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[Littérature] Labyrinthes : en trouverez-vous la sortie?


Avec Labyrinthes, l’auteur retrouve ses thèmes les plus chers : l’amnésie, la mise en abyme ou le jeu, notamment les échecs. (Photo : audrey dufer)

Grâce à une écriture alerte et inspirée, Franck Thilliez emmène ses lecteurs dans un dédale d’intrigues autour de l’amnésie et de la mise en abyme.

Tout commence avec des citations. Là, il y a Arthur Conan Doyle, Salvador Dali et Ovide qui, dans Les Métamorphoses, écrivait : «Ainsi Dédale confond tous les sentiers du labyrinthe. À peine lui-même peut en retrouver l’issue, tant est grande la tromperie de l’édifice.»

Malin, d’entrée, Franck Thilliez met lectrices et lecteurs dans l’ambiance. Fort d’un CV sur lequel figure une trentaine de romans et des scénarios pour la télévision. Fort de son titre de «troisième auteur le plus lu en France», il revient avec Labyrinthes. Un roman avec l’oubli comme seul témoin.

Des personnages qui nous gardent dans leur pas

On lit : «Tout d’abord, mademoiselle Nijinski, vous devez savoir qu’il y a cinq protagonistes. Toutes des femmes. Écrivez, c’est important : « la journaliste », « la psychiatre », « la kidnappée », « la romancière »… Et concentrez-vous, parce que cette histoire est un vrai labyrinthe où tout s’entremêle. Quant à cette cinquième personne, elle est le fil dans le dédale qui, j’en suis sûr, apportera les réponses à toutes vos questions.»

Voilà, c’est la méthode Thilliez. Près de 400 pages résumées en quelques lignes. Pour mieux embarquer lectrices et lecteurs dans le dédale de l’intrigue. Dans ces labyrinthes qui font les bons et grands livres. Avec nombre de personnages qui nous gardent dans leurs pas parce que cet auteur polar «poids lourd» ne perd jamais le fil de son intrigue, de l’énigme.

Ainsi, avec Labyrinthes, le temps d’un roman, Franck Thilliez a mis au repos Sharko, son héros récurrent. Pour mieux nous emmener (et surtout ne pas nous lâcher avant l’ultime page) dans un chalet. Là, c’est l’horreur garantie. Il semble bien s’y être produite une scène de pure folie. On y retrouve le corps d’un homme le visage défoncé à coups de tisonnier, et la suspecte – une jeune femme prostrée et atteinte d’amnésie.

Cet auteur « poids lourd » ne perd jamais le fil de son intrigue

La policière en charge de l’enquête, Camille Nijinski, veut savoir et comprendre les raisons de la perte de mémoire chez la jeune femme. Le psychiatre qui l’accompagne dans l’enquête lui précise : «Je vais faire au plus simple : tout a disparu de sa mémoire. (…) L’intégralité de sa vie d’avant. Elle ne se souvient de rien. Une page blanche», puis lui donne une première explication : «- Savez-vous comment on appelle ce phénomène ?

– Absolument pas, je ne suis que policière…

– La paramnésie de certitude. La conviction du déjà-vu, du déjà-vécu… Une pure invention de l’esprit. Alors où se situe la vérité, là-dedans, à partir du moment où vous croyez que le passé que vous avez en mémoire est le vrai passé ?».

Une bonne dose d’horreur et de glauque

Il confiera également à l’enquêtrice que la jeune femme lui a fait des confidences avant de plonger dans l’amnésie. Qu’elle lui a raconté son histoire, longue et tellement complexe. Une histoire comme jamais, jusqu’alors, Camille Nijinski n’a imaginée, affrontée. Labyrinthes, c’est aussi cinq femmes. Des vies et des destins de femmes. Il y a Lysine la journaliste, Sophie Enrichz, la romancière, Véra la psychiatre et Julie, la jeune fille, elle a 17 ans, on apprendra qu’elle a été kidnappée.

Il y a aussi une cinquième femme – elle détient la clé de l’intrigue, peut-être est-elle même un lien possible entre toutes dans ce dédale, ce labyrinthe qui, découvre-t-on au hasard de la lecture, «représente souvent, du point de vue symbolique, l’inconscient. Une zone de notre tête qui demeure mystérieuse, complexe et difficile d’accès. Comme le dédale, l’inconscient peut rendre fou et entraîner vers sa perte quiconque chercherait à atteindre le centre».

Une fois encore, Franck Thilliez a frappé fort et juste. Une écriture alerte et inspirée pour un récit mené à la perfection par un maître ès littérature noire. Avec une sacrée bonne dose d’horreur et de glauque, et aussi tous ces thèmes chers à l’auteur : l’amnésie, la mise en abyme ou le jeu –  surtout, le jeu d’échecs. Labyrinthes, une bonne garantie pour se perdre dans le dédale… Par ici, la sortie !

Labyrinthes de Franck Thilliez, édition Fleuve noir.

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