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[Cinéma] Complètement cramé! : leçons de vie (de château)


(Photo :  ricardo vaz palma/bidibul productions)

Auteur à succès, Gilles Legardinier prend la casquette de réalisateur pour adapter l’un de ses best-sellers à l’écran. Avec tous les bons sentiments qui vont avec.

Jusqu’alors, de Gilles Legardinier, on connaissait le romancier prolifique, et pas des moindres puisque qu’il vend des livres en pagaille, notamment en France, adepte de son écriture «feel good». Des histoires où il est souvent question de résilience, d’empathie et d’amélioration de soi, pour autant de parcours de vie où l’ouverture à l’autre est essentielle. Parmi ses ouvrages suintant de bonheur, aux petites bêtes à poil sur la couverture, il y a eu Demain j’arrête! (roman francophone le plus vendu pour 2011), départ d’une longue série enrichie à un rythme annuel.

Et alors que le dernier vient de sortir (Mon tour de manège), l’actualité prend un autre chemin, loin des librairies, avec la sortie en salles de Complètement cramé!, film tiré du roman du même nom (2012), défendu par le Luxembourg et Bidibul Productions. Pour Gilles Legardinier, d’auteur à réalisateur, il n’y a en effet qu’un pas qu’il n’a pas hésité à franchir, lui qui connaît bien le monde du cinéma : «En quarante ans, j’ai fait tous les postes, sauf projectionniste!», concède-t-il.

Restait encore à découvrir celui, complexe, derrière la caméra, qu’il a accepté d’endosser à la suite des conseils d’Universal Pictures et de Christel Henon, productrice avec laquelle il dit partager un bon «ressenti» et une «vision» commune. «J’avais d’autres propositions, avoue-t-il, mais l’histoire nous enseigne que toutes les adaptations ne sont pas réussies.» Sa version, forcément, devra garder «l’esprit» du roman initial, avec cette conviction qu’un livre et un film partent main dans la main dans la même direction, «au plus profond de nous-mêmes, là où réside ce que nous avons de plus vrai».

Une «île déserte», plusieurs «naufragés»

Si techniquement, la méthode est différente («la littérature, c’est l’intériorité, et le cinéma, c’est l’incarnation»), Complètement cramé! ne dévie pas de sa route, toujours prompt à monter l’humain dans ce qu’il a de plus bienveillant : «L’envie de transmettre des sentiments aux gens, c’est la base de nos métiers!», lâche Gilles Legardinier qui, comme à son habitude, confie cette mission à un nouveau personnage de son cru, plein de regrets et de mélancolie, qui porte son passé comme un fardeau. «Il pense que sa vie est derrière lui, précise-t-il. Qu’il a jeté les dés, que la partie est jouée. Ça nous arrive à tous de penser ça, et on a tort!».

À l’écran, ce spleen est porté par John Malkovich, bientôt 70 ans. Il incarne là Andrew Blake, riche entrepreneur anglais déprimé par la mort de sa femme. Un ultime élan le pousse alors à quitter Londres pour retourner en France, dans la propriété où il l’avait rencontrée. Une sorte «d’île déserte» sur laquelle il part «s’échouer», mais où il va découvrir «d’autres naufragés, avec les mêmes douleurs» que lui. En somme, «il se confronte à ceux dont il va changer la vie en même temps qu’eux vont changer la sienne».

Alors condamné à jouer les majordomes à l’essai, il va en effet redonner de la joie à cette grande maison triste et ses occupants, tous des âmes solitaires : la maîtresse des lieux (jouée par Fanny Ardant), hantée par le passé et épuisée par un héritage trop encombrant pour elle; une cuisinière au caractère dur comme la pierre, et dont le cœur ne bat que pour le chat Mephisto (Émilie Dequenne); un intendant un peu sauvage qui vit en ermite dans le parc (Philippe Bas) et la jeune femme de ménage (Eugénie Anselin), enceinte et dans la galère.

Une fable «intemporelle» et «universelle»

Tous chercheront à s’améliorer et resserrer les liens du collectif au contact du bon samaritain au doux accent anglais et aux formules existentielles comme «il faut toujours garder espoir, même quand on n’y croit plus» ou «les vraies rides ne sont pas dans le visage, mais dans la tête». Un positivisme à fleur de peau comme dans Amélie Poulain (ou Joséphine Ange Gardien) qui, selon Gilles Legardinier, s’est étendu à tout le plateau. D’abord par la présence des siens à ses côtés (sa fille, son fils, sa compagne), intégrés à l’équipe du film. Ensuite par un casting réussi, «vital» à pour ce genre d’histoire. «Il faut des gens d’une profonde bonté, pas des stars! Ils ont ce talent, cette humanité qui débordent de leur rôle.»

Je suis ce que j’écris. Maintenant, je peux dire que je suis ce que je filme!

Au cœur du mystérieux domaine du Bois Cornillé (en Bretagne), propice à une aventure en huis clos, sur fond de violons sucrés (et même de sapin de Noël), le réalisateur ne cache clairement pas ses intentions : «Faire une fable!». Il continue : «Vous débarrassez ainsi le sentiment de tout le superflu, et touchez alors à quelque chose de plus intemporel, de plus universel.» Avec un peu d’avance sur les fêtes de Noël, et taillé pour les fans du genre, Complètement cramé! reste ainsi fidèle à la nature et à la signature de l’auteur-réalisateur. «Il n’y pas un aspect qui ne porte pas ce que je suis. Je suis ce que j’écris. Maintenant, je peux dire que je suis ce que je filme!» Avec, au bout, peut-être, le même succès que le roman et son million de lecteurs au compteur. Là, on pourra dire que la magie aura été totale.

Complètement cramé!,  de Gilles Legardinier.
Demain sur les écrans.

 

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