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[Exposition] L’ultime voyage de Van Gogh


Beaucoup de ces œuvres ont été prêtées par des musées et des collectionneurs privés du monde entier et n'ont jamais été montrées ensemble jusque-là.

Avant Paris, le musée Van Gogh d’Amsterdam met cet été en lumière les derniers tableaux du peintre hollandais, réalisés à Auvers-sur-Oise, juste avant sa fin dramatique. Exceptionnel.

Les derniers mois frénétiques de Vincent Van Gogh (1853-1890) dans un village français, lorsqu’il débitait un chef-d’œuvre après l’autre tout en s’enfonçant dans le désespoir, sont le sujet d’une exposition exceptionnelle à Amsterdam. Le musée Van Gogh de la capitale néerlandaise présente ainsi 50 des 74 œuvres produites durant ces derniers jours fiévreux à Auvers-sur-Oise, juste avant son suicide à l’âge de 37 ans, ainsi qu’une trentaine de dessins.

Beaucoup de ces œuvres ont été prêtées par des musées et des collectionneurs privés du monde entier et n’ont jamais été montrées ensemble jusque-là. «Je crois qu’on peut dire qu’il s’agit d’une exposition qui ne se présente qu’une fois dans une vie, sur la toute dernière période de Van Gogh, ses 70 derniers jours», déclare la directrice du musée, Emilie Gordenker. «Durant cette période, il a travaillé comme un possédé!», dit-elle.

Le Dr Gachet, spécialiste de la «mélancolie»

Il y produit certaines de ses plus belles oeuvres, dont le menaçant Champ de blé aux corbeaux et un portrait mélancolique de son ami et médecin, Dr Paul Gachet. Ce tableau qui, selon les chercheurs, a été peint le 6 et le 7 juin 1890, est une des huit œuvres prêtées par le musée d’Orsay, à Paris, avec L’Église d’Auvers-sur-Oise. Toutes les peintures sont présentées par ordre chronologique, de la première, réalisée à l’arrivée de Van Gogh à Auvers, à la toute dernière, Racines d’arbres, peinte deux jours avant sa mort.

Durant cette période, il a travaillé comme un possédé!

Il s’était installé à Auvers-sur-Oise, près de Paris, plein d’espoir et d’enthousiasme, notamment grâce à la présence sur place du Dr Gachet, un médecin spécialisé dans le traitement de la «mélancolie» (et par ailleurs collectionneur, peintre amateur et proche des impressionnistes). Une destination à ses yeux idéale après des séjours très éprouvants à Arles et Saint-Rémy-de-Provence (dans le sud de la France) où il s’était débattu avec des problèmes mentaux.

«Cela montre quel incroyable artiste il était»

«Il a vécu des moments vraiment difficiles avant de venir à Auvers-sur-Oise. Il a beaucoup souffert», explique Emilie Gordenker. «Mais quand il arrive, il a cette nouvelle énergie, et il se met vraiment au travail.» Van Gogh s’installe alors au centre du village, dans l’auberge Ravoux, et explore tous les aspects du nouveau monde qui s’offre à lui, tout en luttant parallèlement contre des inquiétudes multiples liées à ses crises, sa santé, ses relations avec son frère, sa place dans le monde de l’art.

«Il a dû peindre très vite. Mais il savait exactement ce qu’il faisait», estime Nienke Bakker, conservatrice principale au musée Van Gogh. «En travaillant sur cette exposition, nous n’avons pas seulement été étonnés par le nombre de peintures qu’il a faites en si peu de temps, mais aussi par leur grande qualité, leur audace, leur expressivité, l’expérimentation qui était là jusqu’au tout dernier jour», confie-t-elle. «Cela montre quel incroyable artiste il était.»

«Ma vie aussi est attaquée à la racine»

En effet, bien que l’artiste n’ait passé qu’un peu plus de deux mois à Auvers-sur-Oise (précisément entre le 20 mai et le 29 juillet 1890), cette période provoque chez lui un renouveau artistique, avec un style et des innovations (notamment ce format allongé en double carré), tous marqués par la tension psychique née de la nouvelle situation. Il peint alors ses premiers paysages figurant le village, des portraits, des natures mortes et d’autres paysages de la campagne environnante.

Mais le temps passant, un malaise étreint à nouveau Van Gogh, comme le montre le Champ de blé aux corbeaux, suivi par un autre paysage sombre, Champ de blé sous un ciel orageux. Dans une de ses dernières lettres à son frère bien-aimé Théo, il écrit, évoquant sa dernière toile, Racines d’arbres : «Ma vie aussi est attaquée à la racine, mon pas faiblit également». Les sentiments d’échec, de solitude et de mélancolie prennent graduellement le dessus. Van Gogh se tire une balle dans la poitrine peu après avoir terminé son ultime tableau, et meurt deux jours plus tard.

«Van Gogh à Auvers – Ses derniers mois»

Musée Van Gogh – Amsterdam. Jusqu’au 3 septembre.

Musée d’Orsay – Paris Du 3 octobre au 4 février 2024.

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