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[Critique cinéma] Pouce levé pour The Fall Guy


à l’instar d’un cascadeur qui veut en faire trop pour épater la galerie, le réalisateur ne maîtrise toutefois pas totalement son film. (Photo Universal Pictures)

L’ancien cascadeur David Leitch signe une adaptation cinématographique de L’homme qui tombe à pic avec Ryan Gosling et Emily Blunt en tête d’affiche. Adepte du cinéma musclé, le réalisateur de John Wick ressort sa formule gagnante : combats, rythme et humour.

Au début des années 1980, aux États-Unis, puis en France, sur plus de 100 épisodes, une série montrait les prouesses d’un homme qui «tombe à pic», comme le disait le titre, soit l’histoire d’un cascadeur intermittent qui, pour tuer le temps entre deux scènes, exerçait le métier de chasseur de primes.

Avec son cigare en bouche et son chapeau de cowboy collant parfaitement à la musique country du générique, Colt Seavers (l’acteur Lee Majors, déjà aperçu dans un autre classique du genre, L’Homme qui valait trois milliards) multipliait les sauts dans le vide depuis un pont ou un hélicoptère, déclenchait des bagarres et ne craignait jamais les sorties de route à bord de son imposant pick-up. Car, comme le dit la chanson, «si je prends des risques, ça n’est jamais en vain».

Quatre décennies plus tard, voilà qu’arrive la version pour le grand écran, adaptation signée David Leitch, ancien cascadeur passé à la réalisation en 2014 avec John Wick (cosigné avec un compère, Chad Stahelski). Un adepte du cinéma musclé sans prétention, comme en témoigne son dernier succès, Bullet Train (2022), qui pose les bases de sa formule gagnante : des combats, du rythme et beaucoup d’humour avec ses personnages souvent dépassés par les évènements. Ainsi, après Brad Pitt en tueur à gages traversant une crise existentielle, c’est au tour de Ryan Gosling de jouer à l’antihéros, panoplie grand-guignolesque tout en second degré qui lui va à merveille, comme en témoignent ses pantalonnades dans The Gray Man (2022) ou, plus récemment, dans Barbie.

Au cœur d’un complot

Ce coup-ci, il est donc Colt Seavers qui, c’est son métier, fait des tonneaux en voiture, chute de trente mètres, se fait brûler, exploser, écraser, jeter par les fenêtres… C’est qu’il est la doublure depuis six ans d’une vedette de films d’action et qu’après chaque prise, il se remet de ses émotions et de ses bobos dans les bras de Jody (Emily Blunt), jeune cadreuse promise à un bel avenir à la réalisation.

Seulement, après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière (et à sa vie tout court), il déprime et tourne le dos aux plateaux. Jusqu’à ce qu’une productrice lui confie une mission d’importance : retrouver une star portée disparue. Plongé au cœur d’un complot, il va devoir limiter la casse et surtout recoller les morceaux avec son ancien flirt, aux commandes d’un blockbuster de science-fiction…

Quand on tombe, on se relève!

En démarrant The Fall Guy avec la phrase, prononcée en voix off, «vous ne les voyez pas parce que c’est leur job», David Leitch ne cache pas ses intentions : rendre hommage aux invisibles, à toutes ces «petites mains» cachées dans l’ombre des caprices des acteurs et de la toute-puissance des producteurs, sans qui le cinéma ne pourrait pourtant pas se faire.

Ici, en guise de réparation, ils prennent toute la place et se serrent les coudes, de l’équipe technique au chef de plateau, en passant même par les animaux, dont un Dobermann, Jean-Claude, aux morsures redoutables. Ensemble, ils tournent en dérision la machine hollywoodienne qui, sans leur zèle et leur sens de la débrouillardise, n’avancerait pas. Le film en profite aussi pour glisser de multiples références au 7e art et aux séries (Miami Vice, Pretty Woman, The Fugitive…).

Des excès durs à digérer

Mais, à l’instar d’un cascadeur qui veut en faire trop pour épater la galerie, le réalisateur ne maîtrise toutefois pas totalement son film. Et si la romance qu’il y ajoute donne lieu à des scènes cocasses et drôles (comme celle où l’ancien couple s’explique au mégaphone), les excès sont parfois difficiles à digérer, à l’image du tube de Kiss, I Was Made for Lovin’ You, bouclé et revu une bonne dizaine de fois.

Ce qui n’empêche pas de lever le pouce, comme Ryan Gosling après chaque dégringolade, pour une œuvre qui assure le spectacle avec ses nombreuses courses poursuites et ses moyens pyrotechniques. Dans un ultime clin d’œil au cinéma, elle s’achève avec la bande-annonce du film qui vient de se faire, un clin d’œil à l’original et, bien sûr, le making-of des cascades (les vraies!). Qu’importe alors si tout n’est pas parfait. D’ailleurs, le film le rappelle régulièrement : «Quand on tombe, on se relève!».

The Fall Guy de David Leitch avec Ryan Gosling, Emily Blunt… Genre action / comédie. Durée 2 h 05

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