Accueil | Culture | Escarpins sur tapis de prière : une œuvre réduite au « Silence »

Escarpins sur tapis de prière : une œuvre réduite au « Silence »


L’artiste Zoulikha Bouabdellah renonce à remonter son œuvre « Silence » représentant des escarpins posées sur des tapis de prière musulmans, après une mise en garde contre des « incidents » potentiels.

711006-20150122-femina-006_dxo

Intitulée « Silence », cette œuvre montre des escarpins posés sur des imitations de tapis de prière aux couleurs de la France. (Photos : DR/Alexandre Mayeur. Galerie Anne de Villepoix, Paris)

La plasticienne franco-algérienne explique avoir pris cette décision « définitive » devant l’absence à ce jour de réponses claires de la municipalité (…) quant aux modalités de réintégration de l’installation », notamment en termes de « sécurité ». Intitulée Silence, cette œuvre montre des escarpins posés sur des imitations de tapis de prière aux couleurs de la France. Elle devait être présentée dans le cadre d’une exposition au Pavillon Vendôme, intitulée « Femina ou la réappropriation des modèles ».

Mais la semaine dernière, à la fin de l’accrochage, les commissaires ont « été informés par la mairie de mises en garde émanant de représentants d’une fédération d’habitants de confession musulmane sur d’éventuels incidents irresponsables non maîtrisables pouvant survenir », selon leurs termes.

L’artiste a alors décidé de remplacer Silence par une installation vidéo intitulée Dansons, représentant une danse du ventre sur fond de Marseillaise. Les commissaires et l’artiste reprochent au maire de leur avoir fait porter la décision de présenter ou non l’œuvre face à des « menaces potentielles » dont ils « ne pouvaient mesurer les conséquences », avait indiqué Charlotte Boudon, l’une des commissaires.

« Ma position a toujours été très claire. Ne jamais intervenir dans la programmation culturelle (…) », a répété jeudi le maire PS Gilles Catoire, dans une lettre ouverte pointant « de graves défaillances dans la préparation de cet événement » par les organisateurs et l’artiste. « Dans le climat actuel de tensions et d’émotion, il aurait été préférable de se réunir avec eux pour discuter de l’exposition », explique-t-on dans l’entourage du maire.

Informé des réactions que pourrait provoquer l’œuvre, le maire assure avoir pris la semaine dernière « toutes les dispositions (…) pour assurer le bon déroulement de l’exposition ». L’artiste affirme pour sa part que sa décision de retirer l’œuvre « n’est pas motivée par la peur » et « en aucun cas dirigée contre la Fédération des associations musulmanes de Clichy, qui a semble-t-il fait son travail en alertant la mairie ».

Silence n’avait pas pour but de « choquer ou provoquer » (…) mais « d’ouvrir un dialogue avec tous les publics », notamment sur la place de la femme, a-t-elle répété dans son communiqué.

AFP

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.