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« Independance Day : Resurgence » : une véritable bouillie numérique


Il y a 20 ans, Independence Day frappait la pop culture de plein fouet. Aujourd'hui, le blockbuster à base d'envahisseurs extraterrestres n'émeut plus.

Vingt ans après un carton mondial, Roland Emmerich signe Independence Day : Resurgence. Non pas, selon le réalisateur, une «suite», mais une «continuation». Au final, ça reste faible. Englué dans une véritable bouillie numérique, ce deuxième volet recycle une imagerie de films catastrophe. Paresseux et caricatural, donc.

D’abord, des chiffres. Un budget XXL de 200 millions de dollars, voilà ce dont a disposé le cinéaste allemand installé outre-Atlantique Roland Emmerich pour Independence Day : Resurgence. En comparaison, sorti 20 ans plus tôt, Independence Day avait bénéficié d’un budget de 75 millions de dollars, mais avait rapporté, dans le monde, 820 millions de dollars! On comprend mieux que la Fox, producteur du long métrage, a demandé au réalisateur une suite à ce premier film dans lequel une immense soucoupe volante envahissait le ciel terrestre, libérant un nombre infini de plus petites soucoupes qui prenaient position au-dessus des plus grandes villes du monde.

Ce film dans lequel un informaticien new-yorkais décryptait les signaux lancés par d’étranges voyageurs et pas vraiment amicaux puisque ces extraterrestres se préparaient à attaquer la Terre. Une suite, donc… Aujourd’hui, pour présenter Independence Day : Resurgence, Roland Emmerich préfère parler d’une «continuation». Qui a été longue à voir le jour même si, durant l’été 1996, la Fox avait annoncé la date de sortie de cette suite en juillet 1998. Mais ce que les producteurs n’avaient pas prévu, c’est que le réalisateur et son scénariste ont préféré se concentrer sur Godzilla – donc, les deux mirent de côté Independence Day 2.

«Cette fois, je me suis lâché!»

Il aura fallu attendre 2010 pour que le scénariste Dean Devlin confie : «On a résisté à l’idée de créer une suite pendant des années, mais on voulait toujours faire honneur au premier film. C’est celui qui a propulsé notre carrière, on a donc une affection particulière pour lui.» L’idée de ce nouveau film qui doit faire honneur à celui sorti en salles 20 ans auparavant? Toute simple. En effet, il était évident que les extraterrestres reviendraient. Commentaire d’Emmerich : «Les humains savent qu’un jour les aliens reviendront. Et ils savent que le seul moyen de voyager à travers l’espace est d’emprunter les « wormholesw », sortes de portails. Donc pour les aliens, le trajet jusqu’à la Terre prend deux à trois semaines. Mais pour les humains, c’est plus long : entre 20 et 25 ans…»

Et voilà la Terre menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais confronté à une force de frappe sans précédent, impossible de se préparer. Il faut alors compter sur l’ingéniosité et le courage de quelques femmes et hommes pour (espérer) sauver l’humanité…

À vrai dire, rien de bien original dans ce scénario vu et revu dans nombre de films catastrophe. Et c’est bien là, même porté par Liam Hemsworth, Bill Pullman, Jeff Goldblum ou l’inattendue Charlotte Gainsbourg dans cet univers, qu’Independence Day : Resurgence fait figure de film paresseux.

Certes, le réalisateur assure : «Cette fois, je me suis lâché!», mais sur l’écran, ça ne se voit pas…ou trop. Le recours à la technique numérique est, au final, indigeste. Les références aux légendes du film catastrophe sont à peine masquées : les aliens de Ridley Scott, Battleship de Peter Berg avec carnages en mer, War of the Worlds de Steven Spielberg avec ses vaisseaux spatiaux… C’est paresseux, oui; ça suinte aussi la vulgarité.

Quant à l’aspect idéologique de ce deuxième volet de la saga, il est bâclé, caricatural, avec une femme présidente des États-Unis qui va être anéantie dès la première attaque des aliens… Les amateurs du genre auront droit aux destructions massives et aux courses poursuites – c’est bien le minimum que leur devait Roland Emmerich qui réfléchit à un autre épisode «intergalactique» d’Independence Day. Est-ce bien nécessaire?

Serge Bressan

Independence Day : Resurgence, de Roland Emmerich (États-Unis, 2 h 01) avec Liam Hemsworth, Jeff Goldblum, Bill Pullman…

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