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Décès du chanteur Philippe Chatel, père de l’inoubliable « Émilie Jolie »


Philippe Chatel (assis à gauche), aux côtés de Pierre Desproges et Henri Salvador. (archives AFP)

Le chanteur, auteur et compositeur Philippe Chatel, décédé vendredi à l’âge de 72 ans ans, était le créateur du conte musical « Émilie Jolie », un immense succès sur disque et sur scène depuis 40 ans.

« Mon père est décédé cette nuit d’une crise cardiaque, à son domicile, à Paris », a annoncé sa fille, Émilie, à laquelle était dédié ce conte au succès mondial, créé en 1979. Le chanteur a vu son œuvre prospérer à l’infini, depuis la simple comptine originelle, jusqu’aux innombrables versions de la comédie musicale montée en France, à l’étranger et par des centaines de troupes d’amateurs, en passant par les « tonnes de disques vendues », la chanson labellisée par l’Éducation nationale, le roman publié en 2004, etc.

C’est pour sa fille Émilie, alors âgée de 3 ans, que Philippe Chatel, crée en 1979 une comptine évoquant des lapins bleus, un petit caillou ou un hérisson, personnages qui entraînent la fillette dans une aventure dans son livre d’images.

L’année suivante paraît la version discographique avec une constellation de vedettes (Brassens, Robert Charlebois, Louis Chedid, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Henri Salvador, Sylvie Vartan etc.) autour de Philippe Chatel. Le succès est immédiat : plus d’un million d’exemplaires sont écoulés, avec le Grand prix de l’Académie du disque français à la clé. Dans la foulée, le réalisateur Jean-Christophe Averty monte le spectacle avec tous ses interprètes pour le réveillon de Noël 1980 sur Antenne 2.

Cinq ans plus tard, poussé par un producteur, Philippe Chatel transforme le conte en comédie musicale. Émilie Jolie s’installe au Cirque d’Hiver et attire 200 000 spectateurs en six mois, des tournées en France et à l’étranger suivront.

Indémodable « parce qu’elle n’a jamais été à la mode ! »

En 1997, il enregistre une nouvelle version discographique et mobilise alors Alain Bashung dans le rôle du loup, Étienne Daho, Lara Fabian, Danielle Darrieux, Kahled, Mauranne, Florent Pagny, et d’autres. Cette version rajeunie, sur des rythmes au goût du jour et enrichie de trois nouvelles chansons, est couronnée par une Victoire de la musique. Lapins bleus, horloge, autruche, grand oiseau et sorcière retrouvent à nouveau la scène en 2002 à Mogador à Paris. Une nouvelle version du spectacle voit le jour en 2018.

Si Émilie Jolie ne se démode pas, c’est « parce qu’elle n’a jamais été à la mode ! Son histoire est hors du temps », expliquait Philippe Chatel. Paradoxalement, le succès a failli causer la perte artistique de son créateur. Du jour au lendemain, cet artiste venu à la chanson grâce à l’amitié de Georges Brassens, auquel il a consacré un livre et dont il a fait la première partie à l’Olympia en 1972, s’est trouvé cantonné au rôle de chanteur pour enfants, rejoignant un univers habité par Chantal Goya et Dorothée.

Philippe Chatel, né en 1948 à Paris, a été dans les années 1970 un chanteur sentimental à tubes (Mister Hyde, Ma lycéenne, Yin-Yang, Tout quitter mais tout emporter). En 1977, sort son premier disque Analyse, qui contient la chanson J’t’aime bien Lili.

Le chanteur, obligé de gérer « l’incroyable croissance de sa comédie musicale », publie encore quelques albums, mais de son propre aveu, leur qualité a souffert de son « manque de disponibilité ». Le succès ne rejaillit pas sur l’ensemble de sa production. Il préfère alors se concentrer sur l’écriture de chansons et de deux romans, dont Il reviendra (1988), largement autobiographique.

LQ/AFP

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