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« Baccalauréat » : un film intense et émouvant entre père, fille et corruption


Adrian Titieni et Maria Dragus.

Prix de la mise en scène à Cannes, Baccalauréat est un beau film, intense, émouvant, du réalisateur roumain Cristian Mungiu.

Petit sourire qui illumine les lèvres, il assure avoir ses habitudes à Cannes. En mai dernier ainsi, le réalisateur roumain Cristian Mungiu, 48  ans, y est venu présenter, en Sélection officielle, son quatrième film  : Baccalauréat – et en est reparti avec le prix de la mise en scène. La Croisette avait déjà récompensé d’une Palme d’or en 2007 pour son deuxième long métrage, 4  mois, 3  semaines, 2  jours , ce cinéaste qui a fait partie du jury du festival en 2013… Et en cette fin d’année, Baccalauréat arrive en salles. Un beau film, plein, intense, émouvant et aussi dénonciateur, mais toujours dans l’élégance.

Commentaire de Mungiu  : « Bien sûr, mon film accorde une place importante à la réalité, mais l’histoire est racontée du seul point de vue du personnage principal. Et rien ne doit distraire le spectateur du flot d’évènements pour qu’il puisse tirer ses propres conclusions. Si le film réussit à le faire réfléchir à ses propres choix de vie, ses mensonges ou ses décisions passées, ce sera un merveilleux bonus. »

Baccalauréat , c’est un film à double lecture –  avec la relation père-fille, et la corruption. Des réalisateurs seulement mus par le souci de l’efficacité auraient monté un film tout axé sur la corruption; Cristian Mungiu, lui, est beaucoup plus fin, esthète… Ainsi, un médecin prénommé Romeo vit dans une petite ville de Transylvanie.

Sa fille Eliza, brillante élève, souhaite poursuivre ses études dans une université anglaise prestigieuse –  auparavant, elle doit juste obtenir son baccalauréat, ce qui semble n’être qu’une formalité. Mais Eliza va être victime d’une agression, et là soudain le baccalauréat paraît hors de portée. Dès lors, la vie de Romeo est bouleversée parce que lui, le médecin qui a inculqué principes et valeurs à sa fille, plonge dans une zone trouble…

Une histoire sur les compromis

« C’est une histoire sur les compromis et les principes, sur les décisions et les choix, sur l’individualisme et la solidarité, mais aussi sur l’éducation, la famille et sur le vieillissement , explique Cristian Mungiu. C’est aussi l’histoire d’un parent qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant, si son enfant devrait être préparé à devenir un survivant dans le monde réel ou s’il devrait se battre pour être toujours honnête et changer le monde autant qu’il le peut. »

« J’ai voulu faire un film sur la relation entre les enfants, les parents et la vérité », dit et répète le réalisateur roumain. Dans son défi, il a été grandement aidé par l’acteur principal, Adrian Titieni, vu dans Le Chêne de Lucian Pintilie (1992) ou encore La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu (2006). Et aussi par Maria Dragus, vue dans Le Ruban blanc de Michael Haneke (2009).

Baccalauréat , c’est aussi, dit encore Cristian Mungiu, un film qui montre un pays, la Roumanie, qui a fait sa révolution voilà plus de 25  ans, mais « où règne toujours une sorte d’anxiété sociale et de dépression qui vient du fait que beaucoup de choses ne sont pas encore résolues. Peut-être que nous avons fait un grand progrès si on regarde la situation d’un point de vue historique. Mais on ne peut pas attendre encore 50  ans pour voir si la direction est bonne ou pas… »

Serge Bressan

Baccalauréat , de Cristian Mungiu (Roumanie /France/Belgique, 2h08) avec Adrian Titieni, Maria Dragus, Lia Bugnar…

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