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Neuf ans de prison pour avoir tué huit nourrissons


Dominique Cottrez avait avoué lundi avoir menti sur une relation incestueuse avec son père, inventée semble-t-il de toute pièce pour tenter d'expliquer ses actes. (photo AFP)

Dominique Cottrez, accusée d’avoir tué huit nourrissons juste après leur naissance, a été condamnée jeudi à neuf ans de prison par la cour d’assises du Nord, à Douai.

Cette peine est inférieure de moitié aux réquisitions du ministère public qui avait requis 18 ans de réclusion, demandant aux jurés de comprendre, mais pas d’excuser. A l’énoncé du verdict, Dominique Cottrez, visiblement soulagée, a été longuement enlacée par son mari et ses deux filles.

Les neuf jurés, après cinq heures de délibéré, n’ont pas retenu la préméditation pour le premier infanticide, mais ont souligné un « dessein arrêté » pour les suivants. Ils ont également reconnu l’existence d’une altération du discernement de cette ancienne aide-soignante de 51 ans.

Jeudi matin, les avocats de la défense avaient mis en avant la « détresse » d’une femme dominée par des troubles névrotiques. « Si cette femme prenait du plaisir, on n’aurait pas retrouvé les corps. Elle les conserve dans ce mécanisme du psychisme qui est complètement prisonnier. Elle se lève la nuit en hiver pour aller couvrir les corps d’une couverture », avait tonné Me Frank Berton. « Mais tout va bien! » avait-il conclu ironiquement.

« Jugez-la selon sa pathologie, selon ce qu’elle est! » avait plaidé Me Marie-Hélène Carlier, rappelant que dans d’autres pays comme en Finlande, en Suisse ou au Royaume-Uni, les peines pour les femmes commettant des néo-naticides après un déni de grossesse se réduisaient parfois à de la prison avec sursis.

Son obésité aura dicté le destin de Dominique Cottrez, soumise au regard des autres, celui de la sage-femme de son premier accouchement, principalement, qui lui reproche son surpoids. « Ce qui devait être le plus beau jour de sa vie va se transformer en catastrophe monumentale. Ça l’a détruite », a rappelé Me Carlier.

« Je comprendrais d’être condamné. On n’a jamais plaidé l’innocence, on a plaidé une détresse. Vous croyez qu’elle présente un danger, quand on vous demande de la juger pour ce qui s’est passé il y a un quart de siècle? » s’est interrogé Me Berton, qui a souligné que Dominique Cottrez n’avait que 26 ans lors du premier infanticide. Sur l’enchaînement, « les experts sont venus nous dire qu’il n’y a rien de diabolique, c’est mécanique. Vous devez l’entendre », a appuyé l’avocat.

Dans un procès qui aura duré six jours au total, la présidente Anne Segond, les avocats généraux, les avocats de la défense, ont tenté de percer le mystère Cottrez, les motivations derrière le plus important cas d’infanticide en France.

Une parole libérée

Jusqu’au rebondissement spectaculaire lundi, qui a abasourdi jusqu’à son avocat Me Berton: Dominique Cottrez avoue avoir menti sur une relation incestueuse avec son père, inventée semble-t-il de toute pièce pour tenter d’expliquer ses actes. « L’explication d’inceste nous rassurait, mais nous endormait aussi », a reconnu Éric Vaillant lors des réquisitions.

Il n’a pas requis la peine maximale suggérée par la loi, la réclusion criminelle à perpétuité. Il a demandé aux jurés de tenir compte de certaines circonstances: la personnalité de l’accusée, son « hyper-fragilité » et son « hyper-névrose », ses conditions de vie, ses troubles psychiques. Qui n’excusent pas tout.

« Détermination, organisation et sang-froid », voilà des qualités dont a fait preuve Dominique Cottrez pour les meurtres, pour lesquels la préméditation a été retenue par les avocats généraux, sauf dans le premier cas, selon Annelise Cau, deuxième voix du réquisitoire.

L’aveu du « mensonge » a permis d’une certaine façon à la parole de Dominique Cottrez de se libérer, a noté la magistrate. Elle est parvenue à raconter les premiers infanticides, même si un certain flou continue d’entourer ses souvenirs des derniers meurtres.

Des questions restent en suspens, en particulier de savoir qui a bien pu enterrer les deux premiers corps dans le jardin de la maison des parents de l’accusée. Leur découverte, le 24 juillet 2010 par le nouveau propriétaire de l’habitation à Villers-au-Tertre, avait lancé l’affaire. Les six autres cadavres avaient été retrouvés dans le garage de Dominique Cottrez.

Le Quotidien / AFP

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