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[Confiné sans s’ennuyer] Regarder le film Panic in the Streets


Un mort de la peste à la Nouvelle-Orléans... et c'est la panique ! (Photo : DR).

Le Quotidien propose une petite sélection d’ouvrages ou de films sur les virus et pandémies à lire (ou voir) au chaud chez soi. Pour rire, se faire peur, ou simplement s’occuper. Aujourd’hui, Un virus «Commie» d’office : le film Panic in the Streets, d’Elia Kazan (États-Unis, 1950).

panic filmL’HISTOIRE Le cadavre d’un inconnu est retrouvé dans le port de La Nouvelle-Orléans. L’autopsie révèle que le mort avait la peste : si l’on ne retrouve pas l’assassin dans les 48 heures, toute la ville risque la contamination.

Un an avant son adaptation d’Un tramway nommé désir devenue un classique de l’âge d’or hollywoodien, Elia Kazan avait réalisé Panic in the Streets, un film noir qui adopte un point de vue singulier dans l’histoire du genre, puisqu’il ne s’agit pas cette fois d’une histoire de gangsters ou de détectives privés désabusés, mais d’un agent du service de santé publique américain (Richard Widmark) devant prévenir une épidémie de peste pneumonique qui risque de s’étendre à travers La Nouvelle-Orléans après la découverte du cadavre d’un homme porteur de la maladie.

Métaphore alarmiste sur la propagation du communisme

À l’époque du code Hays et du maccarthysme, Panic in the Streets, porté par de solides acteurs (dont Jack Palance dans son premier rôle au cinéma), peut être interprété comme une métaphore alarmiste sur la propagation du communisme (ici, le virus qui risque de contaminer le pays, exprimant par là même la peur des «Commies»). Toujours intéressant aujourd’hui pour sa réussite esthétique et sa perspective scénaristique inédite, le film cache un témoignage historique pervers : deux ans après la sortie du film, Elia Kazan avait témoigné devant la Commission des activités anti-américaines et donné le nom de huit personnalités du cinéma appartenant à une cellule communiste. Et après cette période peu glorieuse de la vie du cinéaste, toutes ses œuvres seront empreintes de ce sentiment de trahison, avec des personnages torturés et moralement complexes, comme À l’est d’Eden (1954), Baby Doll (1956), L’Arrangement (1969)…

Valentin Maniglia

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