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[Expo] Quand l’ombre rencontre la couleur à la galerie Nosbaum Reding


Chez Nosbaum Reding, les œuvres très colorées et sur fond blanc de Peter Zimmermann.

La galerie Nosbaum Reding présente, pour la troisième fois, les œuvres de l’Allemand Peter Zimmermann et l’univers poétique de l’Espagnol Luis Urculo.

Il s’agit, pour l’un, de sa troisième exposition au sein de la galerie et,pour l’autre, de la première. Peter Zimmermann et Luis Urculo présentent à travers des méthodes très différentes une vision du monde qui nous entoure, singulière et poétique à la fois.

Tous deux proposent de prendre le temps de regarder à nouveau le quotidienautour de nous. Deux expositions à découvrir jusqu’au 7 janvier à la galerie Nosbaum Reding.

L'univers poétique, mais noir, de Luis Urculo.

L’univers poétique, mais noir, de Luis Urculo.

Deux ans après notre première rencontre avec l’artiste allemand Peter Zimmermann et ses iconiques œuvres réalisées en résine époxy, aux couleurs chatoyantes, c’est aujourd’hui un tout autre univers que propose la galerie Nosbaum Reding. Exit les couches brillantes de résine, l’univers acidulé, Peter Zimmermann a retrouvé la peinture à l’huile, les touches de pinceaux et la légèreté de la toile.

« Il était arrivé à un moment de sa carrière où il voulait expérimenter autre chose, tout en gardant en tête son intérêt pour la transformation de la réalité, la matière et le rythme », explique la galeriste Alex Reding.

Si la méthode est restée la même, celle d’extraire des images du réel, trouvées sur internet, dans ses propres archives ou issues de ses propres peintures qu’il agrandit et transforme, Peter Zimmermann travaille ici par traits, nous mettant devant une toile qui inspire le calme, l’apaisement, entre une peinture de Monet et l’estampe japonaise.

Lui-même explique son geste par un agrandissement de la réalité pour nous confronter à cette même réalité, celle que nous ne regardons plus qu’à travers un écran au lieu de la voir comme un large paysage.

Si on ne peut évidemment pas reconnaître l’extrait de réalité derrière la peinture elle-même, ses nouvelles œuvres, tout comme celles réalisées à la résine époxy, nous invitent à prendre le temps d’observer, à regarder de loin, à apercevoir des formes qui deviennent tout autre chose en y regardant de plus près. Les traces des coups de pinceaux deviennent dans leur matérialité de véritables pétales, légers et fragiles, qui, dans leur répétition, donnent vie à une bien plus grande réalité.

Inventaire de la banalité

C’est aussi à l’observation de notre monde que s’attelle le jeune artiste espagnol Luis Urculo, exposé en parallèle. Pour sa première exposition au Grand-Duché, il nous interroge sur la banalité du quotidien que nous observons tous les jours sans jamais nous interroger sur son origine. Comme une sorte d’inventaire naïf et objectif de ce qu’il voit ou de ce qu’il fait, l’artiste nous présente des tableaux noirs, identiques à ceux sur lesquels des informations sont données dans nos lieux quotidiens. Il y dessine des formes, des traits, tels des schémas sous lesquels il y inscrit ses légendes, sorte d’inventaire objectif.

Telle la pièce Requiem qui laisse entrevoir des traits correspondant à la liste de requiem composés par différents musiciens. On image l’artiste réalisant cette œuvre tout en écoutant ces morceaux. Il y a également ces objets, reproduits et croqués sur du verre, qui apportent une certaine ambiguïté à la forme, mais aussi à l’objet lui-même.

Il y a, chez Luis Urculo, quelque chose de rassurant et de fascinant à la fois. Un regard que nous ne portons plus sur le monde qui nous entoure, entre objectivité et naïveté. Au sein de l’exposition, le spectateur s’imagine très bien dans la position de l’observateur, assis sur un banc ou à une terrasse de café, laissant son esprit divaguer en contemplant le monde qui l’entoure, sans jugement, réalisant un inventaire mental, forcément biaisé par son imaginaire et son expérience.

Que ce soit l’expérimenté Peter Zimmermann ou le jeune Luis Urculo, tous deux nous offrent un éloge du banal, du quotidien, de ce que nous ne voyons plus. Ils nous invitent à prendre le temps de regarder, d’observer simplement au-delà du cadre imposé par nos nombreux écrans.

Mylène Carrière

Galerie Nosbaum Reding – Luxembourg. Jusqu’au 7 janvier 2017.

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