Accueil | Culture | Au cœur de l’Orchestre national de jazz Luxembourg

Au cœur de l’Orchestre national de jazz Luxembourg


David Laborier : «Dans le jazz, au Luxembourg, on est sur un élan positif, avec une orientation de plus en plus sensible vers le professionnalisme». (Photo : DR/Marie-Luise Kammerer)

L’Orchestre national de jazz Luxembourg (ONJL) est, samedi, du traditionnel Blues’n Jazz Rallye. Le guitariste David Laborier raconte cet ensemble de musiciens professionnels qui, depuis 2005, œuvre pour les jeunes talents du pays.

Samedi, ils seront 18 sur scène à faire parler les cuivres et les cœurs. David Laborier, homme à tout faire de l’ONJL – musicien, compositeur, arrangeur, organisateur – avec Gast Waltzing, rappelle la nécessité d’un tel orchestre au Luxembourg.

On peut toujours le voir, sourire aux lèvres et guitare à la main sur le site d’ARTE, lors de sa performance avec Michel Pilz et Carlo Nardozza au festival de Dudelange Like a Jazz Machine. David Laborier collabore avec l’ONJL depuis 2005. Un ensemble à géométrie variable ouvert aux nouveaux talents issus de la scène grand-ducale et un peu plus loin – «le Luxembourg est petit, il faut donc regarder à droite et à gauche» – à l’instar des dernières pépites que sont le violoniste Jean-Jacques Maillet ou le trompettiste Antoine Colin.

Après deux albums – ONJL feat George Duke & Didier Lockwood en 2005 et Who’s Afraid of the Big Bad Band en 2011, ce dernier étant le fruit de ses propres compositions – le musicien-arrangeur est la base, avec Gast Waltzing, de deux nouvelles sorties, en mai dernier : un disque de morceaux composés, justement, par Jean-Jacques Mailliet, et un autre garni de chansons populaires luxembourgeoises (D’Pierle Vum Da). Mais c’est bien la scène qui fait l’actualité de l’ONJL avec, samedi, le traditionnel Blues’n Jazz Rallye à Luxembourg. L’occasion pour David Laborier de raconter de l’intérieur ce «big band» fait pour «les musiciens de jazz professionnels et jeunes talents prometteurs».

Depuis quand fréquentez-vous l’ONJL ?

David Laborier : Depuis 2005, année de sa fondation pour l’ouverture de la Philharmonie. On y a joué avec un programme spécialement réalisé pour George Duke. Il figure d’ailleurs sur le premier album de l’ONJ, avec Didier Lockwood. C’était un chouette départ, motivant tous les musiciens impliqués!

Quelles valeurs défend l’ONJL ?

Son but principal est de promouvoir la création au Luxembourg, aussi bien à travers les compositions propres que les arrangements. Ainsi, il offre aux jeunes talents du pays une plateforme d’expression. Ils sont également mieux encadrés.

Ce soutien est-il nécessaire ?

Selon moi, oui, ne serait-ce qu’à travers cet environnement composé de musiciens professionnels. Écrire ou jouer dans ces conditions, c’est clairement formateur! Être en contact avec le haut niveau donne des idées : oui, ça vous porte. C’est mieux que rester seul dans son coin…

Acceptez-vous tout le monde ?

Ça dépend des besoins… et des découvertes! Par exemple, le jeune violoniste Jean-Jacques Mailliet, on l’a vite repéré au Conservatoire pour ses qualités techniques et créatives. Dans la foulée, on lui a donné carte blanche. C’est pourquoi on parle ici d’orchestre plutôt que de big band en raison de sa structure à géométrie variable. On n’hésite pas à convoquer des musiciens pour tel ou tel projet. Sinon, bien sûr, on reste à l’affût et à l’écoute pour dénicher de jeunes instrumentalistes de talent, comme le dernier en date, Antoine Colin, un trompettiste lead belge hors pair qui a rejoint l’orchestre l’année dernière. Malgré tout, ça fait un ou deux ans que l’effectif reste assez stable.

Le jazz est-il le style qui définit le mieux le Luxembourg dans sa belle croissance musicale ?

Beaucoup de très bons musiciens au pays sont sortis de leur réserve, même si le jazz est à la mode ces dix dernières années. On a, je crois, un niveau très élevé. Le Conservatoire – notamment à travers la classe créée par Gast Waltzing dans les années 80 – a sa part de réussite dans cette évolution. Presque tous ceux qui ont percé à l’étranger y sont notamment passés. On est sur un élan positif, avec une orientation de plus en plus sensible vers le professionnalisme. Et quand un de nos camarades connaît le succès, ça ne nous dessert pas, bien au contraire!

Quelle est votre activité principale au sein de l’ONJL ?

On gère à deux, avec Gast, tout ce qui est d’ordre logistique et organisationnel. En même temps, on coordonne tous les projets et on écrit aussi. C’est déjà pas mal…

Et jouer avec l’ONJL, est-ce toujours aussi motivant ?

(Il rigole) Mais un big band, c’est quelque chose de fantastique. Une grosse formation comme celle-là a une énergie unique. C’est moins libre, certes, que de jouer en trio, mais ça donne des frissons… et ça fait du bruit. C’est une joie et un plaisir, surtout avec un tel collectif, toujours ouvert et motivé à aller vers de nouveaux horizons.

Vous écrivez aussi pour l’ONJL. Est-ce vrai que n’importe quel membre est autorisé à le faire ?

C’est vrai! Notre démarche est démocratique, que les compostions plaisent ou non, d’ailleurs! L’idée de l’orchestre étant de favoriser les créations, on se doit d’encourager l’écriture et de l’accompagner au mieux. Et si quelqu’un dans le collectif fait un morceau qui cartonne, tout le monde en profite : lui, les autres membres, le Luxembourg… Dans ce sens, en 2012, l’ONJL avait lancé un concours de compositions. À cette occasion, on a également vite remarqué que l’écriture pour big band n’a rien d’une évidence. C’est un monde à part! Il faut maîtriser. On avait reçu des trucs injouables (rire). Autant dire que la sélection se fait naturellement…

Avec l’ONJL, jouez-vous aussi souvent que vous le voulez ?

Ça dépend des années. En 2015, par exemple, on était à Aix-en-Provence (France) ou encore en Finlande avec le Grand-Duc. Disons qu’on doit être environ à une demi-douzaine de concerts par an. C’est moins régulier qu’avec un petit groupe pour deux raisons évidentes : d’abord, il faut réussir à tous se réunir. Ensuite, un big band, ça coûte!

Samedi, vous êtes du Blues’n Jazz Rallye. Ce festival, c’est une véritable tradition, non ?

C’est le rendez-vous annuel qu’aucun musicien ne rate, depuis des années et des années. Il marque la fin de l’année scolaire, et on se retrouve entre amis. Bref, on boit des bières et on joue du jazz (rire).

Qu’allez-vous y présenter ?

Un programme mixte, avec un big band traditionnel. On va jouer des classiques du répertoire, mêlés à nos compositions réalisées ces dix dernières années. On va être 18 sur scène. Ça va envoyer!

Entretien avec notre journaliste Grégory Cimatti

L’Orchestre national de jazz, avec Gast Waltzing à sa direction, jouera samedi (19 h 30) sur le parvis de Neimënster dans le cadre du Blues’n Jazz Rallye.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.