qu’ils ne parviennent plus à se renouveler et plus le temps passe, plus leurs films manquent d’intensité. On est loin de la qualité de La Promesse en 1996. Mais peut-être sommes-nous déjà trop habitués à leur cinéma que plus rien ne nous surprend, même le dénouement de leur histoire, qu’inconsciemment nous recherchons le petit plus qui nous avait tant séduit au début de leur carrière ?

Quoi qu’il en soit, même si le film n’est pas une catastrophe, même si Adèle Haenel est remarquable, si je ne devais citer qu’un seul film des frères Dardenne, ce ne serait certainement pas La fille inconnue. Reste à connaître l’avis du public qui, ce soir, assistera à la projection officielle en présence de l’équipe du film.

A Cannes, Thibaut Demeyer

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