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Le CAL à l’aube de la «nouvelle normalité»


Florence Haessler, dont les natures mortes japonisantes sont du plus bel effet, participe pour la troisième fois depuis 2016 au salon du CAL : elle en devient donc membre titulaire. (photo CAL/Guy Wolff)

Ce week-end sera inauguré le salon du CAL, qui fait preuve d’une vitalité créative impressionnante, avec l’accent mis sur la jeunesse et l’œuvre petit format.

Alors que la Luxembourg Art Week bat son plein deux rues plus bas, au Tramsschapp, l’installation et autres préparatifs pour le 126e salon du Cercle artistique de Luxembourg (CAL) se soignent jusqu’à la dernière minute. Pas question pour autant de montrer le moindre signe de stress; c’est même tout le contraire. Et à raison : depuis qu’il a entrepris son opération de rajeunissement, le CAL, sous la houlette de Marc Hostert, bat régulièrement ses propres records en termes de participation et de fréquentation. Preuve en est des 147 dossiers déposés pour ce salon du CAL, ainsi que des «plus de 6 500 visiteurs» ayant fréquenté ses divers évènements depuis la fin du précédent salon, il y a un an. Parmi ces derniers, on compte l’exposition «Open Circle» organisée à la galerie Schlassgoart d’Esch-sur-Alzette, qui mettait en avant la jeune création.

Les efforts que nous avons faits pour attirer les jeunes artistes portent leurs fruits

Alors que le CAL fêtera l’an prochain son 130e anniversaire (l’ASBL a été fondée en 1893, son premier salon a eu lieu trois ans plus tard), son président affirme dès aujourd’hui que ce salon sera représentatif d’une «nouvelle normalité». Le choix déconcertant d’une expression qui fait écho au covid n’est pourtant pas incongrue. Conscient que la pandémie a, dans un étrange paradoxe, accéléré le processus de dépoussiérage du CAL, Marc Hostert procède alors à une brève présentation chiffrée de cette édition : 119 œuvres réalisées par 43 artistes – un chiffre «stable par rapport aux années précédentes», bien qu’en légère baisse, fait savoir le président –, s’approchant au mieux de la parité (22 hommes et 21 femmes) et laissant le champ libre à la découverte (huit artistes exposent au salon pour la première fois et neuf artistes ont moins de 36 ans). Analyse de Raymond Faber, membre du CAL : «Il y a de plus en plus de jeunes qui étudient les arts, et leur présence en constante hausse ici prouve que les efforts que nous avons faits pour attirer les jeunes artistes portent leurs fruits.»

Une autre aspect de cette «nouvelle normalité» réside dans la dimension réduite des œuvres. «Lorsque j’ai découvert les œuvres il y a quelques jours, raconte Raymond Faber, en charge du montage du salon, ma réaction spontanée a été de demander : « Où est le reste ?« » Sur les 600 m² dédiés à l’exposition, «on a été habitué à voir des œuvres bien plus imposantes ou, du moins, qui remplissaient plus facilement l’espace», poursuit-il. Il est vrai qu’entre le fragile triptyque de Chikako Kato, les photogravures à portée tant artistique qu’historique de Franz Ruf, les leporellos de Jacqueline Bejani, les intrigants Polaroïds de Marie Capesius ou les superbes collages photo, à peine plus grands que des cartes postales, de Yannick Tossing, ce salon du CAL ouvre de nouvelles pistes de réflexion quant à l’intérêt renouvelé de faire de l’immensément beau sur de (tout) petits formats, tout comme il met en lumière un intérêt particulier pour des formes d’expression rares ou désuètes. En pointant du doigt le fait que, de même que l’année dernière, «certaines disciplines, comme la sculpture et la photographie, sont moins représentées» au sein du salon, Marc Hostert analyse la situation comme «un signe de questionnement et de repositionnement artistiques» alimenté, sinon déclenché, par les contraintes liées à la crise sanitaire.

Son aura brille jusqu’aux portes de Metz, Cologne et Namur

Si de nouvelles tendances se dessinent qui pourraient durer, le salon du CAL reste fidèle à son statut de «vitrine», ou plutôt de reflet de ce qui se fait aujourd’hui dans les beaux-arts luxembourgeois. Y compris en montrant des œuvres liées à l’histoire de Mr. Pilo, fameux propriétaire d’un garage reconverti en cabinet de curiosités, lui-même étant «une œuvre d’art en soi», selon Marc Hostert. Les grandes œuvres sont pourtant très présentes. Ici, on scrute avec attention le triptyque photographique de Miikka Heinonen, superbe expression, à la fois documentaire et poétique, de la solitude; là, on adorera les scènes de vie peintes par Chantal Maquet et les contrastes provoqués par ses couleurs flamboyantes. Dans un registre plus minimaliste, on peut plonger dans les bouts de corps peints sur tissu par Stéphanie Uhres ou choisir de noyer ses yeux dans les bleus profonds de Maralde Faber-Minus. Les natures mortes japonisantes de Florence Haessler, magistrales dans leur souci du détail et enivrantes dans leur composition, font, elles aussi, un gros effet, de même que les œuvres aux techniques mélangées de Thierry Harpes, partagées entre de pétaradants aplats de couleurs et la prolifération de motifs aléatoires à la saveur «années 1990».

Ce 126e salon du CAL, dont l’aura «brille jusqu’aux portes de Metz, Cologne et Namur», nous dit Marc Hostert, fait montre d’une vitalité artistique qui n’a franchement rien à envier à la grosse machine voisine qu’est la Luxembourg Art Week. Alors que le premier Konschtpräis est remis à Berthe Lutgen dans le cadre de l’Art Week, un honneur fait à son parcours d’artiste, le CAL exposera lui aussi deux doyens dans le hall du Tramschapp, Germaine Hoffmann et Arthur Unger, expression ultime de l’amour du Cercle artistique pour la création luxembourgeoise. Comme une porte d’entrée vers de nouveaux horizons…

Vernissage ce samedi à 17 h.  Du 13 au 27 novembre.

Transchapp – Luxembourg.

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