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«Chaque crise amène aussi ses chances»


L'auteur-compositeur Serge Tonnar a eu une idée pour qu'artistes et spectateurs continuent à se fréquenter, sans prendre de risques. (Photo Isabella Finzi/Editpress)

En réponse à la fermeture des lieux de culture au Luxembourg, le «Live aus der Stuff» propose des spectacles retransmis en direct sur internet. Rencontre avec l’instigateur du projet, Serge Tonnar.

Serge Tonnar retombe facilement sur ses pattes, même à un moment difficile pour la culture au Grand-Duché. L’auteur-compositeur a réagi à la fermeture de toutes les institutions et lieux culturels du pays à la vitesse de l’éclair, afin de garder en vie une activité culturelle mise, par la force des choses, en stand-by. Son idée? Proposer des œuvres appartenant à tous les domaines du spectacle vivant (musique, théâtre, danse…) en ligne, jouées et retransmises en direct sur une page Facebook qui lui est dédiée – «Live aus der Stuff» – et placée sous la bannière de son collectif d’artistes MASKéNADA, et qui fonctionne à la fois comme une plateforme de visionnage et un agenda culturel. Et la programmation commence ce mardi soir à 20 h, avec un concert du pianiste Jean Muller.

Comment s’est formée l’idée du « Live aus der Stuff » ?

Dès que les institutions culturelles ont été fermées, j’ai réfléchi. Comment peut-on continuer de voir du spectacle vivant quand on est en confinement ? Le truc le plus facile était simplement de créer une page Facebook et demander à chaque artiste de filmer lui-même, avec son téléphone portable, sa performance, et la diffuser à travers notre site.

C’est une idée simple qui s’est faite rapidement : j’ai tout de suite créé la page, contacté les artistes, puis j’ai immédiatement contacté le ministère de la Culture pour les informer du projet et leur demander de prendre en charge le cachet des artistes. C’était un point important, puisque à cause des mesures mises en place, les artistes de spectacle vivant ne gagnent plus d’argent. Dix minutes plus tard, j’avais la ministre de la Culture, Sam Tanson, au téléphone.

Le ministère a beaucoup aimé l’idée et s’est montré coopératif, en proposant de réaliser ce projet avec MASKéNADA, qui est une structure sous convention avec le ministère; nous avons donc ajouté le montant des cachets à la convention pour réaliser ce projet. Les artistes peuvent jouer en toute liberté, ils gagnent de l’argent et le public peut voir le spectacle en direct à la maison : ainsi, personne n’a besoin de se déplacer et il n’y a aucun contact physique. On respecte les meilleurs modes de comportement possibles.

J’encourage d’ailleurs tout le monde, dans son domaine, à réfléchir comme ça

Le projet va-t-il chercher au-delà des artistes estampillés Maskénada ?

Le collectif sert de structure pour produire ce projet, mais les artistes viennent de partout. J’ai contacté moi-même les premiers, puis j’ai reçu des demandes d’autres artistes. On peut maintenant poser, via Maskénada, sa candidature. Pour l’instant, on a prévu 40 performances : des concerts, des lectures, du spectacle pour enfants, de la danse… Bref, tout ce qui fait partie du spectacle vivant.

Cette nouvelle structure pourrait-elle par la suite accueillir certains spectacles qui ont été annulés au Luxembourg ?

J’ai contacté les associations d’artistes, la Theater Federatioun ou encore l’Aspro, en leur demandant de communiquer l’appel à projets en priorité aux artistes dont les spectacles ont été annulés. Ce sont donc eux qui auront la priorité. Maintenant, ce sont à ces artistes de proposer leurs projets, chez eux et de préférence tout seuls. On ne veut pas encourager de déplacements inutiles ni de contacts physiques qui ne sont pas nécessaires, donc on leur demande d’éviter les répétitions en groupe, et c’est à eux d’imaginer une forme différente, peut-être moins belle, de proposer leurs spectacles. Pour l’instant, ce serait encore possible pour eux d’être à plusieurs, mais j’ai souhaité que les règles soient un peu plus strictes…

Cela permet aussi à chacun de réinventer son propre moyen d’expression artistique…

Absolument. Chaque crise amène aussi ses chances, à nous de trouver les meilleures façons de réfléchir à nos moyens d’expression et réfléchir sur notre travail et, par extension, sur notre société. J’encourage d’ailleurs tout le monde, dans son domaine, à réfléchir comme ça et se demander comment, dans notre domaine, avec nos propres compétences, on peut changer d’approche et proposer quelque chose, en temps de crise, qui soit alternatif ?

Entretien avec Valentin Maniglia

www.maskenada.lu

Facebook : Live aus der Stuff

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