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[Cinéma] Les mœurs… de la haute finance


Nora, le personnage principal, est interprétée par Agathe Bonitzer, la fille du réalisateur. (Photo : DR)

Tout de suite maintenant, coproduction grand-ducale (Samsa Film) du Français Pascal Bonitzer, arrive en salle demain. Une critique maligne et divertissante sur la haute finance.

Près de quatre ans après Cherchez Hortense, le cinéaste français Pascal Bonitzer est de retour en salle avec une septième réalisation, coproduite par le Luxembourg. Nora est une jeune trentenaire discrète, voire renfermée. Elle vient d’être embauchée à AB-Phi, une société de conseil spécialisée dans la fusion-acquisition de grandes entreprises de la haute finance. Sérieuse, discrète et bosseuse, elle est le stéréotype de la working girl, de la génération «no life».

D’ailleurs, si on l’a embauchée, elle, parmi les trois candidatures possibles pour ce poste, «c’est parce que c’était le meilleur dossier». Le fait qu’elle soit la fille d’un ancien camarade des deux patrons de l’entreprise, n’a, officiellement, rien à voir. Enfin, c’est ce que les deux chefs veulent bien faire croire autour d’eux. Mais on comprend rapidement que le contentieux entre les trois hommes est loin d’être réglé. Et ce n’est qu’avec parcimonie, au compte-goutte même, que Pascal Bonitzer livrera au spectateur les détails de cette histoire.

Une situation qui, sans jamais tomber dans le thriller, crée malgré tout une ambiance pour le moins électrique, presque angoissante, quand, par exemple, le patron invite sa jeune employée, un dimanche soir, d’abord à dîner dans un restaurant chic, ensuite chez lui, pour «finaliser un dossier urgent». On l’imagine déjà piégée, violée, kidnappée par vengeance; le réalisateur ne tombera jamais dans cette facilité narrative.

Un casting de très haut niveau

Pascal Bonitzer propose, au contraire, un film riche et complexe où les récits se chevauchent, se complètent. Où la vie personnelle et le monde professionnel sont on ne peut plus perméables. Il y a Nora et ses relations de travail, bien sûr, avec ses patrons, ses collègues, Xavier, son collègue le plus proche…. Il y a aussi sa relation fusionnelle avec sa sœur, Maya, une chanteuse du dimanche qui survit en travaillant dans un bar, à l’opposé de celle qu’elle peut avoir avec son père, Serge, homme aigri et sans retenue qui n’hésite pas à toujours dire ce qu’il pense, quitte à blesser les rares personnes qui l’aiment encore. Et puis, il y a aussi la relation entre Xavier et Maya, celle des deux associés d’AB-Phi, Barsac et Prévôt-Parédès, que tout oppose, celle de Barsac avec sa femme Solveig, celle de Prévôt-Parédès avec la même Solveig et, pour finir, celle de Solveig avec Serge. Bref, ce n’est pas simple du tout, et c’est tant mieux. Puisque c’est là que le film prend toute sa sève.

Pour autant, le film n’a rien d’un vaudeville ou d’un simple film de mœurs. Bonitzer profite de son long métrage pour expliquer tout le mal qu’il pense du monde de la haute finance, où un petit mensonge ou une petite omission valent bien un gros contrat et une importante commission.

Ni moralisateur ni angélique, ce Tout de suite maintenant parvient à garder le spectateur alerte du début à la fin avec ses non-dits et ses secrets. Avec son humour aussi, et un cynisme porté par quelques saillies verbales bien ficelées et un casting réussi : Agathe Bonitzer, Vincent Lacoste, Lambert Wilson, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Bacri, etc. Dommage que les comédiens luxembourgeois, Laure Roldan, François Baldassare et Gilles Soeder, soient réduits à de tout petits rôles.

Pablo Chimienti

Tout de suite maintenant, de Pascal Bonitzer. En salle dès demain.

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