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Les créanciers de la Grèce ont renvoyé la balle dans son camp


La relance par l'Eurogroupe du plan de redressement "ouvre la voie pour le retour sur les marchés", "pour la sortie définitive de la crise", s'est félicité vendredi soir le Premier ministre grec. (photo AFP)

Le gouvernement grec affichait vendredi sa satisfaction après l’accord conclu avec les créanciers, mais pour les analystes le compromis trouvé renvoie la balle aux Grecs, qui devront faire de nouveaux efforts pour sortir de la crise.

La relance par l’Eurogroupe du plan de redressement « ouvre la voie pour le retour sur les marchés », « pour la sortie définitive de la crise », s’est félicité vendredi soir le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, lors d’un bref message télévisé.

Les créanciers, UE et FMI, ont envoyé aux marchés « un clair signal de confiance(…) nous pouvons désormais rester sur nos pieds et nous allons y arriver », a-t-il assuré.

Cette lecture était toutefois nuancée par les analystes, alors que M. Tsipras a bataillé pendant des mois pour arracher la garantie d’un allègement de la dette grecque, consentant pour ce faire à un énième durcissement, jusqu’en 2022, de la purge budgétaire infligée au pays depuis 2010.

Au vu du désaccord entre le FMI et Berlin sur cette question, le sauvetage financier grec s’était enlisé depuis des mois, une impasse dont l’Eurogroupe s’est extrait à Luxembourg en convenant notamment de débloquer une tranche des prêts de 8,5 milliards d’euros au pays surendetté.

Mais Athènes n’a décroché que quelques « précisions » sur le dossier de la dette (180% du PIB), dont le règlement n’est pas prévu avant août 2018. A quelques mois des législatives allemandes, Berlin excluait l’engagement supplémentaire réclamé par le FMI.

Partie nulle mais « gérable »

Le risque d’un Grexit « a encore été réduit » mais M. Tsipras « n’a rien gagné », « la balle est revenue dans le camp grec », à charge pour le pays de s’extraire du marasme, estime pour l’AFP le directeur du think tank Iove du patronat grec, Nikos Vettas.

Il juge toutefois la situation « politiquement gérable » pour M. Tsipras du fait de « l’immense lassitude » des Grecs et de l’absence d’alternative politique discernable.

A la question revenant en boucle sur les médias grecs vendredi du « verre à moitié plein ou à moitié vide », Panayotis Petrakis, professeur d’économie à l’Université d’Athènes apporte aussi une réponse balancée.

« L’accord est positif et permet d’aller de l’avenir », affirme-t-il. Avant d’ironiser sur « l’avenir miraculeux » se dessinant selon lui pour la Grèce après la décision de l’Eurogroupe, qui fixe des objectifs budgétaires élevés au pays jusqu’en … 2060.

« Il y aura beaucoup de choses à faire » pour tenir ces engagements » et « beaucoup de questions ont été laissées en suspens », sur la dette, ajoute-t-il.

Au titre des avancées, M. Petrakis cite l’adoption par la zone euro du plan français liant un éventuel allègement sur la dette aux performances de croissance, ainsi que le déblocage d’une tranche de prêts plus importante que prévu.

De quoi, selon lui, permettre de réinjecter des liquidités dans l’économie, une fois remboursés les quelques 7 milliards de créances dues en juillet, et compenser le renvoi à plus tard des perspectives d’inclusion de la Grèce dans le programme d’assouplissement qualitatif (QE) de la Banque centrale européenne.

« Pas définitif »

Le président français, Emmanuel Macron, a salué « le bon accord » de l’Eurogroupe, qui évite à Athènes une nouvelle crise, tout en soulignant que cet accord n’était « pas définitif ».

« Il nous faudra de toutes façons dans les prochains mois, revenir sur le sujet de la Grèce. Et immanquablement les solutions que la France a pu proposer pour aller au-delà reviendront », a-t-il dit.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a de fait éloigné cette perspective en réitérant à l’issue de l’Eurogroupe qu’en l’état, la dette grecque n’était pas viable.

Pour M. Vettas toutefois, la porte a été entrouverte pour une telle percée, dont M. Tsipras a longtemps fait une priorité pour amadouer marchés et investisseurs, « après l’été ».

La BCE a de fait salué une « première étape en vue d’assurer la soutenabilité de la dette ». Mais le flou de la dette du pays ne lui permet pas d’intégrer le programme de rachat de dettes (QE) de la BCE, a indiqué vendredi une source financière.

« Nous avons besoin de plus de clarté sur la dette avant d’inclure la Grèce dans le programme de rachat d’actifs », a indiqué cette source.

Le Quotidien / AFP

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