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Les Cowboys : un père, sa fille… et le jihad


François Damiens, cow-boy moderne.

Dans Les Cowboys, premier film de Thomas Bidegain, un homme part à la recherche de sa fille convertie à l’islam. Quand l’actualité rattrape le cinéma…

Une conviction : «Le cinéma a pour vocation de montrer le monde. Mon film parle de gens simples qui se heurtent à ses sursauts et ses bouleversements. Et le 13 novembre dernier à Paris, il a été rattrapé par son fracas.» Jusqu’alors, Thomas Bidegain était connu comme scénariste (d’abord pour Jacques Audiard mais aussi de succès commerciaux comme La Famille Bélier), et là, il présente Les Cowboys , son premier film en tant que réalisateur. Le hasard de l’histoire le fait se cogner à l’actualité sanglante qui a frappé dans la capitale française. Encore Bidegain : « Quand j’ai commencé à travailler sur l’histoire il y a six ans, je ne connaissais pas encore Daech. J’ai voulu raconter la première guerre d’une nouvelle ère »… Résumé, Les Cowboys , c’est l’histoire d’Alain. Il vit dans l’est de la France. Sa passion, c’est les rassemblements country-western.

«Réalité du monde et aventure»

Un jour, sous les yeux attendris de sa femme et de leur fils Kid, il danse avec sa fille Kelly, 16 ans. Un peu plus tard, ce même jour, Kelly disparaît, la vie de famille va s’effondrer et Alain se lance dans une recherche désespérée. Tout a commencé en 1994, au moment des premières manifestations du mouvement jihadiste. Pour Alain et «les cowboys», aucun doute : Kelly ne s’est pas enfuie, mais a été capturée pour faire le jihad…

« Quand nous avons commencé à écrire en 2012, personne ne parlait du phénomène. Nous avons même eu peur d’être taxés d’opportunisme, alors que ce n’était pas du tout le cas : on voulait parler du monde, raconter les premières années du XXI e siècle. D’où, là encore, l’idée de western et de l’esprit pionnier qui tente de faire reculer la frontière. Au fond, le film ne raconte que cela : l’histoire de gens simples projetés dans le fracas du monde qui les dépasse. »

Sélectionné en mai dernier à Cannes, Les Cowboys est, selon le délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, « un premier film français qui traite de la réalité du monde d’aujourd’hui sous les traits d’un film d’aventure ». Et comme dans Le Parrain ou encore Voyage au bout de l’enfer , Thomas Bidegain lance son film par une plongée dans la communauté country-western, toujours à hauteur des personnages. Il explique : « Nos personnages sont des gens simples, qui s’habillent peut-être en cow-boys mais que l’on pourrait croiser dans la rue. C’est eux qui nous font entrer dans l’histoire. Dans le même temps, je tenais à démarrer cette fête country sur le parking, avec des Renault 5 ou des Peugeot 205, parce que même s’il s’agit de country, on est en France.»

Le côté « autoritaire » de Damiens

Et puis, en père de famille déterminé qui part à la recherche de sa fille qui s’est convertie à l’islam pour vivre avec un musulman radicalisé, il y a François Damiens. Il a dit oui au projet parce qu’il est attiré par les histoires familiales et les rapports parents-enfants, et que le film ne porte aucun jugement de valeur sur les personnages. Stetson sur la tête, les pieds dans les santiags, Damiens cache au fond de lui un côté autoritaire que bon nombre de réalisateurs ont ignoré ou mis de côté – et c’est justement pour ce côté caché que Bidegain a pensé au comédien belge : « François peut rester crédible avec un chapeau de cow-boy sur la tête , confie le réalisateur. Quand il se lève, il y a du John Wayne chez lui. Je voulais un John Wayne, un homme fort, qui prend son destin en main et refuse catégoriquement d’être une victime. »

Serge Bressan

Les Cowboys, de Thomas Bidegain. (France, 1h45) avec François Damiens, Ellora Torchia, Finnegan Oldfield…

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